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Le jour où tout peut basculer pour le foot français

Par Quentin Ballue

L’assemblée générale de la LFP se réunit ce mardi pour élire son nouveau président. En poste depuis 2020, Vincent Labrune brigue un deuxième mandat, mais l’outsider Cyril Linette s’accroche à l’espoir d’accéder au trône pour pouvoir mettre un bon coup de pied dans la fourmilière.

Le jour où tout peut basculer pour le foot français

L’élection aurait très bien ne pas en être une. Les histoires occultes de parrainages ont eu raison de bien des prétendants au poste de président de la Ligue de football professionnel. Un candidat, Cyril Linette, a malgré tout réussi à franchir les barrières dressées devant lui pour éviter une parodie de démocratie. Depuis trois semaines, le challenger se démène pour porter son projet face au président sortant, Vincent Labrune. Ce dernier a un bilan à défendre, une position que l’on sait délicate quelle que soit l’élection, mais il s’avance malgré tout en favori à sa propre succession, fort de ses soutiens (sincères ou de circonstance) dans les bureaux présidentiels des clubs de Ligue 1.

Une partie de cash-cash

Soucieux de valoriser le football français, Vincent Labrune peut se targuer d’avoir conclu un partenariat lucratif avec McDonald’s, nouveau sponsor titre de la Ligue 1. La firme américaine a accepté de débourser 30 millions d’euros par saison sur trois ans, du jamais-vu dans l’Hexagone. « Au travers de son réseau national de 1 560 restaurants, McDonald’s va permettre à la Ligue 1 de se rapprocher encore plus de ses fans sur l’ensemble du territoire. De plus, grâce à la dimension internationale de son sponsor titre, la Ligue 1 bénéficiera de relais de croissance additionnels hors de ses frontières », se réjouissait le communiqué de la LFP en mars. Du cash, Vincent Labrune en a encore ramené grâce au contrat de 155 millions d’euros sur cinq ans signé avec Infront pour la commercialisation des droits de paris en direct à l’étranger de la Ligue 1, de la Ligue 2 et du Trophée des champions. Un deal quasiment trois fois supérieur au précédent.

La LFP a aussi racheté le site Mon Petit Gazon en 2022, conformément à la volonté du président de miser sur un jeu fantasy pour « accompagner la digitalisation des audiences des compétitions ». Le pilier du mandat de Labrune reste néanmoins la création de la filiale commerciale de la LFP en partenariat avec CVC Capital Partners. Le président défend mordicus cet accord. « Je considère qu’on a fait une opération exceptionnelle, au sens littéral du terme, en levant 1,5 milliard d’euros auprès de CVC, répétait-il devant le Sénat en juin. Au-delà de l’apport financier, CVC est un partenaire fiable et loyal qui a apporté une valeur ajoutée considérable sur les aspects commerciaux. » Les caisses du foot français ont été directement renflouées, au grand bonheur des clubs…

« On te fait confiance à toi, Vincent, à vous aussi, CVC. Si CVC n’était pas venu, on ne serait peut-être pas là », confiait Pierre-Olivier Murat, président de Rodez, lors du CA tenu en juin. Mais l’arrivée immédiate d’argent frais a peu à peu été occultée par les conditions négociées avec CVC, Vincent Labrune devant maintenant assumer les conséquences d’un accord intéressant à court terme, mais beaucoup moins sur la durée (13 % des recettes de la société commerciale sont cédées à CVC). Sans parler de la gestion très discutable du dossier des droits TV ces derniers mois. En plus d’un dénouement extrêmement tardif, les diffuseurs DAZN et beIN n’ont mis « que » 500 millions d’euros sur la table. Loin des attentes initiales, surtout que ce montant n’était plus descendu sous les 600 millions depuis 2005. Ça fait tache, même si Labrune assure que personne n’aurait pu faire mieux dans ce contexte.

Le changement, c’est maintenant

Dans le coin opposé, Cyril Linette se pose en game changer. Très présent médiatiquement, l’ancien directeur de L’Équipe veut construire un autre modèle et porte une vision bien différente, quitte à bousculer. « Le football vit au-dessus de ses moyens. Il est très difficile d’équilibrer le modèle, mais on peut quand même y réfléchir un peu, expose-t-il dans Ouest-France. Les clubs ont désormais une masse salariale qui dépasse leur revenu d’exploitation. Ce n’est plus possible, on peut avoir un objectif à 3-4 ans pour que la masse salariale ne soit pas au-delà des revenus d’exploitation. » Le candidat envisage également de « faire des choses au niveau de l’Urssaf, des charges patronales » pour soulager les clubs.

