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D’un Z qui veut dire Zlatko

Par Maxime Brigand, à Saint-Pétersbourg
D’un Z qui veut dire Zlatko

La Croatie dispute mercredi la deuxième demi-finale de Coupe du monde de son histoire, et cette fois encore, Miroslav Blažević n'est pas très loin. Oui, Zlatko Dalić est son ancien élève et un sélectionneur qui a éclaté un sacré nombre de barrières pour ramener le pays à la hauteur des espoirs suscités.

La scène s’est jouée il y a une dizaine de jours, tard dans la nuit, au fond d’un vestiaire de Nijni Novgorod. Que représente tout ça ? « Le match le plus important de notre génération » , souffle Luka Modrić, lessivé par près de 140 minutes de combat. Dans le discours du capitaine croate, il y a aussi l’idée d’un devoir taché, mais suffisamment abouti pour passer le cut : un huitième de finale de Mondial. Ému, il débite comme un gosse : « Il faisait très chaud, c’était difficile de courir… mais nous avons survécu. » À une séance de tirs au but incroyable, épreuve qui s’est de nouveau présentée en quarts de finale face à la Russie, Modrić surpassant aussi face aux Danois un penalty raté plus tôt dans la rencontre face à un Kasper Schmeichel qu’il avait « étudié toute la matinée » . Les faits : la Croatie avance, avale les haies et cela méritait bien une arrivée présidentielle. Après la qualification en huitièmes, Kolinda Grabar-Kitarović s’est ainsi pointée au milieu des joueurs, tombant dans les bras d’un Ivan Strinić en slip et offrant un vrai gros câlin à Luka Modrić. Le tableau s’est répété en quarts, la présidente croate venant chanter avec la troupe, maillot sur le dos. Ou comment appuyer sur un interrupteur : en Croatie, tout ça a fabriqué deux camps. Ceux qui voient dans cette réaction un amour sincère, patriotique, terre à terre contre ceux qui y détectent une utilisation politique de la réussite du foot national.

« Nous ne craignons personne »

L’histoire est complexe et dépasse les images : Grabar-Kitarović est une amie intime de Zdravko Mamić, qui a notamment massivement financé sa dernière campagne présidentielle et lui a organisé de nombreux repas. Ce n’est plus que du foot depuis longtemps : c’est politique, social, parfois criminel, tout ça nous ramenant aux propos tenus dans les années 1990 par Franjo Tuđman, premier président de la Croatie indépendante, qui voyait les sportifs comme les « meilleurs ambassadeurs du pays » . Depuis, c’est la justification permanente, et c’est là que Zlatko Dalić est apparu, dimanche, à soixante-douze heures de diriger la seconde demi-finale de Coupe du monde de l’histoire de la Croatie, la seconde en vingt ans : pour déminer l’effet de surprise. « Vous ne vous attendiez peut-être pas à nous retrouver là, mais nous méritons d’être là » , a alors expliqué le sélectionneur des Vatreni, droit dans les yeux, aux journalistes anglais venus à sa rencontre. « Nous sommes un petit pays, c’est important de nous monter à une échelle mondiale. Avant le Mondial 1998, peu de gens connaissaient la Croatie, c’était bien pour la promotion de notre nouveau pays indépendant. Tout ce qui se passe en Croatie, avec nos résultats, est fou. Les gens fêtent nos succès dans la rue, ça veut dire beaucoup. »

Et Dalić a ramené le foot sur la table, bombant le torse pour ses joueurs – « Nous ne craignons personne » – avant d’ouvrir la porte d’un potentiel fantasme : « Si nous avions l’argent de l’Angleterre, qui sait ce que nous aurions entre nos mains ? » Personne ne le saura jamais, mais une certitude : la Croatie tient déjà une page d’histoire entre ses doigts, et Zlatko Dalić tient une part de responsabilité immense là-dedans. Pour plusieurs raisons dont une essentielle : cet homme est un indépendant, pas un pantin de la fédé comme pouvait l’être Ante Čaćic, dégagé en octobre 2017 alors que la sélection était dos au mur. Dalić, c’est l’inconnu de ce dernier carré, le type qui entraînait encore la réserve d’Al-Hilal (Arabie saoudite) il y a quatre ans et dont le CV tourne essentiellement autour de sa réputation dans le Golfe. C’est aussi une rencontre : celle du roi, Miroslav Blažević, dont il aura été l’adjoint deux ans à Varteks, où le jeune coach croate aura passé la majorité de sa carrière de joueur.

L’élève de Blažević

Avant les quarts, Blažević, guide de la Croatie troisième à la Coupe du monde 1998, a dégagé au loin l’idée d’un effacement : « La Croatie ira en finale parce qu’elle est très forte et qu’elle a un excellent sélectionneur, mon ancien élève. » Un padawan qui aura réussi en quelques mois à rééquilibrer le pays, le qualifier après une victoire décisive en Ukraine (2-0) et un barrage maîtrisé face à la Grèce, et unir la génération dorée autour de son rêve, alignant sans cesse un onze quasi similaire au cours du Mondial. Au point de nettoyer son groupe, si nécessaire, comme lorsqu’il a remis dans l’avion Nikola Kalinić pendant les poules. Pour le reste, c’est de la glace, « une lutte permanente pour ne pas extérioriser » , même s’il s’est laissé attraper par les larmes après le match face à la Russie. Ce soir-là, son analyste Ognjen Vukojević lui a servi de mouchoir avant d’aller étaler son soutien à l’Ukraine sur les réseaux sociaux. Résultat, il a lui aussi été renvoyé. Et c’est dans un cocktail de bordel (le physique de certains commence à siffler) et d’assurance que la Croatie s’avance pour affronter l’Angleterre. Une qualification pour la finale et il n’y aurait plus rien à justifier : ce groupe aura réussi son pari, Dalić en tête.


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