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Ezequiel Lavezzi, plus dure est la chute

Par Thomas Broggini, à Buenos Aires

Hospitalisé pour la seconde fois en moins de trois semaines dans des circonstances mystérieuses, l’ancien milieu offensif du PSG suscite de la préoccupation sur les bords du Río de la Plata.

Ezequiel Lavezzi, plus dure est la chute

Ces derniers jours, des caméras ont fait leur apparition devant les portes vitrées de la clinique Dharma, brisant le calme qui règne habituellement sur l’avenue Chiclana, à quelques rues du reposant Parque de los Patricios. Une agitation anormale mais pas inédite : situé dans le quartier de Boedo, à Buenos Aires, l’établissement psychiatrique a déjà vu des journalistes s’installer au pied de sa façade ocre, derrière laquelle plusieurs célébrités nationales comme le rockeur Charly García ou l’actrice Noemí Alan ont séjourné par le passé. C’est ici, dans ce centre privé dédié à la santé mentale de ses patients, que l’ex-international argentin Ezequiel Lavezzi (38 ans, 51 sélections, 9 buts) a été pris en charge le 6 janvier dans des circonstances floues, moins de trois semaines après avoir été admis dans un hôpital de Punta del Este, au sud-est de l’Uruguay. Mystère et inquiétude entourent aujourd’hui l’état de santé de l’ancien milieu offensif du PSG, retraité depuis fin 2019.

Choc des versions 

Ce climat a poussé son fils Tomás à publier un message sur Instagram, samedi soir, pour éteindre les rumeurs. « Mon papa va bien et suit un traitement, arrêtez d’inventer des choses qui ne sont pas vraies », s’est-il agacé, démentant fermement la version relayée par divers médias selon laquelle son père aurait été admis en thérapie intensive à la suite d’une overdose. La veille du réveillon de Noël, c’est son frère Diego qui s’était emporté sur les réseaux sociaux, dénonçant des « stupidités » et demandant « du respect pour (sa) famille », selon qui la star sud-américaine avait simplement été victime d’un accident domestique.

Une réponse indirecte aux informations du quotidien uruguayen El Observador : le 20 décembre, ce dernier indiquait, citant des sources policières contredites dans le même article par le ministère de l’Intérieur, que Lavezzi avait été poignardé lors d’une embrouille familiale consécutive à un désaccord financier, en pleine soirée festive, puis transporté en urgence dans un hôpital de Punta del Este. Très vite, cette version avait pourtant été démentie par María Del Carmen Lorente, la directrice de l’établissement uruguayen, qui avait répété, auprès de la chaîne de télévision ESPN puis de la radio La Red AM 910, que l’ancien footballeur souffrait en fait d’une « fracture de la clavicule » et de « blessures superficielles à l’abdomen » causées par « une chute lors d’un événement social ». Ressorti après quelques heures d’observation, Lavezzi s’était alors mis en scène l’air hilare sur les réseaux sociaux, avant de réapparaître, visiblement toujours en pleine forme aux côtés de son ex-compagne, sur une photo publiée par son fiston.

Soutenu par San Lorenzo et Naples

La nouvelle de son hospitalisation dans une clinique psychiatrique de Buenos Aires, où la presse locale affirme qu’il aurait été transporté le week-end dernier dans un véhicule de police en raison de son « état agressif », a provoqué de nombreuses réactions émues en Argentine. L’ancien chouchou du Parc des Princes jouit toujours d’une grande cote de popularité dans son pays, plus de quatre ans après l’arrêt de sa carrière. « Les gens l’aiment autant pour son talent que pour sa personnalité extravertie et son sens de l’humour, mesure Diego Morini, journaliste assurant le suivi de l’Albiceleste pour le journal La NaciónSon goût de la fête est connu, mais ce qui lui arrive génère tout de même de la surprise et de la tristesse. » Si le PSG est jusque-là resté muet, ses anciens clubs de San Lorenzo et Naples lui ont publiquement manifesté leur soutien sur X (ex-Twitter). « Il faut l’aider, ne pas le laisser seul », a par ailleurs imploré Javier Zanetti, pote des années en sélection, au micro d’El Trece.

Sur le terrain, il répandait de la joie, apportait un plus, et c’est parce qu’il vivait le football différemment qu’on s’identifiait tant à lui.

