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Dix matchs qui ont marqué le Parc Lescure

Par Mathias Edwards
Dix matchs qui ont marqué le Parc Lescure

Ce samedi, aux alentours de 21h45, cela en sera fini du football de haut niveau au stade Chaban-Delmas, ex-Parc Lescure. Le moment de rappeler qu'il s'en est passé, des choses, dans cette enceinte mythique. Retour sur dix dates, par ordre chronologique.


Bordeaux-Hajduk Split, 4-0, 3 novembre 1982

La première campagne européenne de l’ère Bez est aussi celle du premier exploit, pour les Girondins. Laminés 4-1 à l’aller en Yougoslavie, les hommes d’Aimé Jacquet s’en remettent au génie d’Alain Giresse. Bonne idée. Ce soir-là, le meneur bordelais déroule un véritable récital. Sous la pluie, « Gigi » marche sur l’eau et offre une prestation hors du commun au public de Lescure. Les spectateurs chavirent définitivement lorsque leur capitaine chipe un ballon au milieu de terrain, humilie un défenseur et s’en va lober le pauvre Zoran Simović.


Bordeaux-Juventus, 2-0, 24 avril 1985

En 1985, le Bordeaux de Claude Bez est à son apogée. Le premier titre de champion de France de l’ère du président bègue calé dans la vitrine, les Girondins se paient Fernando Chalana pour conquérir l’Europe. L’ailier moustachu, qui vient d’éblouir la planète en emmenant le Portugal en demi-finale de l’Euro 84, finissant meilleur passeur à égalité avec Tigana, son nouveau coéquipier, est recruté au Benfica pour 18 millions de francs. Cette année-là, seul Naples dépense plus en faisant venir Diego Maradona. Si le passage en France du gaucher est un fiasco, le joueur étant constamment blessé, son transfert réalisé au nez et à la barbe du Barça et de la Roma place malgré tous les Girondins sur la carte du football européen. France Football s’enflamme même en écrivant qu’avec Tigana, Girard, Giresse et Chalana, les Girondins possèdent « le meilleur milieu de terrain au monde » . S’ensuit une folle campagne européenne. Après avoir battu l’Athletic Bilbao, le Dinamo Bucarest et Dniepropetrovsk, c’est la Juve de Platini qui s’avance en demi-finale. Et permet à Claude Bez de découvrir tout ce qui le sépare du vrai pouvoir européen. Au terme du double défi, c’est le club de la famille Agnelli qui se qualifie (3-0, 0-2) pour une finale de triste mémoire au Heysel. Après un match aller au Stadio Comunale lourd d’enseignements – « On s’est fait voler, c’est une honte » , déclare encore aujourd’hui Jean Tigana -, le match retour ne laisse aucun regret. Le Parc Lescure établit son record d’affluence (40 211 spectateurs), et le but placé devant le Virage Nord tremble encore sous l’effet de la lourde frappe de Patrick Battiston.


Bordeaux-Marseille, 3-0, le 11 avril 1987

Le Parc Lescure affiche complet. Si cela avait été possible, tout Bordeaux aurait pris place dans son stade pour tenter d’évacuer le traumatisme. Transféré l’été précédent chez le rival marseillais, volé par Bernard Tapie, traité de « salaud » par Claude Bez, Alain Giresse est de retour chez lui. Mais avec cette saloperie de maillot floqué Maison Bouygues. Câliné jusqu’à son expulsion par Gernot Rohr, Giresse déclarera après la rencontre qu’il ne rejouera plus jamais à Bordeaux avec le maillot de l’OM.

Vidéo

Bordeaux-Strasbourg, 0-0, le 30 novembre 1991

Le record d’affluence au Parc Lescure en championnat de France n’a pas eu lieu en première division, mais en 1991-1992, saison que les Girondins passent en D2, suite à la rétrogradation administrative du club. En manque de frissons, les Girondins survolant ce groupe B de deuxième division de façon insolente, le public bordelais se bouscule pour assister au « choc » face à Strasbourg, la seule équipe offrant un semblant de résistance à Huard, Lizarazu, Sénac, Guðjohnsen ou encore Dugarry. Et c’est ainsi que 38 519 veinards assistent au match nul et vierge arraché par Cobos, Lebœuf, Keshi ou encore Keller.


France-République tchèque, 2-2, le 17 août 1994

Ils ne sont que 15 000, ce mercredi 17 août, à investir le Parc Lescure pour assister au traditionnel match amical estival des Bleus. Il faut dire qu’à l’époque, l’équipe de France ne fait pas recette. Entre les plages girondines et une équipe qui vient de regarder le Mondial américain devant sa télé, le choix est vite fait. Même la présence de Zinedine Zidane, le régional de l’étape appelé pour pallier le forfait de Youri Djorkaeff, ne convainc pas les Bordelais. Ils ont tort. À 22 ans, le milieu de terrain qui, comme Bruno Ngotty et Lilian Thuram, fête ce soir-là sa première sélection, signe une entrée fracassante chez les Bleus. Entré à la 62e, à la place de Corentin Martins, alors que les Tchèques mènent 2-0, il remet les pendules à l’heure dans les tous derniers instants de la partie. À la 85e, d’abord. Passement de jambes devant Luboš Kubík, crochet pour effacer Tomáš Řepka, et frappe du gauche pour tromper Petr Kouba. Propre. Puis, deux minutes plus tard. À la réception d’un corner frappé par Jocelyn Angloma, libre de tout marquage, celui qui n’est alors qu’un numéro 14 égalise en plaçant un coup de boule que les Français apprendront à connaître. De quoi donner d’énormes regrets à ceux qui ont snobé la rencontre. Surtout pour aller voir Le Flic de Beverly Hills 3, sorti le même jour.

