- C3
- Gr. A
- Lyon-Brøndby (3-0)
Comment Karl Toko Ekambi a calmé tout le monde
Méprisé par une partie du public lyonnais pour un soi-disant manque d’adresse devant le but, Karl Toko Ekambi a répondu à la plèbe. Le Camerounais vient d’inscrire un doublé décisif dans la victoire contre Brøndby pour permettre aux Gones de rester sereins en vue d'une qualification pour les seizièmes de finale de la Ligue Europa. Une preuve supplémentaire que Lyon possède un sacré atout offensif.
L’action est digne d’un festival à la brésilienne, un de ses moments où le monde s’arrête de tourner, et tout le public admire le spectacle. Thiago Mendes ? Bruno Guimarães ? Lucas Paquetà ? Non, l’homme à l’origine de ce joga bonito n’est autre que Karl Toko Ekambi. Depuis le milieu de terrain, le numéro 7 rhodanien se débarrasse du pressing adverse grâce à une roulette, puis sert confortablement Thiago Mendes. Installé dans un fauteuil et sous la clameur populaire ébahie devant la technicité du Lion indomptable, Mendes envoie Rayan Cherki en profondeur. Pendant que l’enfant du pays enchaîne les coups de rein pour créer le décalage, Toko Ekambi se lance dans une course effrénée vers le but adverse. Bien inspiré, l’attaquant reçoit le ballon et reprend d’un plat du pied droit. Longtemps impassable dans la partie, Mads Hermansen doit s’incliner pour la deuxième fois du match face au même homme, meilleur buteur de la Ligue Europa 2021-2022 pour le moment avec trois buts inscrits en deux matchs. Et c’est tout sauf un hasard.
Karl Poteau Ekambi, ça suffit !
Recruté à l’hiver 2020 par l’OL en provenance de Villarreal, Toko Ekambi s’est rapidement traîné une mauvaise réputation sportive à Lyon. La principale raison ? Ses deux occasions manquées devant Manuel Neuer dans une demi-finale de C1 que l’OL ambitionnait de gagner, mais où le septuple champion de France a fini par céder devant la puissance collective adverse. Avec un poteau et un face-à-face perdu contre l’un des meilleurs gardiens du monde, le Camerounais s’est même vu attribuer un surnom peu élogieux : Karl Poteau Ekambi. En clair, l’international est perçu par la majorité des supporters lyonnais comme un joueur d’aile capable de faire la différence par son dribble et sa vitesse, mais incapable de conclure correctement ses actions. Une réelle injustice, surtout lorsqu’on se penche sur ses statistiques avec les Amarillos à son arrivée dans le Rhône : six buts et deux passes décisives en 995 minutes lors de sa première partie de saison 2020-2021, le tout en partageant le poste d’avant-centre avec Gerard Moreno. Ce n’est pas le ratio d’Erling Haaland, d’accord, mais cela mérite de la considération.
Cette année, la donne est la même pour Karl Toko Ekambi. Elle s’est même complexifiée au vu de la concurrence. Ce jeudi soir, l’ancien Angevin a laissé l’axe de l’attaque à Lucas Paquetà, et ce, malgré les indisponibilités de Moussa Dembélé (absent de la feuille de match) et Tino Kadewere (entré en jeu et en retour de blessure). Résultat des courses ? Deux buts et une passe décisive pour Toko, toujours pas numéro 9, mais très largement homme du match. Et finalement, l’intéressé peut remercier l’habileté tactique de son coach Peter Bosz. « J’ai voulu mettre Lucas au milieu, car c’est un joueur qui sait garder le ballon, a confessé l’entraîneur de l’OL en conférence de presse après la rencontre. Karl peut aussi le faire, mais c’était mon choix de laisser Paquetà dans l’axe. » Un pari payant, puisque le Brésilien a offert le premier but du match à Toko d’une habile remise de la tête (64e, 1-0).
« Karl est titulaire à mes yeux, mais… »
Alors c’est vrai, Toko Ekambi n’a pas tout bien fait. Il a notamment manqué de puissance sur son premier tir du match (12e), puis il a réalisé une louche imprécise sur une contre-attaque (37e). Mais globalement, Toko Ekambi s’est aussi montré généreux en délivrant un caviar pour Houssem Aouar, permettant au capitaine de débloquer son compteur but cette saison (86e, 3-0). Déjà décisif pour éviter la défaite contre Lorient lors de la dernière journée de Ligue 1 (1-1), Toko Ekambi prend donc de l’ampleur avec l’OL. « Sa première période était difficile pour lui, tempère Bosz. Je ne le sentais pas vraiment dans le match… Mais en deuxième période, il s’est montré déterminant pour notre équipe. J’ai beaucoup plus apprécié cette partie-là. Karl est un titulaire à mes yeux, mais je considère que j’ai 24 titulaires. Si je considère que j’ai seulement onze titulaires, c’est une erreur. Pour être titulaire, un joueur doit me montrer au quotidien à l’entraînement qu’il mérite sa place dès le départ. Et depuis deux matchs, Karl est titulaire à mes yeux. » Le combat continue.
Par Antoine Donnarieix, au Groupama Stadium