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Darío Benedetto : des ballons trop légers, vraiment ?

Par Jérémie Baron
Darío Benedetto : des ballons trop légers, vraiment ?

Darío Benedetto a trouvé une explication rationnelle à ses débuts laborieux sous le maillot de l'OM : le poids des ballons de Ligue 1, supposés plus légers que ceux dans lesquels il a tapé en Argentine. Cela méritait bien qu'on se penche sur le sujet.

L’obtention de ce penalty n’était de toute façon pas très glorieuse. Le samedi 17 août, date de deuxième journée de Ligue 1, à la Beaujoire, l’Olympique de Marseille s’est procuré – avec un peu de réussite – son premier coup de pied de réparation de la saison après un coup de billard entre Abdoulaye Touré et Boubacar Kamara, puis une longue hésitation de Benoît Bastien face à son écran VAR. La suite appartient à Darío Benedetto, mais aussi d’ores et déjà à l’histoire. « C’était une pénalité de rugby, c’est la première fois que je tire un penalty aussi mal, déclarait-il après coup pourClarín. Le ballon est vraiment différent par rapport au football argentin, il est très léger. En plus de ça, j’ai incliné mon corps en arrière… J’ai tout fait de travers. » Tout en concédant qu’il ne s’était pas assez couché sur sa balle pour expliquer cette tentative envoyée en Tribune Loire, l’attaquant de 29 ans a surtout sorti la carte du ballon défectueux, tel un ado un peu trop fier accusant sa connexion wifi ou un problème de joystick après avoir essuyé une branlée sur FIFA.

Une fourchette de 25 grammes

L’objet sur lequel la recrue argentine déverse son fiel porte le doux nom d’Elysia, bébé de la marque Uhlsport et cuir officiel du championnat de France depuis le début de la collaboration entre l’équipementier et la LFP, en 2017. Cette saison, Elysia « subit une petite révolution avec une nouvelle construction qui laisse apparaître des panneaux composant un Hexagone, indique la Ligue. Ses nouvelles couleurs : marine, jaune lime et un bleu qui vient électriser l’ensemble. » Voilà pour les présentations. Le canonnier, qui n’avait jusqu’ici connu que les championnats argentin et mexicain (entre 2013 et 2016), ressent-il vraiment une différence au point d’être envoûté par cette nouvelle sphère à dompter ?

Pour Olivier Lassalle, directeur du développement de la marque Uhlsport, c’est très peu probable, car les standards ne sont pas censés bouger d’un pays à l’autre : « Notre ballon répond à la norme FIFA pro, qui encadre son poids. Donc du moment qu’il est dans la norme, il est conforme au jeu. Tous les championnats élites sont censés jouer avec un ballon labellisé FIFA Pro. C’est très normé, il y a très peu de marge de manœuvre et aucun désir de faire un ballon plus ou moins léger. Il y a une latitude de 25 grammes, donc dans une fourchette entre 420 et 445 grammes. » C’est d’ailleurs à peu de choses près ce qu’avait répondu l’English Football League à Pep Guardiola il y a deux ans, lorsque le technicien catalan – qui ne venait pas d’Amérique latine, lui – pestait contre les poids plumes des ballons qui avaient été introduits en League Cup.

Un cousin du Telstar

Si l’on s’en tient aux discours des instances, la paranoïa n’a pas lieu d’être. « Si le ballon est chargé d’eau, il est un peu plus lourd. En fonction de la température extérieure, il peut être un peu plus lourd. Donc l’environnement extérieur et le gonflage peuvent effectivement faire varier ce poids, poursuit Lassalle. On n’est pas totalement maître. Il y a des sensations qui sont propres aux joueurs avec des ballons plus souples, plus agréables pour jouer, avec des trajectoires plus ou moins fiables. Il est fréquent, quand on loupe une occasion, d’accuser le ballon. » Qu’est-ce que l’attaquant avait connu jusqu’ici en matière de pelota pour manger ce vilain coup de nostalgie ? « Le ballon utilisé pour tous les matchs de Superliga argentine la saison dernière, tout comme en coupe nationale, est un modèle Adidas similaire à celui du Mondial en Russie » , informe Hugo Avalos, journaliste argentin pour le média Pasión Fútbol.

« Argentino 18 » , puisqu’il s’agit de lui, ne serait donc a priori pas plus lourd que ce qui est tâté chaque week-end sur les pelouses de Ligue 1 ; et s’il se rapproche réellement du Telstar et ses trajectoires aléatoires, ce serait même plutôt le contraire. En Copa Libertadores, c’est en frappant dans les modèles « Ordem V » et « Merlin » de Nike – utilisés en Liga, Premier League ou Italie – que Benedetto a défendu les couleurs de Boca ces derniers mois : du classique, et jusqu’à preuve du contraire, aucun joueur n’a fait état d’une grosse différence entre les gonfles de nos voisins et celles de notre championnat. Et peut-être mis à part un déplacement périlleux de Boca sur la pelouse de Wilstermann (à 2570 mètres au-dessus du niveau de la mer) le 6 mars dernier, la question de l’altitude n’entre pas en jeu pour Super Darío, qui aurait certainement été plus rassuré avec un ballon marqué de trois bandes ou de la mythique virgule plutôt que d’une entité allemande dont il n’avait jamais entendu parler. En tout cas, le constat d’Avalos est clair : « Je pense que la déclaration de Benedetto montre surtout qu’il lui faut encore s’adapter à un nouveau football dont il n’a jamais fait l’expérience. » Avant que son penalty ne retombe, le buteur a un peu de temps devant lui.

Par Jérémie Baron

Propos de OL et HA recueillis par JB

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