Le 1er but de Zizou

Le 2e but de Zizou


Bordeaux-Milan, 3-0, le 19 mars 1996

Quelques jours avant ce match retour de quart de finale de Coupe de l’UEFA, Bixente Lizarazu s’était pointé sur le plateau de France 3 Aquitaine. Pour prévenir. « Mardi, je vous donne à tous rendez-vous au stade, il va se passer quelque chose de grand. » Malgré la défaite 2-0 à l’aller dans un San Siro qui sonnait creux, malgré ce face-à-face entre Mario Ielpo et Richard Witschge remporté par le portier italien, tout Bordeaux croit dur comme fer à la qualification. Comme possédée, toute une ville est persuadée que le duo Tholot-Dugarry est parfaitement capable de coller trois buts à une défense Maldini-Costacurta-Baresi-Panucci. Et que dans le même temps, George Weah et Roberto Baggio ne trouveront pas la faille face à Jacob Friis-Hansen et Jean-Luc Dogon. Bien vu.


Belgique-Mexique, 2-2, le 20 juin 1998

Parmi les huit rencontres de Coupe du monde de football que le Parc Lescure a accueillies (deux en 1938, six en 1998), celle entre la Belgique et le Mexique n’est pas la plus prestigieuse, le Brésil de Léonidas étant venu chercher à Bordeaux son billet pour les demi-finales en 1938, mais reste la plus mémorable. Pour le scénario du match d’abord, qui voit El Tri de Cuauhtémoc Blanco remonter les deux buts inscrits par Marc Wilmots. Mais pour la fête, surtout. Parce que le lendemain, c’était Fête de la musique. L’occasion de découvrir que le cocktail tequila-bière, ça marche. Surtout avec quelques Écossais échoués rue Sainte-Catherine, cinq jours après leur match nul face à la Norvège.


Bordeaux-Marseille, 4-1, le 29 janvier 1999

Dans l’inconscient collectif, le titre de champion de France 1999 s’est joué au Parc des Princes, lors de la dernière journée de championnat, lorsque Pascal Feindouno trompa Bernard Lama dans les derniers instants de la rencontre, départageant définitivement Bordelais et Marseillais, au coude à coude depuis le début de la saison. Mais au vrai, c’est en janvier, à Chaban, que tout s’est joué. Trois jours après le décès de Claude Bez, les Bordelais roulent sur l’OM, infligeant une véritable leçon à leur rival préféré. Wiltord, Laslandes, Micoud et à nouveau Wiltord. 4-0 pour les Girondins à la 32e minute. Rolland Courbis avait tenté un coup de poker en alignant Peter Luccin en défense, il vient de perdre le championnat. Bad beat. La preuve : quand l’OM sauve l’honneur à l’heure de jeu, c’est grâce à un Bordelais, Christophe Dugarry.


Bordeaux-Nantes, 0-1, le 9 mai 2007

Il s’est aussi passé des choses très moches, au Parc Lescure. Comme lors de cette antépénultième journée de championnat de la saison 2006-2007, et cette visite d’un FC Nantes déjà condamné à la relégation. Les Bordelais, eux, sont troisièmes. De quoi envisager sereinement une qualif’ pour la Ligue des champions. Oui, mais voilà. À la 18e, Fernando rate son penalty. Les Girondins déjouent, et à dix minutes de la fin, Dennis Oliech les assassine froidement. Bordeaux finira sixième. À un point du podium. Moche.


Bordeaux-Bayern, 2-1, le 21 octobre 2009

La dernière grosse épopée européenne que le stade Chaban-Delmas aura vécue n’a que cinq ans. Avant l’élimination en quarts de finale de cette Ligue des champions par Lyon, c’est avant tout cette phase de poules dantesque, qui reste dans les mémoires. Les Girondins finissent premiers de leur groupe avec cinq victoires et un nul, devant le Bayern et la Juventus, éliminée. Avec, en point d’orgue, ce succès face aux Allemands, que les Bordelais doivent à leur défense centrale. Auteur d’un CSC en tout début de match, Michaël Ciani se rattrape en égalisant d’une superbe Madjer en haute altitude, avant que Marc Planus ne donne la victoire aux siens. Quinze jours plus tard, Bordeaux s’imposera 2-0 en Bavière, lors d’une rencontre qui verra le Bayern ne pas cadrer la moindre frappe. Un fait rarissime, qui n’arrivera plus aux Allemands jusqu’à cette semaine, et leur défaite face au Barça.

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