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Dimitri Payet : alors, Euro ?

Par Maxime Brigand
Dimitri Payet : alors, Euro ?

De nouveau décisif avec l'OM ce week-end, le Réunionnais, qui n'est plus apparu avec les Bleus depuis seize mois, est de retour au milieu d'un débat similaire à celui traversé lors de son premier semestre 2018 : ultra-performant en club, Dimitri Payet semble être une option indispensable à l'équipe de France. Pour ça, le numéro 10 marseillais connaît les règles.

Parce qu’il s’est déjà trop brûlé les ailes, Dimitri Payet préfère désormais souffler sur les étincelles naissantes. Interrogé en novembre 2018 par L’Équipe sur une potentielle présence à l’Euro 2020, le trentenaire marseillais avait calmé le jeu, déjà : « Tant que je pourrai donner, je donnerai. Je vis au jour le jour, car un groupe s’est fait en Russie, il est en place. Quand ça marche, je ne vois pas l’intérêt de changer.(…)On se connaît bien avec le coach. Si je suis performant avec mon club, je reste sélectionnable. Ce ne sera que du bonus, je croquerai dedans. On verra. On sait ce qu’il faut pour être dans la liste. » Plus d’un an plus tard, rien n’a vraiment changé : Payet est toujours sélectionnable et court toujours après ce fameux « bonus » à croquer. Samedi, face à Toulouse, il a marqué son huitième but de la saison en Ligue 1, son onzième de l’exercice en cours toutes compétitions confondues, et a de nouveau porté un OM sans réelle marge, mais toujours invincible en 2020.

Il n’en fallait pas plus pour relancer la machine à fantasmes, et en sortant de la pelouse, Philippe Carayon, le journaliste de Canal +, a osé : « Alors, Dimitri, on commence à croire à l’Euro ? » « Je suis en confiance, donc forcément, je tente beaucoup plus de choses et il y a de la réussite au bout… Je vais savourer parce que dans une saison, ça n’arrive pas souvent, mais on profite, on savoure. L’Euro, ce n’est pas le sujet du jour. » Circulez, y a rien à dire, donc. Pourtant, il y a bien quelque chose à voir : on se croirait renvoyé au premier semestre 2018, période où Dimitri Payet avait, là aussi, pris l’OM par la main, lui qui sortait pourtant d’une première partie de saison sans rythme, sans lumière, sans allure. Là, le Réunionnais avait repris le fil de son destin et s’était mis à empiler les buts tout en retrouvant une forme physique optimale, ce qui avait fait naître des rêves de Mondial pour le bonhomme, alors que Marseille s’en allait disputer une finale de Ligue Europa. Puis, face à l’Atlético, la cuisse de Payet avait lâché : on connaît la suite.

« Payet-dépendant ? Pas de problème »

Nous y revoilà, donc, et fin janvier, André Villas-Boas refusait de se planquer : « Barcelone est Messi-dépendant, la Juve est Ronaldo-dépendante… Si on est Payet-dépendant, je n’ai pas de problème à l’assumer. » Le Portugais a des chiffres dans les poches pour appuyer ce sentiment : cette saison, l’OM a disputé cinq matchs sans son numéro 10 et n’en a gagné qu’un seul (face à Strasbourg, 2-0, le 20 octobre, N.D.L.R.). Contre Toulouse, samedi, c’est de nouveau lui qui a donné le rythme, lui qui a claqué un but monstrueux (Payet ne sait pas inscrire de but normal) et lui qui a attiré les projecteurs, comme quelques jours plus tôt, à Saint-Étienne, où l’international français aux 38 sélections avait déjà fait danser Yann M’Vila avant de moucher Stéphane Ruffier.

Sur le banc adverse samedi, Denis Zanko n’y est pas allé par quatre chemins : « Aujourd’hui, le talent d’un joueur a fait la différence. On a cédé par le talent. Il n’y avait pas de plan anti-Payet. » Villas-Boas, lui, a récupéré de nouveaux éléments pour intensifier son lobbying : « On avait besoin d’un moment de génie, et c’est arrivé de Payet. Il fait des choses incroyables et décisives pour nous. Après, la qualité de l’équipe de France est brutale, les options sont monstrueuses, c’est à Didier de prendre la décision. Mais à ce niveau, et il le reconnaîtra lui-même, Dimitri réalise l’une de ses meilleures saisons. » Voir Payet filer à l’Euro sonnerait donc presque comme une évidence, même si le leader marseillais préfère laisser les autres parler pour lui.

Début novembre, au lendemain de son doublé inscrit face à l’OL (2-1), il avait entendu Didier Deschamps dire qu’il n’était « pas dans la logique actuelle » et refuser de « faire de dessin » . C’était il y a trois mois, et si le premier entraîneur de France n’est pas devenu professeur d’arts plastiques, il sait que ses ailes perdent de plus en plus de plumes (Coman, Dembélé, Thauvin) ces derniers temps et que Thomas Lemar est loin de son meilleur niveau. Partant, Payet semble tenir de nouveau une chance de briller dans une grande compétition internationale, comme en 2016, où il avait notamment sorti les Bleus d’un beau pétrin en ouverture face à la Roumanie. Et qu’il le veuille ou non, on y est : désormais, sa présence à l’Euro 2020 devient un sujet, un vrai. Parce que Payet est une caution d’imprévisibilité, qu’il peut arracher une épine de n’importe quel pied et qu’il semble être affûté comme rarement. Parce qu’il doit encore prouver sa capacité à être décisif dans les très gros cols, aussi. On a malgré tout envie de voir, et pour ça, il lui appartient désormais de ne plus se vautrer dans les derniers virages.

Par Maxime Brigand

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