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Dan Delaunay (Versailles), spécialité Coupe de France

Par Antoine Donnarieix
Dan Delaunay (Versailles), spécialité Coupe de France

Gardien de but du FC Versailles 78, Dan Delaunay a réussi l’exploit de se qualifier pour une deuxième demi-finale de Coupe de France consécutive au sein d’une équipe issue du monde amateur. Contre l’OGC Nice, le portier formé dans la prestigieuse école du HAC aura à cœur d’offrir à son équipe une finale de rêve au Stade de France pour enfin acquérir le respect qu’il mérite aux yeux du football professionnel.

À première vue, le 8 avril 1995 n’est pas à mettre dans les dates glorieuses du Havre Athletic Club. Ce jour-là, les Ciel et Marine rendent visite au Sporting Club de Bastia à Armand-Cesari pour le compte de la 32e journée de Division 1. Après avoir mené deux fois au score grâce à Alain Caveglia et Vikash Dhorasoo, les Hacmen s’inclinent 3-2 dans le temps additionnel lorsque Stéphane Ziani trompe la légende Christophe Revault. Mais au-delà du goût amer de la défaite en terre corse, la ville du Havre a vu naître Dan Delaunay. Vingt-six ans plus tard, le bébé a bien grandi et facture 1,88m pour 89 kilos. Et par-dessus tout, le gardien de but s’est qualifié avec le FC Versailles 78 en demi-finales de la Coupe de France sur la pelouse de Bergerac-Périgord au terme d’une crispante séance de tirs au but (1-1, 5-4 TAB).

Dès le premier entraînement, il a mis tout le monde d’accord après ses deux ou trois premiers arrêts. On avait récupéré un bon numéro.

Un exploit ? Pas vraiment, puisque le gardien avait atteint le dernier carré de la compétition sous le maillot du GFA Rumilly-Vallières, sorti aux portes de la finale par l’AS Monaco lors de la précédente édition. « Quand on l’a vu débarquer, c’était un grand nounours, costaud, avec les épaules et la mâchoire carrée, résume son ancien coéquipier Vincent Di Stefano. Il avait une tête de gentil, et très vite, on a vu que c’était un très bon gardien. Quand tu vois sa grande carrure, tu te dis : « OK, voyons ça dans les cages. » Dès le premier entraînement, il a mis tout le monde d’accord après ses deux ou trois premiers arrêts. On avait récupéré un bon numéro. » Delaunay, un gardien de coupe ? En réalité, c’est bien plus que cela.

Cavée verte : Le Havre a d’incroyables talents

Dans la famille Delaunay, Dan grandit à six minutes montre en main du mythique centre de formation de la Cavée verte où sont couvés les meilleurs éléments de la région poste par poste. Voisin des Delaunay, Michel Courcel prend l’enfant sous son aile. « De 9 ans à 17 ans, il était à ma charge, déroule l’ancien entraîneur des gardiens au HAC. Je l’ai eu tôt, mais comme tous les entraîneurs spécialistes au club, je demande à ce que les gardiens passent une première année comme joueur de champ. Ensuite, j’ai demandé à ce qu’il apprenne les gestes du gardien, comme l’utilisation des mains ou les chutes. Au fur et à mesure, j’accentue l’aspect technique, le positionnement, la tactique. Petit à petit, nous sommes passés d’une séance par semaine à quatre séances à ses 14 ans. » Aux côtés de son formateur, Delaunay récite ses gammes dans une académie de référence et passe un cap, notamment en U16 où ses performances en coupe nationale font leur effet et lui permettent de connaître le plaisir d’être convoqué en équipe de France de sa catégorie.

Il y a presque une vingtaine de gardiens issus du HAC qui ont évolué à un très bon niveau national dans les 25 dernières années. Ici, il n’y a pas de frilosité à faire jouer les jeunes gardiens issus du centre et c’est important.

« Au Havre, la culture des gardiens est présente depuis Revault, Fabien Piveteau et même avant, poursuit Courcel. Nous avons construit ensemble l’école des gardiens en 1997, d’où sont sortis Olivier Blondel, Nicolas Douchez, Carlos Kameni, Steve Mandanda, Johny Placide, Édouard Mendy, Zacharie Boucher, Brice Samba… Tout cela sans parler des gardiens comme Dan. Il y a presque une vingtaine de gardiens issus du HAC qui ont évolué à un très bon niveau national dans les 25 dernières années. Ici, il n’y a pas de frilosité à faire jouer les jeunes gardiens issus du centre et c’est important. Il n’y a pas d’utilité à la formation si derrière les gamins ne jouent jamais. » À ce titre, Delaunay va jouer pour le HAC jusqu’en 2013, année où vient le moment de signer pro. Mais à un poste ultra concurrentiel où Zacharie Boucher (1992) et Brice Samba (1994, jugé « stratosphérique » par son éducateur) sont déjà engagés par l’équipe professionnelle, le portier normand se retrouve face au premier tournant de sa jeune carrière. « Chez les pros, il faut deux voire trois gardiens, synthétise Courcel. En tant que troisième gardien, certains préfèrent tenter leur chance ailleurs et s’offrir du temps de jeu. Dan avait 17 ans, Boucher venait de prendre la place en numéro un. En moyenne, un gardien reste deux ans avant de partir. Là, il allait peut-être rester quatre ans en jouant très peu. C’est avant tout une question de circonstance et d’opportunité. Parfois, dans l’entonnoir, ça bouche un peu. »

