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Coupet : « J’ai quitté une usine à gaz »

Par Alexis Billebault, à Dijon
Coupet : « J’ai quitté une usine à gaz »

Au mois de mai dernier, Dijon officialisait l’arrivée de Grégory Coupet (47 ans) comme nouvel entraîneur des gardiens, en fin de contrat à Lyon. Jeudi après-midi, le septuple champion de France a exprimé tout son bonheur d’avoir signé au DFCO, où il a retrouvé Peguy Luyindula et David Linarès. Il a aussi taillé quelques costards à Juninho et Rudi Garcia, à qui il reproche une attitude au minimum ambiguë.

Deux cents bornes séparent Lyon et Dijon, mais Grégory Coupet avait à peine achevé sa conférence de presse de présentation que quelques oreilles sifflaient déjà dans les bureaux de l’OL. Et aussi à Tignes, où Rudi Garcia a emmené ses joueurs en stage, pour respirer le bon air de l’altitude. On replante le décor : jamais une conférence de presse n’avait été organisée à Dijon pour présenter un adjoint. Mais le CV de l’intéressé justifiait pleinement de casser la tradition. À 47 ans, Coupet pèse sept titres de champion de France avec l’OL, une Coupe de France, une Coupe de la Ligue, cinq Trophées des champions, une carrière qui l’a mené à Saint-Étienne, à Lyon, à l’Atlético de Madrid et au Paris-SG. Et plus de 34 sélections en équipe de France. Et parce que l’affluence médiatique s’annonçait importante, le service communication du club avait choisi le parc des Sports plutôt que la salle de presse du centre d’entraînement des Poussots pour organiser l’évènement.

Humour et ironie

Quand Olivier Delcourt, le président dijonnais, s’est pointé un peu avant 14h30, Coupet était déjà là. Bronzé, souriant, en jean et chemise blanche, l’ancien gardien de but a d’abord laissé son nouvel employeur donner quelques précisions sur le deal de deux ans scellé entre les deux parties. « Ce que je peux vous dire, c’est que les choses ont été faciles. J’ai rencontré Grégory chez moi, au mois de mai. Une rencontre en toute simplicité, et nous sommes tombés rapidement d’accord. Pour Dijon, c’est évidemment une excellente nouvelle, car il va nous apporter son vécu, son expérience son professionnalisme. Quant à la genèse de cette arrivée, je laisse Grégory vous expliquer. » Et c’est là que le spectacle a commencé.

Je savais que la cellule de recrutement du DFCO était en pleine restructuration, et je souhaitais lui demander quelque chose pour un copain.

Coupet, qui a toujours parlé cash, n’a pas failli à sa réputation. Sans jamais monter dans les décibels, le natif du Puy-en-Velay a expliqué, souvent avec humour et ironie, comment l’aventure avec l’OL s’était terminée. Avec une pointe d’amertume, aussi. « Pendant le confinement, j’ai appelé Peguy Luyindula. Je savais que la cellule de recrutement du DFCO était en pleine restructuration, et je souhaitais lui demander quelque chose pour un copain. Puis on a discuté d’autres sujets. Peguy a joué et vécu à New York, où résident encore sa femme et ses enfants. Comme j’étais en fin de contrat à l’OL et que je n’avais pas de nouvelles, je lui ai dit que s’il entendait parler de quelque chose pour moi à New York, j’étais partant… »

Des messages restés sans réponses

Déjà, en janvier, j’avais demandé, parce que cela fait partie de mon travail, ce que le club comptait faire avec les gardiens. Et j’en avais profité pour essayer de savoir ce qu’on voulait faire avec moi. Sans réponse.

