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El Hadary, 44 ans toujours plus haut

Par Florian Cadu
El Hadary, 44 ans toujours plus haut

À quarante-quatre ans, Essam El Hadary vient de devenir l’homme le plus âgé à jouer une Coupe d’Afrique des nations. Quarante-quatre années qu’il a passées au service de son pays, en témoignent ses quatre victoires dans la compétition, ses sept championnats ou ses 149 sélections avec l’Égypte. Même si un petit passage à Sion est venu s’immiscer.

Le destin l’avait décidé et il ne pouvait pas en être autrement. Ce 17 janvier 2017, durant le Mali-Égypte comptant pour la première journée du groupe D de la coupe d’Afrique des nations, Ahmed El-Shenawy devait se blesser dès la 13e minute en réalisant sa détente sur une occasion adverse. À la 25e, il n’avait d’autre choix que de laisser sa place au monument Essam El Hadary, qui devenait du même coup le joueur le plus vieux de l’histoire à fouler une pelouse de CAN. Âgé de quarante-quatre ans et deux jours, le Pharaon battait ainsi le record d’Hossam Hassen, son compatriote, qui avait évolué dans la compétition à trente-neuf balais. Bien entendu, El Hadary s’est offert un clean-sheet pour fêter ça, réalisant notamment une bonne sortie dans les pieds de Moussa Marega à cinq minutes du terme.

Un cauchemar pour Drogba

Impossible de présenter El Hadary sans envoyer des chiffres aussi impressionnants que sa longévité. Attention, c’est du lourd. En vingt-quatre ans de carrière (qui n’est pas encore terminée), le bonhomme a raflé quatre CAN avec sa sélection (1998, 2006, 2008 et 2010 ; meilleur gardien du continent lors des trois dernières dates), dont il a porté les couleurs à 149 reprises et qu’il squatte depuis 1996, sept championnats et quatre nationaux avec Al Ahly, qu’il a défendu de 1995 à 2008, sans oublier les trois Supercoupes et autant de Ligues des champions africaines.

En dehors de son palmarès, le premier souvenir de l’Égypte quand elle pense à son héros reste sa performance durant la finale de la CAN 2006. Et plus particulièrement sa séance de tirs au but. Dans une tension extrême, El Hadary a pour objectif de se transformer en cauchemar pour la génération ivoirienne de Kolo Touré, Emmanuel Eboué et Yaya Touré. Résultat : le portier stoppe les tentatives de Didier Drogba, qui ne remportera jamais l’épreuve, et de Bakari Koné, donnant la coupe aux siens.

« Avec nous, il était capable de sortir des matchs énormes, comme celui-là, puis d’être invisible le match suivant. Après, sa carrière parle pour lui, mais je ne suis pas sûr qu’il aurait connu le même succès s’il avait été européen » , balance Julien Brellier, un de ses partenaires au FC Sion en 2008-2009. Parce que oui, El Hadary a joué en Europe le temps d’une saison. Et il est intéressant de s’y attarder, quand on connaît la collection de trophées qu’il a amassés jusqu’à ses trente-sept bougies avec Al Ahly. En 2008, le natif de Damiette décide ainsi de quitter son pays pour Sion, sans prévenir personne. Pas même ses dirigeants. Cette aventure européenne sera la dernière où il remportera un titre avec un club, puisqu’il enchaînera ensuite les clubs égyptiens ou soudanais sans trop de réussite.

Ami-ami avec le président

Lors de son passage en Suisse, Essam ne convainc pas franchement, mais gagne la Coupe. « Il était titulaire indiscutable, oui. N’empêche que j’ai connu de meilleurs gardiens. Je n’en garde vraiment pas un souvenir impérissable, note Brellier. Il n’était pas ridicule, hein, il ne faisait pas trop de bourdes, mais il n’était pas génial. Après, c’est quelqu’un qui harangue les foules. Et en gagnant la coupe, qui est un trophée important pour les Suisses, je pense qu’il a laissé une image plutôt positive chez les supporters. » Un portier pas énorme, mais doté d’une certaine aura : voilà ce que les dirigeants du FC Sion ont sûrement pensé lors du transfert.

À juste titre, selon Brellier : « Il est arrivé avec un gros statut, donc c’était plus un coup médiatique que sportif. D’ailleurs, il était souvent en compagnie du président, qui faisait ami-ami avec lui parce que c’était son gros coup du moment. On les voyait parfois arriver ensemble dans le vestiaire. » Le milieu de terrain passé par l’Inter et Norwich se souvient de quelqu’un « qui avait toujours le sourire, toujours de bonne humeur, d’ouvert, d’assez déconneur, qui essayait de discuter avec tout le monde malgré la barrière de la langue. Dans le vestiaire, il parlait fort, il en imposait, et ça ne m’étonne pas qu’il soit un taulier en sélection. Ni qu’il soit une star au pays. » À qui il a donc réservé le meilleur. Pour combien de temps, encore ?

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