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En 2020, tous experts du championnat biélorusse ?

Par Andrea Chazy
En 2020, tous experts du championnat biélorusse ?

Ce week-end avait lieu la deuxième journée de la Vysshaya Liga, le championnat biélorusse. Une information qui n'aurait pas intéressé grand monde en temps normal. Mais en cette période de Covid-19 où le foot se fait rare, l'opportunité de pouvoir regarder un ballon rouler, en direct, maintient éveillé de nombreux confinés. Pour le plus grand bonheur d'un championnat (et peut-être au détriment de la santé du pays) qui n'aurait jamais pensé se retrouver au centre des attentions à l'échelle européenne.

Dans quelques jours, il sera déjà trop tard. Trop tard pour raconter le parcours de Jérémy Mawatu, ce Français passé par le centre de formation de l’AJ Auxerre et surnommé « Jérémy Zidane » , qui évolue au sein de l’Energetik-BGU Minsk. Trop tard, aussi, pour évoquer le début de saison cataclysmique du BATE Borisov, quinze fois champion en bientôt vingt-quatre ans d’existence, qui compte deux défaites en autant de journées depuis la reprise du championnat. Trop tard, donc, pour épater la galerie en évoquant une compétition que personne ou presque ne suivait assidûment il y a encore deux semaines de cela. Vous l’avez compris : dans les jours à venir, tout le monde va devenir un expert de la première division biélorusse appelée Vysshaya Liga. Et cela n’a rien d’étonnant.

C’est là que ça se passe !

Contrairement à tous les autres pays d’Europe, la Biélorussie n’a pas mis le holà sur ses compétitions ou même sur les sorties quotidiennes en général. À Minsk, on peut toujours aller faire ses courses normalement, aller au restaurant, ou se balader dans la rue sans attestation de sortie. Même si, depuis quelques jours selon Tatiana Kalinovskaïa qui travaille pour l’AFP dans la capitale, « les plus de 65 ans sont invités à rester chez eux et les élèves autorisés à ne pas venir en classe » . Il faut dire que pour Alexandre Loukachenko, le président biélorusse, l’épidémie de Covid-19 relève de la « psychose » . L’homme fort biélorusse, en place depuis 1994 à la tête du pouvoir, n’a pas vraiment envie d’imiter ses voisins et incite ses concitoyens à continuer de vivre (et de produire) comme si de rien n’était. Une prise de position unique sur le Vieux Continent qui ne plaît pas à tout le monde.

À commencer par Alexander Hleb, ancien du FC Barcelone et légende du football biélorusse, qui préférait manier l’ironie à ce propos dans les colonnes du Sun : « Le monde entier regarde maintenant la ligue biélorusse. Tout le monde devrait allumer la télévision et nous regarder. Lorsque la NHL a suspendu la saison, beaucoup de joueurs de hockey sur glace sont venus jouer en Russie. Peut-être que Lionel Messi et Cristiano Ronaldo pourraient venir dans le championnat biélorusse pour continuer à jouer. C’est le seul endroit en Europe où vous pouvez jouer au football. Au moins, le peuple biélorusse sera heureux. » Bingo. D’après Reuters, les droits télévisés du championnat ont déjà été achetés par de nombreux pays comme la Russie, l’Ukraine, la Bosnie, Israël ou même l’Inde. Une médiatisation « sans précédent » selon un porte-parole de la Fédération, confirmée par Alexander Strok, dirigeant du Dinamo Minsk, qui espère « que cela permettra d’augmenter le niveau global » d’un championnat confidentiel pour la grande majorité des fans de football.

Un coup de pouce pour l’après-confinement ?

Car si l’exception biélorusse séduit aujourd’hui, ce n’est pas vraiment pour ses stades à peine remplis ou son niveau de jeu loin d’être séduisant. Ce week-end, les romantiques avides de football n’auront, néanmoins, pas pu passer à côté de l’accordéon chantant de Valery Kolontay lors d’Isloch-Smaliavitchy. Rencontre qui s’est d’ailleurs disputée sur la pelouse du… Dinamo Minsk. Ou de la panenka totalement manquée par Yuri Kendysh malgré la victoire de son équipe (Shakhtyor Soligorsk) sur la pelouse de la lanterne rouge Gorodeya (0-2).

Dans le monde, seul le championnat du Nicaragua peut encore jouer des coudes avec la Vysshaya Liga, qui se positionne donc comme une évidence pour les parieurs en manque de frissons, et comme une alternative aux nombreuses rediffusions de classiques pour les autres. Elle demeure aujourd’hui l’unique solution pour pouvoir conserver un bout de notre quotidien provisoirement dépourvu d’un ballon rond pourtant devenu omniprésent. Passer d’au moins une rencontre télévisée de football par jour à un quasi-néant permanent, ce n’est pas facile à gérer. Et c’est bien là l’un des seuls points positifs du confinement : celui de mettre en lumière un championnat qui n’avait rien demandé, mais qui pourrait bien obtenir un véritable coup de pouce insoupçonné pour le futur. À moins que tout ça ne soit qu’un placebo à l’effet limité dans le temps.

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