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Dembélé, plus le temps pour les regrets

Par Romain Duchâteau
Dembélé, plus le temps pour les regrets

Parce qu’il avait sans doute trop de talent et qu’il n’avait jamais su l’utiliser à bon escient, Moussa Dembélé a jusqu’ici laissé la trace d’un gâchis inestimable. Mais alors qu’il continuait sa chute libre à Tottenham, le milieu belge s’est extirpé de sa torpeur cette saison. Pour enfin briller comme il le devait.

De l’immensité d’un talent découle souvent son lot d’attentes. Le problème, avec lui, c’est que les plus belles promesses ont précédé les plus grands regrets. Parce qu’à vingt-huit ans au compteur, Moussa Dembélé a épousé une trajectoire indigne de l’incroyable potentiel qu’on lui prêtait à ses premiers émois. C’était le temps de la splendeur. Des prédictions les plus folles. Une époque révolue où, un jour, l’un de ses buts avait été qualifié de « huitième merveille du monde » . Puis le temps est passé. Inexorablement. Mais du temps, Dembélé n’en bénéficie plus ou presque à mesure que le crédit qu’on lui avait accordé s’est étiolé. Et alors qu’on estimait que sa carrière avait atteint un point de non-retour et qu’elle laisserait le goût d’un incommensurable gâchis, le Belge a repris le fil d’un parcours émaillé de déceptions et de jouissances éphémères. Cette saison, à Tottenham, Moussa rugit à nouveau. Scintille et ne distille plus son talent que par intermittence. Enfin.

Nonchalance, inefficacité et matchs choisis

Ces moments de grâce offerts par son pied gauche délicieux, on a bien cru ne jamais les revoir sur les pelouses du Royaume. Car quand Moussa Dembélé pose ses bagages à Londres à l’été 2012, c’est accompagné d’une réputation flatteuse. Plaque tournante de Fulham durant deux années, le milieu de terrain belge quitte les Cottagers pour dix-neuf millions d’euros avec l’ambition de franchir un palier et se voit, au moment de son départ, adouber par Martin Jol. « Dembele est probablement le meilleur joueur avec un ballon que j’ai jamais vu » , encense le manager néerlandais. Chez les Spurs, l’enfant de Wilrijk reçoit la lourde tâche d’assurer la succession de Modrić et Van der Vaart. « Je l’ai perçu comme un milieu offensif, qui pouvait se projeter vers l’avant et se créait des occasions, et avait aussi la possibilité de jouer en soutien de l’attaquant » , explique Chris Miller, membre du fanzine The Fighting Cock, l’un des plus influents et populaires du club londonien. Si les six premiers mois se révèlent tonitruants sous André Villas-Boas, la suite s’avère moins reluisante. La frustration et les remontrances affleurent alors.

Parce que le gaucher virtuose n’utilise pas son talent à bon escient. Positionné en milieu box-to-box, il passe son temps à ralentir le jeu, à abuser des touches de balle et se montre incapable d’éclairer le jeu par des passes judicieuses. Pis encore, Dembélé donne la fâcheuse impression de choisir ses matchs et de ne vouloir s’illustrer que contre les poids lourds du Royaume. « Dembélé a vécu une période mitigée, analyse Chris Miller. Soit il jouait très bien, soit très mal. J’ai rarement vu un joueur autant sortir à la mi-temps que lui. Souvent, c’était d’ailleurs facile de dire après quelques minutes s’il était dans un bon jour ou non. » Durant le mandat de Tim Sherwood (décembre 2013-mai 2014), il continue de garder une place prépondérante en dépit d’une irrégularité chronique. Mais l’arrivée de Mauricio Pochettino lors de l’été 2014 marque la fin de la récréation. Le coach argentin n’est pas aussi indulgent que ses prédécesseurs et n’hésite pas à le reléguer sur le banc, même en Coupes (40 apparitions toutes compétitions confondues dont seulement 19 titularisations). L’ex-joueur de Willem II et d’Alkmaar, qui n’épure toujours pas son jeu, recule dans la hiérarchie des milieux au profit des jeunes Mason et Bentaleb. Et son départ, à l’aube de la cuvée 2015-2016, semble alors inéluctable.

Vraie renaissance ou sursaut d’orgueil ?

Mais si beaucoup de milieux de terrain ont été priés d’aller voir ailleurs cet été (Paulinho, Capoue, Stambouli), Dembélé n’a pas emprunté le même chemin. L’international des Diables rouges (61 sélections, 5 buts) s’est vu accorder une toute dernière chance par Pochettino. « Il figure dans mes plans, martelait l’ex-entraîneur de l’Espanyol Barcelone en août dernier. Je pense qu’on doit essayer de le mettre dans les meilleures dispositions et de trouver sa meilleure position sur le terrain afin qu’il montre sa vraie valeur ici. » Cette dernière main tendue, le joueur l’a pleinement saisie. Profitant de l’émergence d’Eric Dier au poste de numéro six, il a enfin pu prouver l’étendue de son talent cette saison au gré de performances séduisantes et régulières. Que ce soit en soutien de l’attaquant ou en tant que numéro huit. « Quand il joue derrière l’attaquant, il a pour mission de presser la défense adverse et de percer le milieu de terrain en les malmenant physiquement et en les forçant à faire une erreur avant de passer rapidement le ballon, étaye Chris Miller. Lorsqu’il évolue plus bas, il a le rôle d’une navette chargée de faire circuler le ballon de l’arrière vers l’avant. Ce qu’il fait de manière toujours fantastique est de recevoir le ballon dans des espaces restreints et d’arriver à le conserver en dépit d’être pressé par les milieux de terrain adverses. Sa faculté de conservation et sa capacité de dribble sont à peu près sans équivalent en Premier League. »

Les chiffres traduisent également l’influence indéniable de Dembélé sur l’équipe des Spurs. Sur les dix-neuf matchs de championnat qu’il a débutés comme titulaire, Tottenham a essuyé un seul revers. C’était lors de la première journée à Old Trafford (1-0, août 2015). Allan Nyom, latéral droit de Watford qui a eu l’occasion à deux reprises de voir le Belge en évidence cette saison (1-2 en décembre, 1-0 en février), loue d’ailleurs ses qualités : « C’est un très bon milieu de Premier League, intense dans ses efforts. Techniquement, il est bon, et physiquement, il est costaud aussi, a une grosse présence physique. Ça l’aide beaucoup. Ce qui montre sur le terrain, c’est très intéressant. Il récupère beaucoup de ballons et en perd peu, c’est assez impressionnant. » Après avoir éveillé les promesses les plus folles sans jamais les tenir, après avoir laissé jusqu’ici l’image d’un joueur éminemment talentueux, mais desservi par sa nonchalance, Moussa Dembélé n’a plus le temps pour les regrets. Et Tottenham, qui n’a plus soulevé un titre depuis 2008, entend bien profiter de son pied gauche si soyeux à douze journées du terme du championnat. Avec, pourquoi pas, une nouvelle « huitième merveille du monde » offerte ? White Hart Lane et le Nord de Londres n’attendent que ça.

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Par Romain Duchâteau

Propos de Chris Miller et Allan Nyom recueillis par RD

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