« Le premier sujet est de baisser les charges de 30%, expliquait-il au Monde. Cela veut dire baisser de 30% les salaires et le nombre de contrats dans les clubs. Je ne suis pas sûr que le championnat serait de moins bonne qualité avec 25 joueurs sous contrat au lieu de 40. » Certains risquent de grincer des dents, mais Linette défend une posture pragmatique et réaliste. « Notre feuilleton du week-end, on y tient tous. On veut le voir grandir, certes, mais en bonne santé ! », martèle le candidat, soucieux de voir les clubs réduire leur dépendance aux droits TV et aux transferts.

« Penser au cœur du football »

En outre, Linette se pose clairement du côté des supporters dans les récents débats. DAZN ? « Ils n’ont pas d’autre choix que de baisser les prix, et rapidement », assure-t-il, imaginant un panel d’offres pour coller aux nouvelles habitudes des consommateurs : « 20 euros pour toute la Ligue 1 plus des films, des séries et autres, mais aussi des pass : à 15 euros par mois pour toute la saison, à 10 euros pour mon club, à 5 euros pour le match que je veux. C’est ça, le monde du digital. » Là ou Labrune a évidemment défendu la tarification de son nouveau diffuseur et apporté son soutien à beIN Sports dans le cadre du conflit autour de la programmation de la Ligue 2 le vendredi.

Pour l’instant, je n’ai rien vu dans les journaux ou en interview qui me fasse dire : “Wahou, quelle bonne idée !” J’ai vu du réchauffé, des gens qui disent qu’ils peuvent faire mieux que Vincent Labrune.

Damien Comolli, déterminé à sauver le soldat Vincent

Autre idée lancée par Cyril Linette dans sa campagne : le retour de la Coupe de la Ligue, disparue en 2020 car jugée sans grand intérêt. « Si on remet la Coupe de la Ligue sans les clubs européens avec une place en Ligue Conférence au bout, on donne quand même la possibilité à des clubs intermédiaires de gagner une coupe, ce qui ne peut plus arriver dans le foot aujourd’hui, insistait-il à l’antenne de RMC. Il faut penser au cœur du football, aux supporters. Le plaisir du foot, c’est de disputer des finales et de trouver un moyen pour que ce soit possible malgré la présence d’un club ultradominant. »

Pas de quoi faire grimper au rideau Damien Comolli, plutôt favorable à la continuité et donc à Labrune. « Pour l’instant, je n’ai rien vu dans les journaux ou en interview qui me fasse dire : “Wahou, quelle bonne idée !” J’ai vu du réchauffé, des gens qui disent qu’ils peuvent faire mieux que Vincent Labrune », glissait le président du Toulouse FC il y a quelques jours, affirmant au passage qu’il croyait « au produit DAZN ». Labrune compte encore un certain nombre de soutiens… mais combien ?

L’AG de tous les dangers

Lens, Nantes, Lyon et Le Havre ont orchestré un début de fronde, sans vraiment provoquer une vague. Sentant que les dés étaient déjà pipés, le président sang et or Joseph Oughourlian et son homologue nantais Waldemar Kita ont d’ailleurs retiré leur candidature au conseil d’administration. Le rapport de force au CA reste globalement favorable à Labrune, qui sera réélu sauf surprise. Linette n’a pas beaucoup de cartes à jouer, mais il compte sur un scénario bien précis pour véritablement provoquer un match.

Dans le déroulé de la journée, l’assemblée générale (composée en très grande partie de l’ensemble des clubs de L1 et L2) élira les membres du CA, qui désigneront ensuite le président de la LFP. Le premier acte verra Linette, Labrune et Karl Olive élus au collège des indépendants puisqu’ils ne sont que trois candidats pour trois places. Mais ce vote pourrait peser sur le second et offrir l’argument de la légitimité au challenger… Si l’AG l’approuve à une large majorité, et davantage que le président sortant, Linette pourra se targuer d’être validé par tout le foot français. Ce que le CA ne pourra ignorer au moment de désigner le président de l’instance. Linette espère donc réaliser un gros score devant l’AG pour peser sur le vote du CA, et peut-être détrôner Labrune. Les planètes seront-elles alignées ? Le foot français doit décider de la direction dans laquelle il veut avancer, et il s’agit de ne plus se tromper.

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