S’abonner au mag
  • France
  • FC Nantes

Comment Nicolas Pallois est devenu une star dans un petit village de Madagascar

Propos recueillis par Jérémie Baron

Elie, 20 ans, supporter du FC Nantes actuellement expatrié à Madagascar dans le village d'Ifaty, a fait de Nicolas Pallois une star locale. Voilà comment.

Turin, Italien, 16.02.2023: Nicolas Pallois (Fc Nantes) in aktion, am Ball, Einzelaktion waehrend des Spiels der UEFA Europa League - Knockout Round Play-Off Leg One zwischen Juventus Turin vs FC Nantes im Allianz Stadion am 16. February 2023 in Turin, Italien. (Foto von Sportinfoto/DeFodi Images) Turin, Italy, 16.02.2023: Nicolas Pallois (Fc Nantes) controls the ball during the UEFA Europa League - Knockout Round Play-Off Leg One match between Juventus FC vs FC Nantes at Allianz Stadium on February 16, 2023 in Turin, Italy. (Photo by Sportinfoto/DeFodi Images) - Photo by Icon sport
Turin, Italien, 16.02.2023: Nicolas Pallois (Fc Nantes) in aktion, am Ball, Einzelaktion waehrend des Spiels der UEFA Europa League - Knockout Round Play-Off Leg One zwischen Juventus Turin vs FC Nantes im Allianz Stadion am 16. February 2023 in Turin, Italien. (Foto von Sportinfoto/DeFodi Images) Turin, Italy, 16.02.2023: Nicolas Pallois (Fc Nantes) controls the ball during the UEFA Europa League - Knockout Round Play-Off Leg One match between Juventus FC vs FC Nantes at Allianz Stadium on February 16, 2023 in Turin, Italy. (Photo by Sportinfoto/DeFodi Images) - Photo by Icon sport

Comment tu t’es retrouvé à Madagascar ?

Dans le cadre de mes études, je devais faire deux mois à l’étranger, cet été. Je suis en stage dans un hôtel, dans le village d’Ifaty (sur la côte ouest du pays, NDLR).

Tu es supporter de Nantes, même si tu ne viens pas de la ville…

Je viens de Rennes, mais je suis pour Nantes à fond, c’est terrible. Mon grand-père amenait mon père au stade Marcel-Saupin à la grande époque, parce que c’était l’équipe du coin, c’était le beau jeu. Et mon père est devenu fan. Mais personne de ma famille n’y a vécu.

La première chose que tu as mise dans ta valise, c’est le maillot de Nicolas Pallois ?

J’ai fait ma valise en fonction de mes maillots ! J’ai ramené tous les maillots de Nantes que j’avais.

Tu as un attachement particulier à Pallois ?

Je pense que tous les supporters nantais ont un attachement particulier à Pallois. J’ai surtout en mémoire l’histoire avec Emiliano Sala, et son but contre Bordeaux deux ou trois semaines après son décès. Tout bon supporter de Nantes est attaché à ce joueur en particulier. C’est mon joueur favori à Nantes, c’est clair et net. Il y a eu (Filip) Djordjevic, (Alejandro) Bedoya, et maintenant il y a Pallois.

Comment a démarré cette histoire ?

J’avais du temps libre, je cherchais à m’occuper. Je suis dans un bel hôtel, alors qu’il y a de la misère partout autour. Il n’y a pas grand-chose, dans ce village, c’est vraiment isolé. Je décide d’aller à Tuléar, la ville la plus proche, à une vingtaine de kilomètres, pour acheter un ballon. La vie n’est pas chère là-bas, mais tout ce qui est importé d’autres pays coûte une blinde. J’ai acheté le ballon vingt euros, alors qu’il n’est pas ouf, et un SMIC là-bas c’est 70 euros, quelque chose comme ça. Ils n’ont pas du tout le budget pour s’acheter un ballon, en plus sur les terrains pourris de là-bas, du stabilisé mélangé à de l’herbe avec du sable, un ballon ne tient que deux ou trois semaines max. Ils font des ballons avec des sacs en plastique. J’étais à peine rentré dans le village que le capitaine de l’équipe est venu me voir et m’a dit, dans un mélange de malgache et de français : « On a une seule faiblesse dans l’équipe, c’est qu’on n’a plus de ballon. » Il a sorti son sifflet, et tous les gens du village sont sortis pour jouer. On joue, j’avais mon maillot Pallois, et à la fin du match, on se réunit tous, et je commence à leur montrer des images de Nantes. J’ai directement montré des images de la Brigade Loire. (Rires.) Ensuite, j’ai montré des images de Pallois. Tous les gosses du village avaient déjà commencé à m’appeler « Pallois ». Ils sont tellement contents d’avoir un ballon qu’on joue tous les jours. Ce n’est pas un club, mais ils se considèrent comme une équipe. Ils essaient d’organiser un match la semaine prochaine contre l’équipe du village d’à côté.

