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Entre Bologne et Diamanti, les regrets sont éternels

Par Adrien Candau
Entre Bologne et Diamanti, les regrets sont éternels

Pendant deux saisons et demie, de 2011 à 2014, Alessandro Diamanti et Bologne se sont passionnément aimés. Puis, le meneur de jeu est parti soudainement à l'autre bout du monde, goûter aux salaires copieux du championnat chinois. Ni lui ni Bologne ne s'en sont tout à fait remis depuis.

Trois mars 2013. Bologne reçoit Cagliari pour le compte de la 27e journée de Serie A. Un match banal, entre deux équipes installées dans le ventre mou du classement. Puis Alessandro Diamanti surgit de nulle part, pour placer une frappe enroulée qui trouve magistralement la lucarne adverse. Et le peuple rossoblù peut rugir de plaisir en gueulant « Alino, Alino !  » , le surnom de Diamanti, qui résonne dans les tribunes du Stadio Renato Dall’Ara de Bologne depuis deux saisons, au rythme des coups de patte géniaux de leur meneur de jeu. Les tifosi de Bologne en sont alors convaincus : Diamanti, joueur fondamental et capitaine de leur formation, est en passe de devenir leur nouvelle bandiera, le joueur symbole du club dans les années à venir. Une certitude qui a pourtant volé en éclats à peine quelques mois plus tard, lors d’un après-midi maussade de janvier 2014. Diamanti et ses coéquipiers foulent alors la pelouse du terrain du centre d’entraînement Casteldebole. Les supporters venus les observer sont étonnamment silencieux, se contentant de brandir une bannière, porteuse d’un seul message : «  Alino est intouchable. » Seulement, c’est inéluctable, Diamanti va partir. Loin, très loin de Bologne, du côté du Guangzhou Evergrande. Un départ que le joueur comme le club bolonais n’ont jamais tout à fait digéré. Ne laissant que des regrets, de part et d’autre.

Crise sauce bolognaise

À Bologne, le transfert d’Alessandro Diamanti achève en effet de plonger le club dans une crise sportive et institutionnelle. Depuis plusieurs saisons, la formation d’Émilie-Romagne évolue dans un chaos budgétaire permanent. Asphyxiés financièrement, les Rossoblù sont sanctionnés d’un retrait de points lors de la saison 2011-2012 en raison du non-paiement des salaires des joueurs de l’effectif et accusent un déficit de quatre millions d’euros la saison suivante.

La vente de Diamanti est alors vécue par les tifosi comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Mille cinq cents supporters se rendent ainsi au premier entraînement de Bologne organisé sans Diamanti début février, pour protester contre le transfert d’Alino. Puis des milliers d’ultras se mobilisent le 23 mars pour une procession dans la ville, qui s’achève devant le domicile du président Albano Guaraldi, où les tifosi dénoncent « les mensonges » du propriétaire du club. Avant d’exprimer leur colère dans l’enceinte même du stade une semaine plus tard : des centaines de spectateurs quittent alors leurs places pour se rapprocher des tribunes présidentielles, insultant et menaçant Guaraldi, qui n’a alors d’autre choix que de quitter l’enceinte sous bonne escorte. Un environnement extrasportif suffocant, qui aboutit à une dix-neuvième place en Serie A à l’issue de la saison 2013-2014, synonyme de relégation en deuxième division. Le club ne remontera la pente qu’après son rachat par un entrepreneur canadien, Joey Saputo, dont les investissements lui permettent de retrouver l’élite la saison suivante.

Diamant usé

Parallèlement aux mésaventures de son ancien club, Diamanti voit sa propre carrière décliner après son départ de Bologne. Le joueur ne reste que onze mois en Chine, avant de demander à être prêté en Europe, où il évolue successivement à la Fiorentina, Watford et à l’Atalanta. Pour un bilan statistique famélique de trois passes décisives et trois buts, loin des performances qui étaient auparavant les siennes. Il faut dire que si Diamanti jouissait avec les Rossoblù d’un statut de joueur clé au sein d’un dispositif en 4-2-3-1 construit spécifiquement pour le mettre en valeur, il n’est plus qu’un footballeur parmi d’autres, sans traitement préférentiel, au sein des clubs dans lesquels il évolue ensuite. Alessandro, pas fou, s’en insurge, notamment lors de son passage à Watford, où il est considéré comme un obscur joueur de complément : «   Le coach ne me voyait simplement pas… On ne m’a jamais donné une chance de jouer. C’était humiliant et irrespectueux pour moi. » Du coup, Diamanti devient nostalgique et multiplie les appels du pied à destination de son ancienne formation. « J’aurais adoré retourner à Bologne, mais ça n’a pas été possible » , confiait-il ainsi à la Gazzetta dello Sport en décembre 2015. Avant de déclarer à Sky Sports en juillet 2016 « qu’il lui plairait de revêtir à nouveau le maillot rossoblù. »

Son départ de Bologne, qui remonte pourtant à plus de deux ans, n’a toujours pas fini de déchaîner les passions et d’alimenter les polémiques. Dernièrement, c’est ce bon vieux Guaraldi qui est ressorti du bois pour accuser le joueur d’avoir tout fait pour quitter le club : « Diamanti a négocié un contrat de plusieurs millions de dollars après avoir fait pression sur le club pendant des semaines… J’en suis presque venu aux mains avec le joueur quand il a découvert qu’on avait refusé une première offre, dont les garanties financières nous semblaient insuffisantes… » Une version démentie par le joueur. Qui restait encore convaincu fin juillet que « son histoire avec Bologne n’était pas terminée » . Un vœu pieux. Si Diamanti a quitté définitivement la Chine cet été pour retrouver l’Italie, ce n’est pas pour rejoindre les Rossoblù, mais pour s’engager deux ans avec Palerme. Où il galère, empêtré avec les siens dans les bas-fonds de la Serie A. À trente-trois ans passés, les regrets qu’entretient l’ex-diamant de Bologne envers son ancien club pourraient décidément bien être éternels.

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