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Diego Godin : défenseur d’une époque

Par Thomas Goubin

Il incarnait un défenseur un peu vieille école, rugueux, voire rustre, mais n'en a pas moins été l'un des meilleurs de son temps. À 37 ans, l'ex-colchonero Diego Godin a décidé que le moment de remiser ses tacles était venu. Hommage à ce dernier Mohican.

Diego Godin during the Liga match between Atletico and Sevilla on 12th May 2019
Diego Godin during the Liga match between Atletico and Sevilla on 12th May 2019 Photo : Marca / Icon Sport

C’est un adieu qui lui ressemble. Au terme d’un match rugueux, capital dans la lutte pour le maintien, un petit clasico de Buenos Aires entre Huracán et Vélez Sarsfield, Diego Godin s’en est allé. Pas de dernière danse sous une pluie de pétrodollars pour lui, ni de sortie familiale au mall entre deux entraînements de soccer, juste le plaisir simple d’âpres batailles pour défendre un maillot à la valeur sociale plus que marketing. Dans sa déclaration d’après-match et même dans les larmes qui l’accompagnaient – témoins de son amour pour sa profession – tout Diego Godin était résumé. « À quoi je pense ? Mes 20 ans de carrière, lâchait-il au sein du vétuste stade Tomas Adolfo Duco. Depuis mes cinq ans, j’ai joué au foot et j’ai tout donné. Ce sont des larmes de joie et de tranquillité au terme d’une carrière riche en réussites mais aussi en revers. Plus de revers que de triomphes d’ailleurs, mais beaucoup de sacrifice. Partout où j’ai joué, je me suis donné corps et âme pour mes coéquipiers, mes équipes et pour les supporters, avec beaucoup de passion. » Des propos empreints d’humilité et de lucidité, pour ce défenseur qui n’était pas le plus rapide, ni le plus technique, et pas même le plus costaud, mais était trop conscient de ses limites pour ne pas exploiter de manière optimale ses qualités – sens de l’anticipation, jeu de tête, dureté à l’impact.

Sans être le prototype du défenseur dit moderne, le Pharaon, son surnom, a pourtant été un des meilleurs de son temps. Si l’on dressait un classement des centraux sur la décennie 2010-2020, qu’il a presque intégralement passée à l’Atlético de Madrid (jusqu’en 2019), son nom apparaitrait assez rapidement. Un peu derrière Sergio Ramos, l’homme qui lui a enlevé une Ligue des champions (2014), mais pas forcément loin derrière. « Nous avons eu le plaisir d’avoir avec nous un des meilleurs centraux de l’histoire, a même considéré Sebastián Méndez, l’entraîneur de Vélez Sarsfield. C’est un grand monsieur, en plus d’être un grand joueur de football. » De manière plus factuelle, Godin a été le grand référent de l’Atlético, maître-étalon de son temps en terme d’hermétisme et deux fois finaliste de la Ligue des champions (2014 et 2016). Avec 161 sélections, ce défenseur dur, mais pas méchant, est aussi devenu le joueur le plus capé d’Uruguay, avec qui il a disputé quatre Coupes du Monde (de 2010 à 2022) et dont il était le capitaine.

À l’instar de Diego Lugano avant lui ou d’Edinson Cavani à un autre poste, Godin incarnait la garra charrua, cette rage de vaincre qui a permis à l’Uruguay de renverser tant de montagnes, comme de remporter la Copa América 2011 en Argentine, exploit auquel il n’avait toutefois participé qu’à la marge à cause d’une blessure. Mais même dans un pays qui apprécie les défenseurs de son type, le Pharaon a dû batailler. À 15 ans, il pensait d’ailleurs sa carrière morte-née quand le centre de formation du Defensor Sporting lui avait montré la porte de sortie, avant d’être repêché par le modeste Cerro. En équipe nationale, il brillera finalement dans un environnement qui lui était favorable, où l’on défend fort sur l’homme sans presser trop haut. À l’Atlético de Madrid, il avait aussi trouvé le parfait écrin pour s’exprimer, une fois Diego Simeone aux commandes (2011). Aurait-il pu briller dans d’autres équipes du gotha européen ? Comme l’a écrit Marca, il est, en tout cas, un « mythe » de l’Atlético, pour avoir inscrit le but qui a permis aux Colchoneros de renouer avec la Liga (2014), pour ses deux succès en Ligue Europa (2012 et 2018), mais surtout pour 389 matches disputés comme s’il s’agissait du dernier.

De l’Atlético, le Pharaon est parti à temps. Quand son corps a commencé à le trahir. Après l’Italie (Inter et Cagliari), Godin a fini par revenir en Amérique du Sud en 2022, à l’Atlético Mineiro, avant une dernière pige à Vélez. Fatigué, le guerrier a annoncé vouloir s’occuper de sa famille alors qu’il vient d’être papa. Avec lui, c’est une certaine idée du défenseur central qui s’en va. Et peut-être dira-t-on à peu près la même chose au moment des adieux de Giorgio Chiellini, par exemple. Il y a, en réalité, beaucoup de Diego Godin sur les pelouses, mais plus souvent dans les divisions inférieures. Lui, avec son intelligence, sa passion et sa rage de vaincre, est parvenu à être l’un des meilleurs d’une époque à laquelle il ne semblait pas appartenir.

Par Thomas Goubin

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