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De Rossi, l’éternel retour

Par Adrien Candau
De Rossi, l’éternel retour

Longtemps privée de son capitaine, absent trois mois cette saison à la suite d'une blessure au genou, la Roma a retrouvé Daniele de Rossi fin janvier et vient d'enquiller quatre succès toutes compétitions confondues. Mais si la Louve n'a pas encore appris à se passer de son increvable numéro 16, qui devrait débuter face à la Lazio lors du derby ce samedi, l'inverse semble tout aussi vrai.

À 35 piges passées, il a récemment tenu à mettre les choses au clair : « Je prendrai ma retraite quand je ne pourrai plus affronter mes adversaires. Et, si possible, avant de perdre le plaisir de jouer. » Le message est limpide : aux obsédés de la jeunesse, du renouvellement d’effectif, du changement perpétuel, Daniele de Rossi oppose un refus poli, mais ferme : non, son heure à la Roma n’est pas encore venue. Les blessures ? Elles ne l’ont jamais découragé de retaper à l’ombre sa vieille carcasse, pour revenir en force. Les chiffres de l’âge ? De la simple arithmétique, stupide, vide de sens. Pour jauger De Rossi, il faut laisser les statistiques loin derrière et tout simplement ouvrir grand les mirettes. Car il y a encore beaucoup de jolies choses qui sont capables d’émerger des pieds de ce zozo-là.

L’irremplaçable

Une illustration concrète du phénomène ? Ce match que la Louve a livré le week-end dernier face à Frosinone. Alors que la Roma est en train de concéder un match nul 2-2 face au 19e de Serie A, le capitaine giallorosso envoie une merveilleuse passe en une touche dans les pieds d’El Shaarawy, qui n’avait dès lors plus qu’à transmettre à Edin Džeko, pour que le Bosnien puisse inscrire le pion de la victoire à la 95e minute. Du De Rossi dans le texte : un regard, une transmission longue qui retombe harmonieusement dans les pieds d’un coéquipier. Le quarterback romain ne galope peut être plus autant qu’auparavant, mais les courbes de passes que son pied est capable de dessiner restent un atout unique au sein de l’effectif romain.

Lors de la fameuse « Romantada » effectuée par le club de la capitale face au Barça la saison dernière, il avait livré un match fabuleux, régulant l’entrejeu, offrant d’entrée une passe décisive pour Džeko et enfin en inscrivant en patron le penalty du 2-0. Depuis que la Roma a créé l’exploit face aux Catalans, la Louve a pourtant numériquement étoffé son entrejeu, alors que Steven Nzonzi, Javier Pastore, Bryan Cristante et Nicolò Zaniolo ont été recrutés au mercato estival. Mais aucun ne semble aujourd’hui en mesure de se hisser auniveau des standards fixés par De Rossi. Quand le numéro 16 giallorosso est sur le pré, quelque chose se passe : avec lui sur le terrain, la Roma facture ainsi presque 2 points par match en Serie A, là où elle n’en aligne globalement qu’1,76 par rencontre en moyenne en championnat cette saison.

La dernière ligne droite

Alors, la Louve peut-elle composer aujourd’hui sans Daniele de Rossi ? A priori, non. L’inverse semble tout aussi vrai d’ailleurs : l’Italien a encore du jus dans les gambettes et compte bien en faire profiter tout le monde avant de dire ciao a tutti. Reste encore à savoir si, à différer sa fin de carrière, le joueur ne risque pas de faire de l’ombre au développement de ses éventuels successeurs dans l’entrejeu. Voire même de tomber dans le syndrome de la saison de trop. De Rossi avait d’ailleurs déjà évoqué sa retraite à l’été 2016 : « Un joueur d’âge mûr doit être en phase avec son physique. Ce pourrait être ma dernière saison. » Deux ans plus tard, le voilà toujours fidèle au poste, mais son inévitable retrait des terrains plane comme une épée de Damoclès au-dessus de la caboche des tifosi giallorossi. Alors oui, la Roma pourrait bien morfler quand elle perdra Daniele De Rossi. Ou peut-être pas. Après tout, le départ de Francesco Totti avait été compensé par l’avènement d’Edin Džeko en pointe et celui d’Alisson dans les cages. Il avait surtout été immédiatement suivi d’une demi-finale de C1 et d’une troisième place en Serie A. Et derrière De Rossi, les lignes bougent dans la ville éternelle.

Tout n’est pas parfait, loin de là, mais il y a de bons motifs d’espoir. Face à Porto en C1 le 12 février dernier, la Roma avait notamment aligné un entrejeu 100% italien, ou de Rossi était accompagné des jeunes loups Lorenzo Pellegrini (22 ans) et Bryan Cristante (23 ans). Un peu plus haut, sur l’aile droite, on retrouvait même un gamin de 19 piges, Nicolo Zaniolo, qui, dans un style différent de De Rossi, pourrait peut-être un jour s’affirmer comme son successeur pour piloter le milieu de terrain romain. Ça tombe bien, parce que s’il compte bien continuer à s’esquinter sur les terrains jusqu’à ce que son corps lui dise stop, De Rossi, lui, a confié avoir pensé à sa reconversion : « Je n’aime pas mettre de cravates, mais je veux continuer avec mes crampons. Je pourrais être entraîneur et je pense que je serais bon. Je pourrais peut-être être l’entraîneur adjoint d’Eusebio Di Francesco ou de Luciano Spalletti ou d’un autre entraîneur avec qui j’aime travailler. Ça me permettrait de rester sur le terrain et dans les vestiaires, et pas derrière un bureau. » Mais pour l’instant, il y a la Lazio qui se présente à l’Olimpico ce samedi et un derby à disputer. Les adieux attendront encore.

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Par Adrien Candau

Tous propos issus de Sky Sports et de la Gazzetta dello Sport.

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