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Ederson Moraes, à l’ombre de César
Transféré au Benfica en 2015 pour jouer les doublures de Júlio César, Ederson Moraes a profité des pépins physiques de l'ancien gardien de l'Inter pour s'imposer dans les buts des Lisboètes. Où ses performances cinq étoiles, en championnat comme en Ligue des champions, pourraient faire de lui le prochain portier de la Seleção.
Pour lui, tout a vraiment commencé avec une blessure. Celle de l’idole, qu’il côtoie tous les jours à l’entraînement. Le 4 mars 2016, Júlio César se déchire un adducteur pendant un exercice. La veille du derby lisboète face au Sporting. Alors c’est Ederson Moraes, qui avait jusqu’ici dû se contenter de quelques matchs de coupe, qui remplace son compatriote dans les bois. Et sort une prestation impeccable, participant au succès 1-0 des siens. Et voilà le petit prodige de São Paulo qui délaisse l’ombre du banc de touche pour la lumière du terrain. Pour de bon. Car un an plus tard, Ederson a conservé sa place dans le onze type et s’affirme comme l’atout défensif numéro un des Benfiquistas.
Repéré par Jorge Mendes à quinze ans
Avant d’en arriver là, ce natif d’Osasco, au sud-est du Brésil, a dû apprendre la patience, loin des projecteurs, même si tout avait débuté à toute vitesse pour lui. À quinze piges, il est repéré alors qu’il est en train de parfaire sa formation à São Paulo par un scout de Jorges Mendes, qui devient son agent. Direction Benfica, où il évolue pendant deux saisons avec les équipes de jeunes. Puis il rejoint Rio Ave, où il éclot doucement, couvé par Nuno Espirito Santo, qui prend la tête du club du nord du Portugal de 2012 à 2014. Un coach qui avait déjà lancé un certain Jan Oblak dans les buts, dix-neuf ans tout juste, lors de l’exercice 2012-2013. La saison suivante, Ederson joue dix-huit matchs de championnat, puis 17 en 2014-2015 et fait ses premiers pas en Ligue Europa.
Cette fois-ci, le Benfica ne s’y trompe pas et rapatrie son ancienne pépite, via un transfert de 500 000 euros. Là, il achève son apprentissage à l’ombre de l’idole, Júlio César, décortiquant ses faits et gestes à l’entraînement : « Franchement, j’apprends de lui tous les jours. Je m’améliore en observant tout ce qu’il fait. » Avant de supplanter l’ex Imperatore de l’Inter et d’enchaîner les matchs avec les Lisboètes, achevant de convaincre qu’il a les qualités pour viser très haut. Taffarel, qui entraîne les portiers de la Seleção, ne jure plus que par lui. Le finaliste de la Coupe du monde 98 voyait dès 2014 en Ederson « l’héritier de Júlio César » , et pense aujourd’hui que le jeune homme est fin prêt à faire le grand saut : « Il est temps pour lui d’aller à la Coupe du monde. Il a démontré ce qu’il valait en Ligue des champions… Il est prêt. »
Ederson aux pieds d’argent
Si Cláudio Taffarel est aussi sûr de lui, c’est que le jeune garçon prouve depuis un an maintenant l’étendue de sa palette technique. Ederson, avec sa carrure de déménageur, est intraitable sur sa ligne et sur les un-contre-un qu’il remporte le plus souvent de manière peu académique. Un style qui le rapproche de son mentor, mais aussi de son idole de jeunesse au São Paulo : Rogério Ceni. De l’actuel coach de la Tricolor, Ederson a récupéré son jeu au pied qui lui permet de se transformer en libéro qui oriente le jeu lorsque le Benfica tient le cuir. S’il ne tire pas les coups de pied arrêtés comme son aîné, le gardien du SLB n’est pas maladroit dans l’exercice. Un pied gauche soyeux qui peut aussi se transformer en brique lorsque arrive le moment de frapper ses six mètres qu’il envoie 80 mètres plus loin sur la tête de Konstantínos Mítroglou. Des pralines qui peuvent même se transformer en but, comme cela lui est arrivé face au Sporting Braga chez les jeunes.
Ederson, c’est donc l’archétype du gardien moderne, dont l’apogée restera le huitième de finale aller de Ligue des champions face au Borussia Dortmund où il a écœuré à lui seul Pierre-Emerick Aubameyang et ses potes. Une performance monumentale qui attire les regards extérieurs. Pas de quoi effrayer le bonhomme, qui reste droit dans ses bottes comme le prouvent ses propos au soir de la rencontre de Ligue des champions : « Personne ne peut faire de promesses. Je veux écrire mon histoire avec le Benfica… Aujourd’hui, c’est plus difficile, parce qu’il y a de grands clubs intéressés, mais je suis concentré sur Benfica. Je travaille dur au quotidien, mon esprit est tranquille. » Malin, le président du Benfica Lisbonne, Luís Filipe Vieira, a prolongé sa pépite en janvier dernier jusqu’en 2023 avec une petite clause de soixante millions d’euros. Mais Vieira le sait mieux que quiconque, son aigle Ederson prendra son envol d’ici quelques années pour se faire un plus grand nid ailleurs.
Par Adrien Candau et Steven Oliveira
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