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Deutsche Qualität… ?

Par Ali Farhat et Sophie Serbini, en Allemagne
Deutsche Qualität… ?

Le football se joue à onze contre onze, et parfois, à la fin, c'est l'Allemagne qui perd. Malgré une domination presque sans partage (surtout en première mi-temps), l'Allemagne n'a jamais semblé en mesure de se relever après le penalty concédé avant la mi-temps. Et montre, encore une fois, qu'elle n'aime pas quand tout ne se passe pas comme prévu.

Comme à l’accoutumée, les tabloïds allemands avaient un peu fanfaronné le matin de la demi-finale. « Pardon Antoine, la porte est fermée » , « Aujourd’hui, nous allons faire des trous dans votre fromage » ou encore « La vie en raus (dehors) » , voilà le genre de titres qu’on pouvait lire dans la presse allemande à quelques heures du coup d’envoi du match. Après avoir battu l’Italie pour la première fois dans une grande compétition, l’Allemagne se devait de passer l’obstacle français. Si au début du match, tout semble aller pour le mieux, la bande à Joachim Löw dominant largement les débats, le penalty obtenu par la France à la suite d’une main de Schweinsteiger dans la surface leur fout un énorme coup derrière la tête. « Après le penalty, nous étions très abattus » , concédera le sélectionneur allemand après le match. Alors que contre sa bête noire, la Mannschaft avait réussi à tenir le coup après le retour au score des Italiens – déjà sur penalty –, cette fois-ci personne n’a réussi à trouver de solutions. « Je trouve qu’on a fait notre meilleur match de l’Euro, même si c’est bizarre de dire ça après un 2-0. Je n’ai pas de reproches à faire à l’équipe » , confiera Toni Kroos à la ZDF. Sauf que dominer n’est pas gagner.

La main en trop

Avant le penalty, la Mannschaft a eu maintes occasions d’ouvrir le score. Sauf que cette rencontre a une fois de plus confirmé ce que tout le monde savait : les Allemands sont effectifs dans beaucoup de domaines, mais pour ce qui est de convertir des occasions en but, faut repasser. Sans véritable 9 en l’absence de Mario Gómez, l’Allemagne a galéré. Si d’ordinaire Thomas Müller est capable de dépanner au poste d’attaquant de pointe, sa méforme évidente lors de cet Euro a clairement pénalisé les Allemands. Alors certes, le match aurait pu prendre une tournure différente si l’arbitre (italien) avait sifflé faute de Pogba sur Kroos. Mais les Allemands ont semblé par la suite passer plus de temps à regretter de ne pas avoir obtenu le penalty plutôt que de concrétiser leurs occasions. Quelque part, la main de Jérôme Boateng contre l’Italie était prémonitoire (et sans gravité dans l’absolu). Celle de Schweini, elle, s’inscrit dans la réalité. Et a fait sombrer l’Allemagne dans les ténèbres. Contre l’Italie, la Mannschaft avait réussi à ne pas se laisser dépasser par la tournure des événements et avait démontré lors de la séance de tirs au but qu’elle était capable de s’en sortir au mental. En arrachant une victoire aussi importante à la suite d’un exercice aussi périlleux, l’Allemagne a montré qu’elle en avait dans le ventre. Rien ne semblait pouvoir l’atteindre à nouveau.

Le nouvel échec de la génération dorée

Mais ces dernières années, l’Allemagne a très rarement été menée au score, et quand elle l’a été, notamment contre la Pologne en éliminatoires, elle n’a jamais trop su quoi faire. Peut-être que jeudi soir, avec Hummels, Gómez, et surtout Khedira, véritable leader sur le terrain, toujours prêt à recadrer ses copains, la donne aurait été différente. L’Allemagne a eu du mal à faire sans eux. En seconde période, même Toni Kroos, pourtant connu pour son sang-froid, a paru complètement paumé, ratant des passes assez faciles et refusant de tirer quelques coups francs. La blessure de Jérôme Boateng, tant redoutée durant le tournoi, finit par arriver et achève le collectif allemand. Sans leur « Boss » , les joueurs de la Mannschaft courent comme des poulets sans tête. En faisant entrer Götze et Sané, Löw a essayé tant bien que mal d’inverser la tendance, sans doute un peu trop tard. Comme en 2012, l’Allemagne ne perd pas contre plus forte qu’elle, mais contre plus vaillante et paradoxalement mieux organisée qu’elle. Si en 2014, Schweinsteiger et les siens avaient réussi à donner un dernier coup de rein contre l’Argentine pour remporter le titre mondial, il leur a manqué ce supplément d’âme cette année. À l’image de son capitaine, l’Allemagne va devoir se poser quelques questions. Depuis l’arrivée de Löw à sa tête, la NM n’a jamais fait moins bien que demi-finaliste. Mais n’a que trop rarement fait mieux.

Hugo 2-0 Manuel
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