Une semaine plus tard, son pote directeur sportif le rappelle, mais pas pour un plan à Big Apple. L’ancien attaquant lui propose de venir à Dijon, où enfle la rumeur d’un départ de Laurent Weber, l’entraîneur des gardiens depuis 2012, en fin de contrat. « J’ai dit que cela m’intéressait, mais qu’il fallait d’abord que la situation de Weber soit clarifiée. Je ne voulais pas lui savonner la planche. » Une fois Weber prévenu que son aventure au DFCO s’arrêtait là, Coupet monte à Dijon et rencontre Delcourt. À Lyon, sa signature au DFCO fait évidemment du bruit. « Ils ont été étonnés… Mais j’ai joué onze ans et demi là-bas, j’y ai été entraîneur des gardiens… J’ai pourtant l’impression qu’ils ne me connaissent pas. Ils savent que j’aime quand les choses sont claires. Déjà, en janvier, j’avais demandé, parce que cela fait partie de mon travail, ce que le club comptait faire avec les gardiens. Et j’en avais profité pour essayer de savoir ce qu’on voulait faire avec moi. Sans réponse. Puis, pendant le confinement, j’ai tenté d’avoir des nouvelles. Toujours rien. Quand la date du déconfinement a été annoncée, j’ai envoyé un message à Juninho pour lui dire que ce serait l’occasion de se voir, avec Rudi Garcia. N’obtenant pas de réponse, j’ai ensuite envoyé un mail à Juni, avec copie à Rudi et à Vincent Ponsot (directeur général adjoint en charge du juridique). Aucun ne m’a répondu. »

Finalement, une visio-conférence a lieu le 20 mai, une méthode qui a déçu Coupet, qui aurait préféré une rencontre physique. « Je prends cela comme un manque de considération. Tout cela est opaque. Je ne demandais rien d’autre qu’une réponse. Je ne voulais pas d’augmentation, rien. L’attente était insupportable. » Mais le 20 mai, quand une partie de l’état-major sort de son sommeil pour discuter le bout de gras avec Coupet, celui-ci a donné son accord au DFCO.

Déçu par Juninho

Quand l’OL a recruté Ciprian Tătăruşanu, je n’ai pas été informé. Juni me disait aussi que j’étais trop proche des gardiens. Il fallait bien qu’on trouve quelque chose à me reprocher.

Durant cette conférence de presse, Coupet a donc confirmé que ses relations avec Rudi Garcia n’étaient définitivement pas chaleureuses. « Nous n’avons pas la même vision du management, du collectif. Il n’y avait pas d’affinités entre nous. Quand il est arrivé à l’OL en octobre dernier, il s’est appuyé sur son noyau dur. » Une manière de dire que les deux hommes n’allaient pas boire des coups ensemble après l’entraînement. Et à lire entre les lignes, Coupet soupçonne l’ex-coach du DFCO d’avoir contribué au pourrissement de sa situation à propos de sa situation contractuelle. Juninho, aussi, a beaucoup déçu son ex-coéquipier, et pas seulement parce que le Brésilien ne répondait pas à ses messages. « Quand l’OL a recruté Ciprian Tătăruşanu, je n’ai pas été informé. Juni me disait aussi que j’étais trop proche des gardiens. Il fallait bien qu’on trouve quelque chose à me reprocher », grince Coupet, qui a lui-même appris à Anthony Lopes qu’ils ne travailleraient plus ensemble : « Il a été déçu, mais pas vraiment étonné. »

Je m’entends déjà très bien avec Stéphane Jobard, l’entraîneur, qui m’a d’ailleurs confié la responsabilité des coups de pied arrêtés, une nouveauté pour moi.

Durant toutes ces semaines d’incertitude, Coupet a tenté, aussi, d’obtenir des informations auprès de Jean-Michel Aulas. Mais le président de l’OL, trop occupé à écrire à la terre entière pour tenter de faire redémarrer la Ligue 1, s’est contenté de quelques SMS trop flous aux yeux du nouveau Dijonnais. « Il est très occupé, l’OL est une grosse machine. Il délègue beaucoup… » Aujourd’hui, Coupet fait partie du staff technique de Dijon, avec son pote David Linarès, l’entraîneur-adjoint. Avec Luyindula dans les bureaux et Éric Carrière, consultant à Canal + et qui vit juste à côté de Dijon, où il a monté une affaire dans le commerce du vin, c’est un petit groupe de Lyonnais qui s’est reconstitué. Et tant pis si Dijon n’a pas le même standing que l’OL. « Ce n’est pas important. Je suis un passionné, et ce qui me plaît ici, c’est le côté humain. Je m’entends déjà très bien avec Stéphane Jobard, l’entraîneur, qui m’a d’ailleurs confié la responsabilité des coups de pied arrêtés, une nouveauté pour moi. On échange beaucoup, c’est un vrai plaisir, et je suis là pour apporter mon expérience et faire progresser les gardiens. J’ai quitté une usine à gaz pour un club familial, et cela me va très bien… »

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