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Dans les frissons de Nantes
Auteur d'une vibrante deuxième période vendredi lors de la réception de Lens (3-2), le FC Nantes - dixième - se stabilise en milieu de tableau et prouve, après une moitié de championnat, qu'il a retrouvé une âme.
Vendredi soir, c’était évènement à la Beaujoire, et pas seulement parce que le RC Lens de Franck Haise descendait en Loire-Atlantique. Disparu le 5 décembre à 72 ans, le Britannique John Miles était de retour dans la playlist du FC Nantes avec son tube « Music » , qui accompagnait systématiquement l’entrée des joueurs à Louis-Fonteneau jusqu’en 2008. Les Canaris ont pris leur temps, mais ils ont rendu un brillant hommage au musicien, lors de cette soirée face aux Sang et Or, avec une deuxième période étincelante pour prendre la tête au tableau d’affichage, in extremis, au terme des 90 minutes (3-2). Un scénario jamais vu pour le FCN depuis seize ans, bien avant l’ère Kita donc. Il s’agit surtout de la toute première victoire nantaise face à une équipe du premier quart du championnat cette saison, tout simplement, même si ce n’est pas la meilleure version du RCL qui s’est présentée dans la cité des ducs de Bretagne. Mais ça n’a pas empêché Ludovic Blas de s’enflammer au coup de sifflet final : « Le premier but, ça donne des ailes. Par la suite, on a marché sur l’eau, tout simplement.[…]On n’avait pas gagné contre une équipe du top 5 depuis le début de la saison. On voulait marquer le coup. Je pense que cette victoire va nous faire du bien dans la tête. Elle va nous donner énormément de confiance parce que ce que l’on a fait ce soir, c’est énorme. »
2005 – Nantes a gagné après avoir été mené de 2 buts lors d’un match de Ligue 1 pour la 1re fois depuis le 27 novembre 2005 contre Strasbourg (1-3 puis 4-3). À l’inverse, Lens n’avait plus perdu après avoir mené de 2 buts depuis le 20 septembre 1985 contre Paris. Folie. #FCNRCL pic.twitter.com/Bwiw4lfvH6
— OptaJean (@OptaJean) December 10, 2021
C’est aussi la deuxième fois seulement, après les démonstrations à Angers (1-4) et contre Brest (3-1) en septembre, que les hommes d’Antoine Kombouaré prennent six points en deux rencontres consécutives. Symbole d’une dynamique peu à peu retrouvée pour cette formation qui, après un début d’exercice tonitruant, était tranquillement rentrée dans le rang. Depuis la trêve internationale de mi-novembre, les Jaune et Vert se sont découvert des ressources insoupçonnées à Paris (avec un FCN revenu dans le match et proche de l’exploit malgré la défaite 3-1 au bout), à Lille (nul 1-1 arraché face à un adversaire supérieur), à Lorient (victoire 1-0 grattée sur la seule frappe cadrée du match après avoir fait le dos rond durant 90 minutes) et enfin face à Lens ce vendredi (succès validé dans le temps additionnel après être rentré aux vestiaires à la mi-temps à 0-2) : beaucoup de rencontres qui, la saison passée, auraient très mal tourné pour les Canaris. Il n’y a finalement que contre l’OM de Jorge Sampaoli, Gerson et Dimitri Payet, à domicile lors de la seizième journée (0-1), que la maison jaune a vraiment semblé impuissante, même si accrocheuse.
Le Blas blesse
Au Moustoir, c’est Wylan Cyprien, recrue estivale et remplaçant du jour, qui a débloqué la situation. Rafraîchissant, quand on sait que cette équipe, la plupart du temps, est souvent portée par les mêmes hommes, à peu près ceux qui ont sauvé le club en 2020-2021 d’ailleurs. Avec l’explosion de l’omniprésent Ludovic Blas (sept pions, une passe décisive et un rôle vital un peu partout sur le terrain), l’atterrissage terminé du patron Pedro Chirivella dans l’entrejeu, l’assurance retrouvée d’Alban Lafont (un peu passé au travers contre Lens) derrière, les jambes infernales de Moses Simon dans le couloir gauche et le talent de Randal Kolo Muani devant, Nantes a une base solide sur laquelle se reposer. Les deux derniers nommés, moins en vue depuis quelques semaines, se sont même réveillés au moment opportun, ce week-end, pour terrasser Lens. Andrei Girotto, lui, s’est montré impérial en charnière centrale sur les deux récents succès nantais – comme à chaque fois qu’il est aligné à ce poste – quand Nicolas Pallois, 34 ans, alterne les très gros matchs bien testostéronés et les passages à vide.
Sans imprimer de réelle patte ou identité tactique à son équipe – il n’était clairement pas venu pour ça -, Antoine Kombouaré a néanmoins bien redressé le navire depuis son arrivée à la barre en février dernier (13 succès, 7 nuls et 13 revers depuis son arrivée, une dixième place en ce moment), avec un maintien obtenu un peu miraculeusement (grâce notamment à une victoire au Parc des Princes en mars et un gros sprint final) au bout d’une saison cauchemardesque sur tous les plans. Et ce, alors qu’il doit composer avec un groupe extrêmement limité : un désert au poste de latéral (des deux côtés) qui a notamment amené le jeune milieu de terrain Quentin Merlin à faire son trou dans le couloir gauche, une profondeur de banc inexistante (Marcus Coco, Jean-Kévin Augustin, Anthony Limbombe et Renaud Emond ont disparu de la circulation alors que des jeunes comme Abdoulaye Sylla ou Gor Manvelyan ne sont pas encore entrés dans la rotation), mais aussi des renforts de l’intersaison au rendement très discutable (Willem Geubbels, Osman Bukari, Wylan Cyprien). Vendredi, le Kanak pouvait en tout cas être satisfait de ses troupes : « Tout ce qu’on a fait de mal en première s’est renversé. On a été énormes dans l’agressivité, quitte à se retrouver parfois à trois contre trois derrière, on a récupéré beaucoup de ballons, ce qui a permis d’alimenter nos attaquants et d’avoir plus d’occasions.[…]C’est une immense fierté pour moi de voir la Beaujoire exploser comme ça. Il y a eu un tournant à Lille avec le penalty arrêté par Alban (Lafont, face à Jonathan David), ce succès sur la fin à Lorient et là, alors qu’on n’avait jamais battu une équipe du top 5. Chapeau. » Cela fait même quelques jours que Waldemar Kita n’a pas fait de vague : les planètes semblent alignées.
Par Jérémie Baron