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Reims, un grand cru avec du discount
Pour la première fois depuis son dernier titre dans l’élite du football féminin en 1982, le Stade de Reims a terminé dans le top 4 de D1, ce qui lui permet d’affronter l’OL en demi-finales des play-off ce dimanche (17h). Une performance collective réalisée avec des moyens financiers pourtant ridicules : symptomatique du manque de considération dont souffrent encore beaucoup d’équipes féminines en France.
« Je pense que personne ne croyait en nous, à part nous. C’est incroyable, et on le mérite. » Voilà comment la capitaine Rachel Corboz résumait, à l’issue de la victoire face au Paris Saint-Germain (2-1) synonyme de qualification pour les play-off de D1, la saison hors normes vécue par les Rémoises. Abandonnée pendant près de 30 ans, repartie de troisième division en 2014 et remontée dans l’élite en 2018, la section féminine du SDR renoue avec son glorieux passé et s’invite parmi les quatre meilleures équipes de l’Hexagone pour la première fois depuis 1982, année de… son cinquième et dernier titre de champion de France. Ce dimanche à 17 heures, elle affrontera l’immense Olympique lyonnais en demi-finales du championnat.
Peu d’observateurs imaginaient l’équipe champenoise, qui compte parmi les plus petits budgets de première division (1,3 million), aller aussi haut cette saison. Pourtant, à l’issue de la phase régulière, les joueuses de l’épatante Amandine Miquel – qui a connu un parcours atypique, sans passer par une carrière de joueuse, et a fait monter l’équipe quasiment dès son arrivée – présentent un bilan de 10 victoires, 5 nuls et 7 défaites en 22 journées. Avec 35 points au compteur, les Marnaises ont devancé le FC Fleury – habitué à compléter le top 4 les saisons précédentes – de 2 unités. Classé huitième (2020), sixième (2021), septième (2022) puis sixième (2023) depuis sa remontée, Reims suit une trajectoire ascendante, grimpant à son rythme.
Miquel chrome
« C’est une belle fin et après huit saisons, si on m’avait dit qu’encore une fois avec ce groupe-là on irait chercher plus haut, je ne l’aurais pas cru », confiait Miquel il y a quatre jours. Si personne ne s’attendait à cette sensation, c’est avant tout parce que les derniers mercatos ont été particulièrement difficiles pour les Rouge et Blanc, qui ont vu plusieurs cadres ou jeunes promesses fuir vers de nouvelles destinations, notamment l’été dernier : Melchie Dumornay à l’OL, Kessya Bussy au Paris FC, Sonia Ouchene à Montpellier…Et la liste est encore longue.
Pour les remplacer, le Stade a dû avoir le nez fin et faire des « coups ». À l’image d’Anaële Le Moguédec, venue de Nantes et qui a signé six passes décisives et offrandes. Ou Noémie Mouchon, arrivée libre de Lille et qui est presque parvenue à faire oublier Dumornay, terminant sixième meilleure buteuse du championnat avec neuf réalisations. Faire bien avec des moyens de Lilliputiens – problème systémique dans ce championnat –, voilà le credo des Rémoises chaque saison. Des conditions de performance difficiles, parfaitement représentées par l’entraîneuse : cette dernière, en plus de devoir diriger l’équipe, est également intendante du club, chauffeuse de minibus, directrice du mercato… Et gère à peu près tout, en vérité : « Ça me rend triste de le dire, mais je suis obligée de pratiquer des salaires très bas (moins de 1000 euros pour certaines joueuses). C’est dur de ne pas pouvoir récompenser les joueuses et les membres de mon staff », regrettait-elle auprès de L’Équipe.
Les déplacements des Rémoises ressemblent souvent à des aventures, cette saison. Celui à Paris en janvier, en pleine restriction de circulation en Île-de-France à cause de la neige ? « On va essayer de dormir à l’hôtel, on n’a pas assez de chambres. […] Je devais réfléchir ce matin à des recrues hivernales, mais j’ai dû chercher un hôtel et un bus pour ce soir, donc je n’ai pas eu le temps », racontait Miquel après la défaite face au PSG (4-0). La venue à Lyon ce week-end ? « Il faut qu’on réfléchisse à comment on y va parce qu’on n’avait pas voulu préparer le déplacement pour ne pas se porter la poisse, lâchait-elle mercredi. Donc je lance un appel, si un hôtel veut bien nous héberger gratuitement… et il nous faut un bus aussi. »
Amandine Miquel sur son avenir : « Je n’avais pas forcément anticipé que je serai retenue au BEPF au bout de la deuxième fois. C’est une très bonne nouvelle ! » pic.twitter.com/BSeCwIShi8
— Anna Carreau (@annacarreau) April 12, 2024
Une situation de précarité qui a poussé plusieurs fois l’entraîneuse à vouloir aller, elle aussi, voler vers de nouveaux horizons. L’Atlético de Madrid l’a approchée l’an dernier, mais c’est bien à Reims que Miquel rempilera la saison prochaine, après avoir été retenue pour intégrer la promotion 2024-2025 du BEPF (brevet d’entraîneur professionnel de football). Cet historique top 4, les Rémoises ne l’ambitionnaient même pas initialement, dixit Miquel : « La quatrième place, qu’on n’a jamais cherché à avoir, qu’on a eue quand même longtemps, elle nous revient finalement, c’est une belle fin. Personne n’avait misé sur Reims et on est là ! »
@so_foot Samedi au Parc des princes, le Paris Saint-Germain a battu le Paris FC aux tirs au but et s’est qualifié pour la finale de D1 féminine ! #CapCut #sofoot #footballtiktok #sportstiktok #foryou #pourtoi #footfeminin #footballfeminin #womenfootball #D1 #d1feminine #d1arkema #psg #paris #parissaintgermain #parcdesprinces
Par Léna Bernard
Propos d’Amandine Miquel après PSG-Reims recueillis par AEC, au Campus PSG