Rodrigo Gonzalez Cejas, supporter argentin

Un sentiment partagé par Rodrigo Gonzalez Cejas, un supporter emblématique des champions du monde. « On espère tous qu’il va se remettre au plus vite grâce à l’aide de Dieu, sa famille et tous les gens qui l’aiment, réagit ce fan présent à tous les matchs des bourreaux des Bleus au Qatar. Il a laissé une trace impossible à effacer ici, que ce soit à San Lorenzo (où il s’est révélé au plus haut niveau) ou en équipe nationale. En plus d’avoir été un grand joueur, il a toujours eu un charisme spécial, une énergie contagieuse et une personnalité positive. Sur le terrain, il répandait de la joie, apportait un plus, et c’est parce qu’il vivait le football différemment qu’on s’identifiait tant à lui. » Contacté, l’un de ses anciens coéquipiers a préféré ne pas témoigner, conscient du « moment délicat traversé par Ezequiel et sa famille ».

Un trouble psychiatrique dangereux pour lui-même

Joint par téléphone ce mardi, Mauricio D’Alessandro, l’un des avocats de Lavezzi, a lui accepté de donner des précisions sur l’état de santé de son célèbre client, seulement autorisé à recevoir la visite d’une poignée de membres de sa famille, « évidemment très préoccupés », depuis son admission à la clinique Dharma. « Il va très bien, l’évolution est très favorable, rassure-t-il. Il va rester 21 jours en soins et aura ensuite la possibilité de partir ou rester selon son état. Les médecins essayent de le stabiliser, avant de voir s’il a besoin d’un traitement plus long. Il n’a pas été reçu en thérapie intensive comme ça a pu être dit. »

En pleine nuit, il a entendu du bruit et a cru qu’il y avait des gens dans la maison, c’est comme ça que l’incident s’est produit.

Mauricio D’Alessandro, avocat de Lavezzi

Concernant les événements survenus à Punta del Este fin décembre, le conseil révèle que l’ancien Parisien « a souffert d’hypomanie, un trouble chronique affectant l’humeur ». Il affirme également que Lavezzi, qui « avait déjà subi les conséquences de cette pathologie par le passé, n’est pas pris en charge pour consommation de drogue ou d’alcool, mais pour soigner un trouble psychiatrique pouvant pousser quelqu’un à se faire du mal à lui-même et être déclenché par divers facteurs : la drogue ou l’alcool, effectivement, mais pas seulement ». L’avocat poursuit son récit : « En pleine nuit, il a entendu du bruit et a cru qu’il y avait des gens dans la maison, c’est comme ça que l’incident s’est produit. À sa sortie de l’hôpital, il a tenté de surmonter la crise seul. En général, ça peut prendre entre quinze jours et un mois. Mais il n’y est pas parvenu, c’est pour ça qu’il est allé dans cet établissement. Ce n’est pas une pathologie qui se soigne en disant juste : ne sors pas danser. Elle nécessite un traitement médical. »

Sextape, séparation et escroquerie 

Après quatre saisons au PSG, Lavezzi avait rejoint en 2016 le Hebei China Fortuna, où il avait touché un salaire astronomique avant de prendre sa retraite à 34 ans pour « profiter de (son) fils et de (sa) famille ». Ces dernières années, il était apparu plusieurs fois dans les rubriques extrasportives des médias argentins, entre une affaire de chantage à la sextape, une séparation conjugale houleuse et la révélation récente de l’escroquerie dont il aurait été victime (son ancien agent lui aurait soutiré 27,21 millions d’euros, selon les informations du Corriere della Sera). Alors qu’il « gère désormais plusieurs business », dixit Mauricio D’Alessandro, Pocho avait gardé un lien avec son ancienne vie, assistant régulièrement aux rencontres de son rejeton, joueur au sein du club d’Unión, basé à Santa Fe. Pourtant pas réputé pour son goût de l’exercice, il avait mené à la surprise générale une série d’interviews pour la CONMEBOL, interrogeant plusieurs stars en amont de la dernière Coupe du monde (Messi, Federico Valverde, Neymar…). Le 5 décembre dernier, il s’était aussi illustré lors d’un match des légendes organisé à Miami, en compagnie de Ronaldinho, Gonzalo Higuaín ou Sergio Agüero, quelques mois après avoir inauguré un stade de Villa General Gálvez rebaptisé en son nom puis rechaussé les crampons pour le jubilé de Maxi Rodríguez à Rosario. Début 2023, il écrivait ces mots réconfortants au jeune prodige argentin Claudio Echeverri (prochaine recrue de Manchester City), qui avait admis ressentir « beaucoup de pression » de la part des fans : « Le ballon te fait te sentir réel, heureux, et te donne la possibilité de partager des moments avec des gens qui pensent et profitent comme toi. Amuse-toi sur le terrain et sois toi-même. Le reste viendra. »

Par Thomas Broggini, à Buenos Aires

Tous propos recueillis par TB, sauf mentions.

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