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Cornet, le couac messin

Par Florian Cadu
Cornet, le couac messin

Formé à Metz, Maxwel Cornet s’est révélé avec le club lorrain avant de se fâcher avec les dirigeants pour des questions contractuelles. Résultat : l’aventure s’est tristement terminée en eau de boudin. Regrettable, surtout au vu du comportement irréprochable du joueur.

Énigme du jour : combien de minutes Maxwel Cornet a passé avec le maillot de Metz sur le dos durant ses sept derniers mois au club ? Réponse : zéro. Que ce soit en équipe première, en équipe réserve ou chez les jeunes. Rien. Le néant total. Grosse blessure ou grave pathologie ? Ni l’un ni l’autre. Durant la deuxième moitié de l’année 2014, le clan du joueur est tout simplement en conflit ouvert avec les dirigeants, qui ont décidé de le mettre au placard. L’aventure entre les deux parties s’arrête même à cause de ça, avec un départ à l’Olympique lyonnais le 16 janvier 2015 pour environ 400 000 euros (d’autres sources parlent quant à elles de 150 000 euros), six mois avant la fin de son contrat. Triste, quand on sait que le Français avait rejoint l’équipe lorraine en 2003 à l’âge de sept ans.

Désiré par la Juve, tricard à Metz

Jusqu’à ce début de saison 2014-2015, tout avait pourtant roulé. Cornet avait traversé le long couloir de la formation sans se prendre de porte ni trébucher, malgré une vitesse de course bien supérieure à la moyenne. À la suite de ses belles performances en CFA, l’adolescent arrivé en France à trois ans et demi se donne le droit de découvrir le haut niveau. Pas la Ligue 1, Metz ne retrouvant l’élite qu’en 2014, mais le National, puis la Ligue 2, sans oublier la Coupe de France et la Coupe de la Ligue. « Il a commencé avec les professionnels dès ses seize ans, se souvient José Jeunechamps, entraîneur adjoint de l’équipe entre 2012 à 2015 (soit la période pro de Maxwell à Metz). Le voir là n’était pas étonnant : sa vitesse sans et avec ballon était absolument hors norme. Dans son profil, il était impressionnant. Et il allait toujours vers l’avant. » Ce qui aurait même fait tourner la tête de la Juventus, Chelsea ou Arsenal en 2012. Les quelques buts qui accompagnent ses prestations prometteuses encouragent donc les Grenats à placer d’énormes espoirs en lui.

Oui, mais voilà : le temps de jeu offert par Albert Cartier à la pépite messine n’est visiblement pas jugé suffisant par le principal intéressé. Ou plutôt par ceux qui l’accompagnent. Car très vite, les négociations à propos d’un nouveau contrat virent au vinaigre. À cause des personnes gravitant autour du footballeur, selon Jeunechamps : « Tout le monde savait qu’il y avait des tensions entre son entourage et Metz, qui est pourtant un club très stable et très humain et avec lequel il n’est pas difficile de bien s’entendre. Je dis bien « son entourage », parce qu’il était entouré par des personnes impatientes qui n’avaient apparemment pas la même philosophie que le joueur. Le garçon, lui, n’avait rien à se reprocher professionnellement parlant. Le financier, la durée du contrat, il semblait n’en avoir rien à faire. Il voulait juste jouer et progresser dans son métier. Travailler avec lui était vraiment très agréable. C’était un joueur très à l’écoute et travailleur. Il existait donc un véritable contraste entre l’image personnelle qu’il renvoyait à l’entraînement et les exigences de son entourage. »

Investissement et force de caractère

Un entourage qui incite donc le petit bonhomme à refuser net les prolongations de contrat proposées. Incompréhensible pour Philippe Gaillot, le directeur général adjoint : « On a fait une proposition comme jamais on n’en avait fait, je pense, dans l’histoire de notre club. On a été très proches d’un accord et puis il y a un retournement de son entourage. C’est tellement étrange, surréaliste de ne pas voir une proposition comme ça.(…)Mais ce n’est pas une histoire d’argent puisque à Lyon, il gagne moins que ce qu’il aurait eu à Metz. » Toujours est-il qu’à partir de ce moment-là, les décisionnaires du club, irrités par ce qu’ils considèrent comme un manque de respect, choisissent de mettre de côté Cornet. Lequel ne tape ainsi plus dans la balle le week-end. Mais continue quand même de s’entraîner avec ses futurs ex-partenaires la semaine. « En tant que membre du staff, on se doit d’être en phase avec la stratégie du club, quelle qu’elle soit. Mais c’était frustrant de laisser un joueur de cette qualité sur le côté, de voir un tel gâchis s’amplifier de semaine en semaine, regrette Jeunechamps.On a fait le maximum pour ne pas le laisser à l’abandon. Il y avait des entraînements prévus pour lui, ou on lui concoctait du surplus d’entraînement. »

Dans la tête de l’attaquant, la situation pèse également lourd. Reste qu’il en faut plus pour le faire tomber. « Il dispose d’un mental gros comme ça, témoigne Patrick Gonfalone, son ancien coach en équipe de France U19 qui le sélectionne quand même malgré le contexte. Il restait très bon avec moi. Et ça m’étonnait qu’il ne joue pas, car j’avais face à moi un garçon bosseur. » C’est que Cornet en a vu d’autres. Touché par des problèmes personnels familiaux dès l’enfance, l’Ivoirien, qui a opté pour la sélection de son pays natal africain, s’est forgé une « belle force de caractère dont il faisait preuve durant les entraînements, assure Jeunechamps. Il ne venait pas à l’entraînement avec des pieds de plomb, et gardait l’envie de progresser, d’aller plus haut. Il a bien géré la situation malgré son jeune âge. Il s’agit d’un garçon qui sait souffrir et qui n’est pas un enfant pourri gâté comme certains pourraient le croire. » À lui d’aller chercher sa place de titulaire pour affronter son ancienne équipe.

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Par Florian Cadu

Propos recueillis par FC, sauf ceux de PG (L'Équipe)

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