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Édi-moi, si je dois partir ou pas…

Par Théo Denmat
Édi-moi, si je dois partir ou pas…

Auteur d'un but et d'une passe décisive samedi soir lors de la fessée donnée à Dijon (4-0), Edinson Cavani a peut-être disputé son dernier match au Parc. Et le pire, c'est qu'à part Antero Henrique, personne n'en sait rien.

C’est le drame des espèces menacées : trop souvent, on ne rend compte de leur statut que lorsque le dernier spécimen est à l’agonie. Ici, fléau supplémentaire, l’animal en question n’a pas grand trait physique particulier. Son nez est moins piriforme que celui du nasique, il n’a pas la robe des okapis ni les cheveux du vautour à tête blanche, nage probablement avec moins d’élégance que le dauphin d’Hector, est moins mignon que le vison d’Europe, saute moins haut que l’hirola africain et sa peau est bien plus banale que celle du pangolin de Malaisie.

Pourtant, et ce n’est pas faute de l’avoir martelé : une espèce sur trois est aujourd’hui menacée de disparition dans le monde, jure la WWF. Or, à la pointe de l’attaque parisienne, Neymar et Mbappé se portent comme des charmes. La MCN n’est qu’un sigle de comptoir, sacrifier une lettre ne perturberait que les anisés, paraît-il. Bref : Cavani vient peut-être de vivre son dernier match au Parc des Princes, et personne n’était au courant. Même pas lui.

Vieux pachyderme

Lorsqu’un match perd tout son intérêt après trois minutes et cinquante secondes de jeu, il faut bien trouver de quoi s’occuper. PSG-Dijon, dernier bal de la saison au Parc, l’occasion pour le public habitué de chausser ses jumelles et d’observer le spectacle de plus près. À condition de suivre la bête avec stabilisateur, le spectateur attentif aura remarqué d’entrée un honneur trop peu souvent réservé à l’attaquant parisien : le brassard de capitaine. En l’absence de Thiago Silva et Marquinhos, la soierie revient en effet à l’Uruguayen, ce samedi drapé des couleurs de l’arc-en-ciel, et qu’il troquera d’ailleurs à la mi-temps – tout comme Rúnarsson – par un tissu jaune fluo plus classique qui rendrait le sourire à Francis Lalanne. Cavani, il faut le dire, serait l’un des dossiers de l’été qui aurait le difficile mérite d’accorder Antero Henrique et Thomas Tuchel sur ce point : il doit partir. Lui ne veut pas et, comme il l’a encore clamé hier soir, « la première chose à respecter, c’est de finir mon contrat(il termine en juin 2020, N.D.L.R.). Après, on verra. J’aime bien ce club et la vie que j’ai, j’y suis bien avec ma famille. Mais parfois, le football ne dépend pas que de toi. Derrière, ce sont les dirigeants, le président, ils peuvent préférer autre chose. » En somme, le Cavani est une espèce protégée qui risque de s’éteindre parce que son ivoire rapporte encore quelques pièces.

Six ans au PSG actuel est une éternité. Un truc de vieil éléphant, honorable, respectable, mais voilà venu un âge où tout tend à prouver que le troupeau se porterait aussi bien avec un plus jeune chef de meute. Pas mal blessé cette saison, Cavani va quand même terminer la saison avec 17 buts et 5 passes décisives minimum en championnat, le tout en 19 matchs. Pourtant, son poste, celui de 9, est la voie de progression logique de Mbappé, à qui il a d’ailleurs involontairement offert le troisième but parisien. Edinson a beau être un héros du Parc, il n’est plus sportivement indispensable et, dans le biome parisien du moment, le dossier devient plus brûlant à mesure que fondent les certitudes. La célébration du titre, à cet égard, est révélatrice : c’était la plus austère de l’ère qatarie, sans doute pour éviter des sifflements immérités à Kehrer, Kimpembe, Draxler, Nkunku ou d’autres, mais elle a donné lieu à des scènes qui en disent beaucoup sur la hiérarchie des cœurs au PSG.

« Une légende n’a pas de prix »

Une fois que la sono du Parc a eu fini de cracher Thunderstruck d’AC/DC, Cavani est le premier nom qui a été scandé par la tribune Auteuil devant laquelle l’effectif avait stoppé la marche de son tour de stade. D’ailleurs, pour info, l’ordre : Cavani, Marquinhos, Di María, Thiago Silva, Neymar, Mbappé, Verratti, Kimpembe, Buffon, Areola, Choupo-Moting. Ici, une banderole : « Une légende n’a pas de prix » , là, l’herculéen drapeau à son effigie dont il s’est ensuite emparé… L’espace d’un instant, cela ressemblait presque à des adieux.

Puis on secoue la tête : Cavani serait-il prêt à accepter une place sur le banc l’an prochain ? Oui, probablement. Le PSG le veut-il ? Tout laisse à croire que non, Nasser étant actuellement le seul à vouloir conserver son buteur. Pendant que résonnaient les « Cavani à Paris ! » , lui remerciait, applaudissait, selfiait. Les attitudes d’hier soir reflétaient les déclarations récentes de Walter, son frère et agent, déclarant qu’il n’avait pas reçu de prolongation de contrat malgré de nombreux appels du pied. Prolonger son contrat. Noble déclaration lorsque ce dernier est en passe d’être écourté. Paris a, ces derniers temps, une belle propension à saloper ses idoles passées (Motta, encore pardon), espérons simplement que la kermesse d’hier n’était pas son festin de départ, il mérite mieux. Tellement mieux.

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