Je leur ai montré à quoi il ressemblait, son but contre Bordeaux, le short relevé. Je leur ai dit qu’en Europe, c’était le joueur phare.

Ils connaissent le foot européen ?

Ils connaissent les grosses équipes. Nantes, ils ne connaissent pas réellement. Un mec avait un maillot de Paris, mais je lui ai dit : « En Europe ça n’est pas Paris, c’est Nantes ! Il y a Mbappé, mais en premier c’est Pallois. » Ils ont un bar dans le village avec deux télés où ils diffusent des matchs. Mais à la Coupe du monde, par exemple, seulement 50% des matchs étaient diffusés à Madagascar.

Qu’est-ce que tu leur as dit, ou montré, sur Pallois ?

J’ai montré des vidéos, j’ai montré à quoi il ressemblait, son but contre Bordeaux, le short relevé. (Rires.) Je leur ai dit qu’en Europe, c’était le joueur phare.

Tu as écrit : « Tout le monde est persuadé que Nicolas Pallois est le meilleur joueur d’Europe. » C’est vraiment le cas, ou tu as exagéré ?

J’ai un peu exagéré. (Rires.) Les jeunes crient « Pallois, Pallois, Pallois », et disent que c’est le meilleur joueur d’Europe. Ceux plus âgés ont compris que c’était une petite vanne.

Tu t’appelles officiellement « Pallois » maintenant, au village ?

J’avais d’abord parlé à trois ou quatre gamins qui étaient derrière le but pendant que je jouais. J’en ai croisé d’autres dans le village qui ont commencé à m’appeler « Pallois » sans même avoir vu mon maillot. Pareil le lendemain : on m’appelait « Pallois » alors que j’avais changé de maillot. Et c’est resté. Mais les plus vieux m’appellent par mon prénom.

Et sur le terrain, tu as un style de jeu à la Pallois ?

Pas du tout. Je me débrouille techniquement, par rapport au reste du village. Mais en club, en France, je suis gardien de but. Je fais 1,75 mètre pour 65 kilos, vraiment à l’opposé de Pallois. (Rires.)

Maintenant, tu vas essayer de leur faire parvenir du matériel ?

Oui, car ils sont une bonne vingtaine et presque aucun n’a de chaussure. Le reste, ils sont tous pieds nus, je ne sais pas comment ils font. On m’a dit que le service d’envoi était vraiment corrompu à Madagascar et que c’était impossible sans se faire voler. J’ai trouvé des gens qui venaient à Madagascar fin juillet et à qui il restait de la place dans les valises. On va leur ramener trois kilos de matériel. Il y a aussi un groupe Facebook qui permet de faire des envois sécurisés. Je suis en train de voir ça. (Une cagnotte a d’ailleurs été créée.)

L’objectif, c’est que ça arrive aux oreilles de Pallois ?

À la base, non ! Mais vu l’ampleur que ça prend, on ne sait jamais. Grâce à un concours du club remporté par mon frère, on avait passé un après-midi avec Emiliano Sala et Guillaume Gillet. Sala nous avait beaucoup parlé de Nicolas Pallois. C’était son vrai pote au club. Mais Pallois est un peu en dehors du star-système.

Dans cet article :
Dans cet article :

Propos recueillis par Jérémie Baron

Articles en tendances

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Dernières actus

20
Revivez France-Belgique (2-0)
Revivez France-Belgique (2-0)

Revivez France-Belgique (2-0)

Revivez France-Belgique (2-0)

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine

Nantes

Emiliano Sala

Nicolas Pallois

13
Revivez la victoire de Lyon à Nantes
Revivez la victoire de Lyon à Nantes

Revivez la victoire de Lyon à Nantes

Revivez la victoire de Lyon à Nantes
20
Pierre-Emerick AUBAMEYANG of Marseille celebrates his goal with Iliman NDIAYE during the UEFA Europa League match between Marseille and Villarreal at Orange Velodrome on March 7, 2024 in Marseille, France.(Photo by Johnny Fidelin/Icon Sport)   - Photo by Icon Sport
Pierre-Emerick AUBAMEYANG of Marseille celebrates his goal with Iliman NDIAYE during the UEFA Europa League match between Marseille and Villarreal at Orange Velodrome on March 7, 2024 in Marseille, France.(Photo by Johnny Fidelin/Icon Sport) - Photo by Icon Sport
Revivez Marseille-Nantes (2-0)

Revivez Marseille-Nantes (2-0)

Revivez Marseille-Nantes (2-0)

France