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Les coups de pied arrêtés, nouvelle dépendance des Bleues
En 2024, les Tricolores n’ont toujours pas inscrit le moindre but hors coups de pied arrêtés. Une dépendance offensive à ces situations qui ont permis aux protégées d’Hervé Renard de se qualifier pour l’Euro 2025 et d’être pour le moment premières de leur groupe, dans une poule considérée comme celle de la mort avec l’Angleterre, la Suède et l’Irlande.
Attention, contrairement aux garçons à l’Euro, il n’est pas question ici de CSC ou d’une simple histoire de penaltys. Cependant, à l’orée du dernier match de qualification à l’Euro 2025 face à l’Irlande, une réalité demeure pour les Bleues, déjà qualifiées après être venues à bout de la Suède (2-1) : la dépendance des joueuses d’Hervé Renard aux buts sur coups de pied arrêtés. Si le débat existe pour déterminer si le but somptueux inscrit par Sakina Karchaoui face aux Blågult à Dijon est la continuité directe du corner précédent ou une nouvelle action de jeu à part entière, le constat reste sans appel. Depuis janvier les protégées d’Hervé Renard ont inscrit neuf buts sur coups de pied arrêtés : cinq sur corner, deux sur coup franc et deux sur penalty. Pire : si l’on remonte à l’année 2023, treize buts sur les seize derniers marqués par les Françaises l’ont été sur CPA. Excepté celui de Karchaoui, le dernier but dans le jeu des Tricolores remonte au 5 décembre 2023, face au Portugal (0-1), où Grace Geyoro était venue délivrer les siennes en reprenant à bout portant un centre de Kadidiatou Diani. Une efficacité maximale sur ces phases de jeu qui ne doit rien au hasard, mais à un vrai travail de fond.
Buts inscrits à la suite d'un coup de pied arrêté par l'@equipedefranceF par sélectionneur depuis 2007
Olivier Echouafni – 57% (13/23) Hervé Renard – 43% (16/37) Corinne Diacre – 30% (70/231) Philippe Bergeroo – 25% (36/142) Bruno Bini – 21% (56/266)
Dépendance ? #ANGFRA pic.twitter.com/aamxpAIZ9t
— Daniel Marques (@Daniel_MRQ) May 31, 2024
Il était une Fouache
Le maître d’œuvre s’appelle Gilles Fouache, entraîneur des gardiennes et responsable des phases arrêtées. « Sur les coups de pied arrêtés, il y a la frappe, bien sûr, ce qui est certainement le plus important, mais il y a aussi les mouvements. C’est un tout, un travail qui est mené par Gilles Fouache, le responsable des coups de pied arrêtés, félicitations à lui, déclarait Hervé Renard dans les colonnes de L’Équipe avant la rencontre face au Portugal. C’est une œuvre collective, on délègue, tout le monde apporte sa pierre à l’édifice. » Des louanges également chantées par Eric Blahic, entraîneur adjoint des Bleues : « On les travaille. Gilles Fouache, l’entraîneur des gardiennes, s’en occupe de façon remarquable. C’est aussi une force de savoir que, sur les coups de pied arrêtés, on peut faire la différence. » Fouache est un taulier de l’équipe de France. Déjà présent dans le staff de Corinne Diacre qu’il avait rejoint en 2018, mais avec qui il avait connu de profonds désaccords à la fin de son aventure, il a été le seul à être reconduit dans le board tricolore à l’arrivée d’Hervé Renard.
Les coups de pied arrêtés sont depuis longtemps une force des Françaises, déjà lors de la Coupe du monde 2019, puis lors de la dernière Coupe du monde à l’été 2023, mais jamais les Bleues n’avaient été aussi efficaces dans les deux surfaces sur ces phases de jeu. Avant l’égalisation suédoise vendredi, les Bleues n’avaient plus encaissé de but sur corner depuis près de deux ans, une performance due au travail effectué lors des entraînements selon Grace Geyoro : « On sait que c’est une de nos forces, qu’on a de la taille, on l’a travaillé à l’entraînement, ça a payé. » Un constat également partagé par Maëlle Lakrar : « Avec Gilles, on bosse énormément sur ça, offensivement mais aussi sur les phases défensives. »
Wendie Renard a fait des petites
La chance de Fouache reste la multiplicité des joueuses capables de performer sur ces phases de jeu, qu’il s’agisse des tireuses ou bien des buteuses. La majorité des passes décisives sont l’œuvre de Selma Bacha qui, lors de la phase de groupes de Ligue des nations, en a délivré pas moins de quatre. Un exercice dans lequel la Lyonnaise est à l’aise comme elle l’expliquait : « Il n’y a pas de secret, on sait ce qu’on doit faire sur coups de pied arrêtés. Je sais exactement où je dois la mettre et quand, après, c’est aux filles d’être là aussi au second ballon. Kadi l’a bien fait contre l’Allemagne (en demi-finales de la Ligue des nations), on savait que c’était un peu leur faiblesse. » Pour autant, d’autres joueuses sont capables de délivrer des caviars, à l’image de Kenza Dali face à la Suède qui a été à l’origine des deux buts tricolores, comme l’a souligné Sakina Karchaoui à l’issue de la rencontre : « Les coups de pied arrêtés, on sait que c’est un atout pour le groupe, donc on les travaille aussi et on continue de les travailler pour qu’on soit décisives dans tous les aspects du jeu. »
Si, en 2019, la taille de Wendie Renard était un atout majeur, cinq ans plus tard, les défenses adverses ont pris la mesure de cet avantage naturel de la capitaine des Bleues, poussant d’autres joueuses à se révéler décisives dans la surface adverse, à l’instar de la néo-Madrilène Lakrar, révélation de la dernière Coupe du monde. Cette efficacité maximale ne doit pas faire oublier que les Bleues sont en difficulté sur les phases offensives avec la création de multiples occasions, mais dont la finition laisse souvent à désirer. La France depuis l’arrivée d’Hervé Renard est l’une des équipes qui trouve le moins souvent le chemin des filets avec une moyenne d’1,89 but par match contre une moyenne de 3,21 buts lorsque Corinne Diacre était à la tête de la sélection. Une situation qui pourrait bien finir par être préjudiciable pour les compétitions à venir.
Par Léna Bernard
Propos de Selma Bacha après France-Allemagne et de Grace Geyoro après France-Irlande recueillis par AEC, au Groupama Stadium et au stade Saint-Symphorien.
Propos de Sakina Karchaoui après France-Suède reccueillis par LB, au stade Gaston-Gérard.