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Dundalk, le mauvais rêve américain

Par Valentin Lutz
Dundalk, le mauvais rêve américain

À l'heure d'affronter Arsenal ce jeudi, Dundalk est déjà éliminé de la Ligue Europa : cinq matchs, cinq défaites, le bilan est propre. Et pourtant, l'essentiel est ailleurs pour le club irlandais, pour qui une participation à une Coupe d'Europe est déjà un petit exploit. Surtout dans ces conditions : car depuis son rachat fin 2017 par une société américaine, le quotidien des Irlandais s'est transformé en farce quasi burlesque. Et pour cause, le président Hulsizer multiplie les folies.

Perdue tout au Nord-Est de la République d’Irlande, à la frontière avec l’Irlande du Nord, dans le comté de Louth, il y a une petite ville sans grande importance : Dundalk, peuplée d’un peu plus de 30 000 habitants. Et au pays des Leprechauns, de la Saint-Patrick et des Pogues, Dundalk est une exception. Une exception car contrairement à l’immense majorité des villes d’Éire, le football est là-bas le sport numéro un. En 2018, le Dundalk FC remporte son quatrième titre d’affilée, le treizième de son histoire – peut-être un mauvais présage -, quelques mois après avoir été racheté par Peak6, un groupe américain basé à Chicago, qui dote le club de moyens inédits. À cette époque, tout le monde pense que Dundalk peut devenir une sorte de Bayern Munich national et tout semble aller pour le mieux. Un seul petit truc cloche : le nouveau patron est complètement cinglé.

C’est quoi un 6 ?

Passés par la Swiss Bank, Matthew Hulsizer et Jenny Just, mariés de longue date, sont probablement des professionnels compétents. Ce sont eux qui créent, en 1997 à Chicago, l’entreprise Peak6, qui se présente sur son site officiel comme une « équipe d’entrepreneurs passionnés et d’investisseurs spécialisés dans les marchés du sport ». Matthew Hulsizer est surtout fan de hockey sur glace, mais il échoue à deux reprises à y investir, car ni les Coyotes de Phoenix ni les Blues de Saint-Louis ne se laissent convaincre par son projet. Alors, Peak6 se tourne vers le football : Hulsizer échoue à racheter Reading en 2014, puis acquiert des participations dans le capital de Bournemouth et de l’AS Roma. Et enfin, c’est Dundalk qui tombe dans l’escarcelle yankee fin 2017.

Problème : que ce soit par désamour de l’accent irlandais ou de la couleur verte, ce qu’on peut comprendre, le Dundalk FC n’est pas un joujou suffisamment sympathique pour Matthew Hulsizer, qui tentera d’ailleurs courant 2018 de racheter Saint-Étienne, là encore sans succès. Alors, c’est à son père, Bill, qu’il confie la présidence du pauvre club irlandais. Le Padre est loin d’être un mauvais bougre et se prend d’affection pour les Lilywhites : dans la presse, il évoque Dundalk comme une « famille » et parle même de « remporter la Ligue des champions ». Car oui, le problème de Billy, c’est qu’il ne connaît absolument rien au foot. Papy Hullsizer, pas avare de questions et de bonne volonté, est pourtant désireux d’apprendre : l’entraîneur de l’époque, Vinny Perth, lui envoie même des informations pour lui expliquer le rôle d’un numéro 6, 8 ou 10 au milieu de terrain.

Un gardien aux corners : et pourquoi pas ?

Le problème, c’est que le patron n’a pas sa langue dans la poche. Ainsi, il propose que le défenseur central Gartland s’occupe de la remise en jeu des touches, au simple prétexte qu’il a un passé d’entraîneur de basket. Il suggère que le gardien de but, Rogers, frappe les corners, parce qu’il a à ses yeux la frappe de balle la plus pure. Il demande même à ce que soit installée une ligne téléphonique au bord du terrain, afin de faire parvenir ses « conseils » en plein match depuis les States. Là où le bât blesse, c’est que les folies dépassent parfois le stade de l’ébauche. Le recrutement devient grotesque : Gatt, un ailier constamment blessé qu’Hulsizer découvre grâce à une interview d’ESPN, est par exemple acheté, car il a « besoin d’une chance ». Excédées, un certain nombre de figures historiques du club se barrent. Et quand Hulsizer envisage de faire déménager son équipe à l’Aviva Stadium de Dublin, à près de cent bornes de Dundalk, la bataille avec les supporters devient ouverte.

Évidemment, dans ces conditions, les résultats sportifs déclinent, et Dundalk remporte une dernière fois le championnat en 2019. La saison dernière, réduite de moitié par la pandémie COVID-19, les Lilywhitesont fini troisièmes, à 22 points des Shamrock Rovers. Un bilan atténué par la conduite exemplaire de la direction pendant la crise : le club tient à ce que tous ses salariés soient payés, contacte les abonnés pour s’assurer de leur santé mentale et achète du matériel médical pour les hôpitaux du coin. Quant à la crise sportive qui couve, le patron, fidèle à lui-même, tente d’y remédier en sortant de son chapeau un certain Filippo Giovagnoli, novice à ce niveau, qui n’a même pas une licence pro. Miracle, la greffe prend : le technicien italien permet à son équipe d’accéder aux poules de la Ligue Europa. Depuis, en attendant le retour du championnat, Dundalk a essuyé cinq lourds revers en cinq rencontres, face à Arsenal, Molde et le Rapid Vienne. Il reste désormais un match aux Irlandais, face à Arsenal ce jeudi : les Gunners devraient leur coller une belle rouste. Et pour la première fois dans la vie de Dundalk depuis longtemps, il n’y a rien d’étonnant à cela.

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