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Conte, l’intransigeance suicidaire

Par Florian Cadu
Conte, l’intransigeance suicidaire

Après l’épisode Diego Costa, Antonio Conte est en étrange conflit avec David Luiz, l’un des joueurs les plus utilisés par l’Italien depuis son arrivée à Chelsea. Et malheureusement pour le défenseur, son entraîneur passe rarement l’éponge sur le passé. Quitte à se mettre une partie d’un club à dos. Avant de devoir le quitter ?

Pour la majorité des passionnés de football, il s’agit d’un tacticien hors pair. D’un meneur d’hommes génial. D’un gagneur à l’appétit jamais rassasié. D’un ancien joueur de haut niveau au pragmatisme démesuré. D’un entraîneur qui fait partie des meilleurs de la planète aujourd’hui. Et en vérité, personne ne peut nier qu’Antonio Conte est tout ça à la fois. Assis sur des bancs plus ou moins confortables depuis 2006, l’Italien démontre depuis plus d’une décennie qu’il appartient au gratin mondial. Mais comme le yang qui ne peut exister sans la présence du yin, l’homme possède lui aussi sa part d’ombre.

Chez Conte, cela se traduit par des clashs violents et réguliers avec certains de ses soldats. Paradoxal pour un coach dont l’une des principales forces réside dans la relation qu’il crée avec ses protégés. « Attention, Conte, c’est un sanguin, explique Pedro Kamata. C’est quelqu’un qui vient de Lecce, dans le sud de l’Italie, où les gens sont beaucoup comme ça. » Celui qui a fait partie de son effectif à Bari (2008-2009) et à Sienne (2010-2011) reconnaît ainsi qu’il a assisté à des disputes assez bruyantes : « Il ne faut pas faire la mauvaise langue en disant qu’avec Conte, tout est beau, tout est rose. Arrivé à un certain niveau, il y a des joueurs qui ont aussi du caractère, quoi. Comme Antonio. Donc forcément, ça peut partir vite… »

Luiz sur les pas de Costa ?

Ce qui s’est passé avec Diego Costa par exemple, pion essentiel de Chelsea entre juillet 2014 et juin 2017 alors que les Blues recherchaient, en vain, un successeur à Didier Drogba avant son arrivée. Ce qui, visiblement, est également en train de se produire avec David Luiz, cadre du club londonien et titulaire indiscutable avant sa mise à l’écart après la grosse rouste encaissée à Rome en Ligue des champions (3-0). « Lorsque ce genre de situations se produit, Conte ne résout jamais ça en public, informe Kamata. Il règle ça entre quatre yeux, en disant au principal concerné « Viens dans le bureau, on va se dire les choses entre hommes. » » Voilà pourquoi personne n’a jamais vraiment su ce qu’il reprochait exactement à Costa. Et voilà aussi pourquoi personne ne connaît réellement la raison de son conflit avec Luiz (même si des rumeurs provenant de quotidiens italiens évoquent l’amitié entre le Brésilien et Costa).

Problème : orgueilleux à l’extrême, Conte fait difficilement marche arrière. Autrement dit, les secondes chances et le pardon s’avèrent très rares avec lui lorsque « le joueur en question a véritablement fauté, note Kamata. Il n’y a de passe-droit pour personne. Regarde Alessandro Del Piero : à la Juventus, il a eu des problèmes quand Conte a débarqué. Tout simplement parce que tout le monde est logé à la même enseigne. Pourtant, c’était Del Piero, quoi. Il est hyper exigeant. » Costa en sait quelque chose, lui qui attend encore le mois de janvier pour pouvoir refouler les pelouses avec l’Atlético de Madrid sans avoir eu le droit de dire au revoir à Stamford Bridge. Luiz, de son côté, a certes été réintégré dans le groupe (il était remplaçant face à West Bromwich Albion lors de la dernière journée et titulaire dans le onze un poil remanié en Ligue des champions), mais les mots prononcés auparavant par son technicien à son encontre ont augmenté la probabilité d’un transfert, quasi nulle jusque-là. « S’il a un futur à Chelsea ? Je ne sais pas, a répondu sans mettre de forme le transalpin en conférence de presse. Il doit travailler très dur. Sinon, il sera sur le banc ou en tribunes. »

Orgueil mal placé

Or, cette rigoureuse intransigeance, presque maladive, apporte son lot de contraintes. Non seulement elle risque de diviser le vestiaire (beaucoup de ses joueurs, dont Cesc Fàbregas, auraient pris le parti de Costa cet été), mais elle peut également aller à l’encontre de la dynamique sportive. Même si Álvaro Morata fait actuellement du super boulot, la puissance, le leadership et les sacrifices de Costa manquent. Et si Andreas Christensen réalise un bon début de saison, Chelsea a besoin des bouclettes de Luiz pour espérer des résultats conformes à ses attentes. Sans compter que les joueurs bleus, déjà fatigués mentalement par la charge de travail conséquente exigée par Conte, commencent à se lasser de ce genre de méthodes quasi dictatoriales. Ils ne seraient d’ailleurs pas les seuls à souhaiter du changement. Outre-Manche, il se murmure que les dirigeants du champion d’Angleterre en titre auraient déjà acté le départ du manager, dont le contrat prend fin en 2019, pour la saison prochaine. Lequel serait même d’ores et déjà en contact avec le Paris Saint-Germain. Ou comment un suicide peut se transformer en renaissance.

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Par Florian Cadu

Propos de PK recueillis par FC

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