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Dans la famille Simeone, le fils

Par Léo Ruiz, à Buenos Aires
Dans la famille Simeone, le fils

Ça se passe en Uruguay, à l'occasion du Sudamericano Sub20 : avec trois doublés et un nouveau but hier, Giovanni Simeone, fils du Cholo, écrase le classement des buteurs. Le jeune attaquant de River Plate se montre au monde, mais a encore du chemin à faire.

C’est peut-être la dernière de vos préoccupations, mais depuis le 14 janvier, l’Uruguay accueille le Sudamericano Sub20. En jeu : quatre tickets pour le Mondial 2015 des promesses du football international – en Nouvelle-Zélande – et un autre pour les JO de Rio. Ceux-là mêmes que Kurzawa et ses collègues regarderont à la télé. Un rapide coup d’œil sur le classement des buteurs de cette compétition – qui intéresse en revanche particulièrement les observateurs/détecteurs du monde entier – éveille l’attention. Numéro 1, Giovanni Simeone, avec sept pions en quatre matchs. « Gio » a 19 ans et est attaquant de pointe. Né à Madrid, trimbalé à Milan puis à Rome par le papa, il a fini par s’installer à Buenos Aires avec la madre et les deux petits frères quand El Cholo a raccroché les crampons, à Racing, en 2005/2006. Débarqué au centre de formation de River Plate quelques années plus tard, quand l’actuel gourou de l’Atlético Madrid en était le coach, Gio y a fait toutes ses gammes et pointe le bout de son nez en Primera depuis un an et demi. 29 matchs, 4 buts avec les pros. C’est pas fou, mais c’est déjà beaucoup pour un gamin qui, contrairement à ce que l’on peut penser, en a chié pour en arriver là.

Au nom du père

Giovanni le reconnaît, il est très collé à son géniteur. Au point de lui demander son avis – et son aval – à chaque proposition d’interview, et de l’appeler avant et après chacun de ses matchs. Plus qu’un papa, Diego est un héros, un modèle, un guide. Alors, quand le petit rejoint la catégorie 95 des catégories inférieures de River, les critiques fusent. « Au début, c’était très dur d’être le fils de. J’entendais tout le monde parler de moi comme un pistonné et j’en ai chié pour me faire une place dans le groupe. Désormais, mes coéquipiers me traitent comme Giovanni, et non pas comme Simeone. » Il faut dire qu’à son arrivée au centre, « Gio » n’est pas simplement le fiston de l’entraîneur de l’équipe première. C’est aussi un joueur limité avec ses pieds. Raúl Giustozzi est éducateur chez les plus jeunes de River : « Au début, il venait d’Europe, où il n’avait pas eu la possibilité de véritablement commencer sa formation, puisqu’il voyageait d’une ville à une autre. Il fallait tout reprendre de zéro. Mais il n’avait qu’une chose en tête : devenir joueur professionnel. » Profil bas, discret, bosseur, il passe sur les critiques et écoute attentivement ses coachs et les conseils de son père, qui lui demande d’étudier et de copier les déplacements de Falcao, alors buteur vedette du Millonario. Peu à peu, sa détermination et son humilité lui font gagner le respect de tous. Parfois, il apporte discrètement aux entraîneurs des chaussures de foot pour les gamins du club qui n’ont pas les moyens de s’en acheter. En 2011, le premier contrat pro est signé, avec une clause à 15 millions d’euros.

Renard des surfaces

C’est deux ans plus tard que tout s’accélère. Gio est convoqué par Ramón Díaz avec l’équipe première, fait quelques premières apparitions et ouvre son compteur, contre Tigre. River joue sur tous les fronts et Ramon, puis El Muñe Gallardo, son successeur, ont besoin de relève. Quand Teo Guttiérez ou Rodrigo Mora sont absents ou laissés au repos (comme lors de la demi-finale aller de Sudamericana, contre Boca Juniors, à la Bombonera), c’est lui et Lucas Boyé qui sont envoyés au charbon, avec « beaucoup de stress » et plus ou moins de réussite. La suite de l’apprentissage passe donc par la sélection nationale : « Gio » fait partie des sparrings convoqués par Sabella au Brésil, et de la liste d’Humberto Grondona pour ce Sudamericano Sub20 uruguayen. Avec sept buts en quatre matchs, le numéro 9 ne passe pas inaperçu, comme le confirme D’Onofrio, le président de River : « Désormais, tout le monde le veut. Mais on ne peut pas le laisser partir » . Matias Almeyda, ancien de River, pote du Cholo et entraîneur de Banfield, a pourtant déjà causé avec le joueur pour le faire venir. Mais avant de s’emballer, ces buts en pagaille avec l’Albiceleste mérite d’être analysés de plus près : face à des défenses en bois, Gio se contente généralement de pousser les caviars d’Ángel Correa (crack de San Lorenzo acheté par l’Atlético Madrid) et de Leo Suárez (crack de Boca acheté par Villarreal) au fond des filets. Un talent encore à prouver, donc, mais déjà une détermination à toute épreuve. « Je veux terminer meilleur buteur de ce tournoi. Je suis fou de foot, je ne pense qu’à ça, au point d’oublier de vivre et de profiter de mes proches. C’est quelque chose que j’ai hérité de mon père. » Pas sûr que ça lui suffise à réaliser la même carrière.

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