- The Best
Comment Jean-Marc Furlan battrait le onze de l’année de The Best
Dans le cadre des trophées The Best, la FIFA et la FIFPRO ont dévoilé leur onze de l’année. Dans un schéma en 3-3-4 complètement déséquilibré, avec des joueurs évoluant à des positions inhabituelles, voici comment une équipe entraînée par Jean-Marc Furlan pourrait battre cette équipe de stars.
La cérémonie FIFA The Best, qui n’était attendue par personne ce lundi soir, a proposé une petite nouveauté digne des plus grands fantasmes de Zdeněk Zeman : un bon gros 3-3-4 pour proposer un onze de l’année pertinent et alléchant. Hormis l’année dernière, depuis 2005, la copie du Ballon d’or à la sauce FIFA se tenait toujours à un 4-3-3 très classique et plus ou moins équilibré, mais tout cela appartient au passé. Une dream team ? Le rêve de chaque club ? Une équipe injouable ? Laissez-nous rire, ce drôle de collectif jouerait à peine la montée en Ligue 2. Les éclairages tactiques de Jean-Marc Furlan sont là pour le prouver.
Gaëtan Perrin pour les punir
Dans ce schéma devant Thibaut Courtois, le seul qu’on ne pouvait pas caler à un poste inventé, on retrouve une défense composée de João Cancelo, Virgil van Dijk et Achraf Hakimi (où sont Éder Militão, Rúben Dias ou Lisandro Martínez ?) ; un milieu sexy où figurent Casemiro, Kevin De Bruyne et Luka Modrić ; et une colonie d’attaquants incarnée par Lionel Messi, Karim Benzema, Erling Haaland et Kylian Mbappé. Une équipe imbattable ? Pas sûr. « Ils mettent les meilleurs joueurs du monde et après ils ne cherchent pas à savoir si le joueur est à son bon poste, souffle Furlan. La faille que je vois, c’est De Bruyne et Modrić dans les couloirs. Tu te dis : c’est quoi cette connerie ? Ce sont des joueurs axiaux. » Face à cette équipe placée dans un 3-3-4 peu réaliste, il faudrait d’abord trouver le schéma tactique idéal. « Pour les niquer, j’opterais un 4-1-4-1, recommande Jean-Marc Furlan. De façon que Modrić et De Bruyne soient en très grosse difficulté dans les couloirs et que les deux numéros 8 puissent plonger. »
Avec sa défense à trois composée de deux latéraux à vocation offensive, ce onze offrirait de nombreuses possibilités aux adversaires. En manque de repères et trop souvent aspirés sur les côtés, les deux latéraux pourraient se retrouver hors de position à plusieurs reprises pendant 90 minutes, laissant d’immenses espaces se créer entre eux et leur copain Van Dijk. Une brèche dont Jean-Marc Furlan entend bien profiter. « Je demande très souvent à mes joueurs de jouer entre le central gauche ou droit et l’arrière central, parce qu’il y a une faille très importante, explique l’ancien entraîneur de l’AJ Auxerre. Quand tu mets une défense à trois, il faut mettre trois défenseurs centraux de très haut niveau. Là, tu as deux latéraux et un seul arrière central. Tu peux les attirer et les mettre en très grosse difficulté. » Le but serait donc d’attaquer l’espace dans le dos d’Hakimi et Cancelo. Et Furlan a quelques idées en tête : « J’avais Julien Faussurier, qui jouait couloir droit offensif, Gaëtan Perrin, qui est capable de finir et Gautier Hein. Ces joueurs-là sont capables, par rapport à ce que tu leur enseignes, d’être très doués pour finir. »
À la récupération, certains adeptes du kick and rush chercheraient à dégager et favoriser le jeu long. Mais contre autant de joueurs offensifs, le technicien de 65 ans recommande d’essayer de jouer au ballon. « La consigne serait de ressortir le ballon avec les deux paires sur les côtés, explique-t-il. Tu les mets en difficulté avec deux paires de couloir très efficaces. Tu utilises les milieux aussi avec les numéros 8 qui vont plonger dans le dos d’Hakimi et Cancelo. » Et si jamais son équipe est en difficulté, l’ancien tacticien troyen a l’arme secrète : le supersub qui ferait trembler la défense de ce onze. « Pendant deux ans, j’ai eu Gaëtan Perrin, indique-t-il. À chaque fois que je le faisais entrer, il claquait un ou deux buts. »
Birama Touré en sentinelle
Pour résister à ce collectif de stars, qui ferait rêver les amateurs du jeu vidéo FIFA, le travail défensif serait capital. « L’objectif serait de leur subtiliser le ballon, affirme Furlan. T’as onze joueurs de très haut niveau qui sont très doués dans le jeu offensif. Comment tu les mets en très grosse difficulté ? Sur l’aspect défensif. » Dans un 4-1-4-1, le rôle de la sentinelle est primordial, car il doit gérer le meneur de jeu adverse ou l’attaquant qui décroche. Face à ce onze de l’année, ce serait sans doute Benzema qu’il faudrait surveiller, mais pas d’inquiétude, Furlan a la solution : « Par exemple, je ferais jouer Birama Touré, qui était exceptionnel. En sentinelle, c’est le plus doué et le plus costaud que j’ai connu. Il me tenait la baraque à lui tout seul. »
Vient désormais le débat d’une défense haute, tout en laissant la profondeur à l’adversaire ou une défense basse, au risque d’être acculés devant le but. Furlan privilégie la première option. « Si j’arrive à leur choper le ballon, ça serait une défense plus haute, développe l’ancien défenseur central. Si tu recules et tu te blottis dans tes trente-cinq derniers mètres, ils vont se régaler. En revanche, si tu les mets très haut, que tu les empêches de prendre la profondeur et que tu les mets hors jeu, alors ils sont en difficulté. » Dans ce cas de figure, l’équipe devra jouer le hors-jeu à la perfection, afin de gérer la profondeur contre un attaquant comme Mbappé. Là encore, certains joueurs ayant évolué sous les ordres de Furlan pourraient répondre aux attentes. « Jubal Jr., Alexandre Coeff et Théo Pellenard étaient très bons dans ce domaine », indique-t-il. Pellenard-Haaland, faites vos jeux.
Par Alexandre Ross
Propos de Jean-Marc Furlan recueillis par AR