Montagnes russes et Manuel Neuer

À la manière d’Édouard Mendy, Delaunay continue de se faire les dents grâce au monde amateur et s’engage à l’US Quevilly en prenant toujours soin de rester près de ses racines normandes. Bien lui en prend. Durant cinq ans, le portier voit le club changer de stature grâce à la fusion avec le FC Rouen et participe activement à l’arrivée de QRM en Ligue 2 en l’espace de deux saisons. D’abord, une montée vers le National en 2015-2016 avec seulement 22 buts encaissés en 30 matchs, puis une accession à la L2 en 2016-2017 grâce à une deuxième place acquise derrière Châteauroux et 37 pions concédés en 34 journées. À 22 ans, Delaunay intègre l’échelon professionnel avec ses avantages… et ses incohérences. Acheté 700 000 euros à Brest lors de l’intersaison, Joan Hartock récupère le poste de titulaire dans les buts du promu. Résultats des courses : Delaunay ne joue que 6 matchs de championnat pour 10 buts encaissés, QRM perd sa stabilité défensive et termine la saison en position de relégable. Malgré ses intérims honorables, Delaunay souhaite passer à autre chose et cherche du temps de jeu ailleurs, comme à l’époque havraise.

Connaisseur du monde amateur, le colosse va tenter sa chance aux Herbiers, tout récent finaliste de la Coupe de France face au PSG. Mais cette fois-ci, une grave blessure va stopper net son expérience. C’est le début d’une longue remise en question et d’une attente liée à sa convalescence. « J’ai eu quelques sollicitations de clubs, mais ces derniers, à cause de ma longue blessure, ne sont pas allés plus loin, évoquait l’intéressé dans les colonnes du Dauphiné Libéré. C’est alors que le président du GFA m’a contacté. Dans un premier temps, il m’a expliqué que le club recherchait un gardien. Ensuite, j’ai eu le coach au téléphone qui m’a expliqué les objectifs du club. J’ai été convaincu de signer. » En Haute-Savoie, Delaunay ne va pas jouer le haut du tableau de N2, mais il peut retrouver une place de titulaire assurée. Et de toute manière, la lutte pour le maintien n’aura pas lieu, pandémie oblige.

Il prend une place folle dans le but et il a de grosses mains.

Alors ? Alors il reste la Coupe de France, l’unique moyen pour réellement briller. Face à Limonest (N3) au septième tour, Prix-les-Mézières (N3) en 32es de finale et le FC Annecy (N1) en 16es, Delaunay joue un rôle central en détournant cinq tirs au but en trois séries. Une performance digne de Manuel Neuer, dont il est un fervent admirateur. « Il prend une place folle dans le but et il a de grosses mains, décrit Di Stefano. Ce n’était pas un aboyeur, mais un mec qui réservait tout pour le terrain. Il n’hésitait pas à nous replacer avec sa voix grave, cela permettait de bien se faire comprendre. Et dans les sorties, quand tu fais sa taille et son poids, ça déménage. Quand c’est décidé, il y va à fond ! Face à Limonest, il nous avait fait une sortie hors de sa surface pour le moins ambitieuse, mais on s’en était bien sorti ! (Rires.) Dan se rapproche beaucoup plus de Manuel Neuer que de Jérémie Janot. »

« Dan ramenait sa sono de chantier et sa machine à faire de la fumée pour mettre l’ambiance »

Cela dit, le taiseux normand n’est pas le dernier à célébrer comme il se doit les victoires acquises à la force des bras. « Après chaque tour en Coupe, on avait toujours deux ou trois semaines pour récupérer donc on pouvait se lâcher, dévoile Di Stefano. Dan ramenait sa sono de chantier et sa machine à faire de la fumée pour mettre l’ambiance. Notre directeur sportif se le rappelle encore ! » Aujourd’hui versaillais et candidat à la montée en N1, Delaunay gardera peut-être le souvenir du GF Albanais comme celui du club qui l’a définitivement fait rebondir. « C’est souvent une phrase qu’on dit à tort et à travers, mais Dan était réellement le premier arrivé et le dernier parti, assure Di Stefano. Il faisait ses échauffements, sortait ses élastiques et savait ce qu’il avait à faire. »

Le travail paie aussi pour Delaunay ? Pour Courcel, tout cela n’est qu’une question de temps et peu importe l’actuelle concurrence avec Aly Yirango, titulaire en championnat chez le leader de la poule A de N2. « Si Dan monte avec Versailles en N1, ce sera la deuxième fois après QRM. Et si Versailles a un bon projet sportif, peut-être que Dan pourrait encore arriver en Ligue 2. Mais le voir capable de réaliser deux demi-finales consécutives en Coupe de France avec une équipe issue du monde amateur, cela prouve que son potentiel est bel et bien existant et qu’il l’utilise à bon escient. Personnellement, c’est un plaisir de voir que Dan arrive à en tirer des bénéfices et qu’il puisse à long terme étendre ses capacités au maximum. Ce n’est certainement pas fini. » Di Stefano abonde dans le même sens pour évoquer l’avenir de celui qui considère l’AS Saint-Étienne comme son club professionnel préféré et Geoffroy-Guichard en stade favori : « Dan pourrait jouer professionnel et pas forcément en France. Qui sait, peut-être que dans deux ans il sera là où il doit être. À Versailles, ils ont vraiment une belle équipe. Je dirais qu’ils ont plus les moyens de faire l’exploit contre Nice que nous, à l’époque, face à Monaco… » Au moins, Christophe Galtier est prévenu : il vaudrait mieux éviter les tirs au but.

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Tous propos recueillis par AD, sauf mentions.

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