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Du calme le Bayern, ce n’était QUE le Barça

Par Maxime Renaudet
Du calme le Bayern, ce n’était QUE le Barça

Malmené, baladé puis humilié par le Bayern Munich (2-8), le Barça est sorti de la Ligue des champions par une toute petite porte. Rien d'illogique au vu de la performance des Catalans, qui ont renié leur histoire et leur identité de jeu au terme d'un match qu'ils n'ont jamais été en mesure de dominer. Finalement, un Barça moins que un club.

Impossible de discuter l’immense domination du Bayern Munich ce vendredi soir. Passer huit buts (tout en en offrant un au passage) à une écurie de l’envergure du Barça n’a rien d’anodin. Mais pourtant, difficile d’attribuer cette démonstration uniquement à l’abnégation allemande. Car en face, le FC Barcelone n’a jamais paru aussi petit. Et l’immensité des tribunes n’y était pour rien. Car les Culés, minute après minute, but après but, n’ont fait que renier un peu plus leur histoire, leurs préceptes tactiques et leur identité de jeu. Même si cette entreprise de démolition n’a pas commencé ce soir à 21 heures.

Qu’il est loin le temps de Xavi et Iniesta

L’avant-match de ce quart de finale chatoyant avait déjà donné une certaine idée de ce que Quique Setién souhaitait mettre en place, c’est-à-dire tout l’inverse de ce pour quoi le Barça nous a fait rêver ces dix dernières années : du jeu court à profusion, des mouvements à la pelle et une identité de jeu quasiment jamais égalée. À Lisbonne, les tables de la loi écrites par Cruyff et poursuivies par Guardiola ont pris une sacrée rayure. En regardant la composition d’équipe des Blaugrana, difficile de deviner l’influence de la Masia : un milieu à quatre avec Sergi Roberto, Sergio Busquets et Frenkie de Jong derrière Arturo Vidal, positionné en soutien de Lionel Messi et Luis Suárez, incapable de produire du jeu.

C’est dans cette position que le Chilien avait pourtant excellé lors de son passage à la Juventus, ce qui avait d’ailleurs poussé le Bayern Munich à l’acquérir après la finale perdue de la Vieille Dame en C1, justement contre le Barça. Mais depuis 2015, Vidal a perdu de sa superbe, et à la place d’un Andrea Pirlo au top de sa forme, il est aujourd’hui accompagné d’un Busquets cramé, qui n’avait plus joué un match depuis le 19 juillet dernier, d’un Roberto dont personne ne connaît le véritable poste, et d’un De Jong finalement encore trop frais pour prendre les manettes dans de telles circonstances. Résultat, Messi et Suárez – les deux meilleurs Catalans de la rencontre – ont eu toutes les peines du monde à exister, et l’animation offensive du Barça a tout simplement été inexistante. Personne dans les couloirs pour les animer, personne dans les intervalles et encore moins de monde quand il a fallu se réveiller. Autant de points négatifs qui montrent que les Catalans de Setién ont balayé d’un revers de main leur identité de jeu, et ce, avant même de pénétrer sur la pelouse de l’Estádio de la Luz. Mais s’il n’y avait que le milieu à accabler…

Le tiki-taka est mort

Le Barça a passé son temps à sauter l’entrejeu à grand renfort de coups de tatane. Preuve en sont les 32 ballons allongés par la défense catalane et Marc-André ter Stegen (13 à lui seul dont seulement cinq ont trouvé preneur). Même Sergio Busquets et Frenkie de Jong, spécialistes du jeu court en première intention, ont failli dans l’utilisation du ballon, allongeant plus que de raison. Une hérésie pour le Barça, qui a déjà tant souffert cette saison, au point de laisser échapper son titre de champion d’Espagne. Cette défaite, et surtout la manière, laisseront des traces et ne feront qu’ouvrir un débat sur la suite. Comment le Barça se retrouve aujourd’hui avec un effectif aussi léger, plombé par les blessures (cf. Dembélé), les conflits (cf. Arthur) et les problèmes d’adaptation (cf. Griezmann) ? À quelle moment la direction sportive a raté le coche pour offrir une continuité dans son projet ?

Le travail abattu par Thiago Alcántara, pur produit de la Masia et aujourd’hui homme fort du Bayern, en est d’ailleurs un symbole fort. Et pour cause, le milieu espagnol est le joueur qui a touché le plus de ballons au cours de la rencontre (84), et qui a délivré le plus grand nombre de passes (74), réussissant à lui tout seul ce que le milieu catalan n’a jamais été en mesure de faire ce vendredi soir. Ce garçon, dans un monde idéal, aurait dû conduire le Barça à ses destinées. Les Blaugrana sont clairement à la fin d’un cycle. Chose que Piqué, lui aussi en difficulté, n’a pu cacher : « Nous avons touché le fond. Il faut laisser la place à du sang neuf pour aller de l’avant. » Le faire un peu plus tôt aurait été peut-être moins douloureux.

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