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  • Coupe du monde 2018

Comment je suis tombé amoureux de… (épisode 7)

Par Adrien Hémard, Steven Oliveira et Éric Maggiori
Comment je suis tombé amoureux de… (épisode 7)

Parfois, il suffit d'une action pour tomber amoureux d'un joueur. En voilà trois qui nous ont tapé dans l'œil lors de la deuxième journée de la phase de poules du Mondial.

Luis Advíncula

L’action qui nous a fait succomber :Ailier ? Latéral droit ? Le rôle de Luis Advíncula dans cette équipe du Pérou n’est pas vraiment défini. Mais ce n’est pas semble-t-il un problème pour le Péruvien aux cheveux peroxydés. Il n’y a qu’à voir sa fin de match face à l’Australie. Alors que le Pérou mène 2-0, et n’a plus rien à jouer, si ce n’est son honneur, dans ce Mondial 2018, Luis Advíncula cavale sur son aile droite et pénètre dans la surface pour tenter de récupérer un centre de Christian Cueva. 45 secondes plus tard, le milieu australien, Mathew Leckie, se retrouve seul face au portier Pedro Gallese, avant de voir une fusée lui voler le ballon sur un tacle glissé de toute beauté. Une fusée qui porte le nom de Luis Advíncula. Le tout à la 83e minute d’un match où le latéral de 28 ans a fait autant d’allers-retours dans son couloir droit que Laure Manaudou à un entraînement de Philippe Lucas.

Pourquoi il est si excitant : Au-delà de son nom de famille fort sympathique, Luis Advíncula est avant tout un athlète exceptionnel. Un gaillard de 1,78 mètre, capable d’avoir la vitesse d’Usain Bolt – il a d’ailleurs été flashé à 36,15 km/h lors d’un match face à Chivas –, tout en ayant les poumons de N’Golo Kanté. Et si parfois, sa technique ressemble à celle de Blaise Matuidi, cela ne l’empêche pas de claquer quelques grands ponts sur son couloir droit. Autant dire qu’il aurait pu exceller dans n’importe quel sport. Sauf le 25 kilomètres marche, car ce n’est clairement pas dans sa philosophie de vie qui consiste à apporter du bonheur aux gens en cavalant comme un dingue durant 90 minutes.

Et il vient d’où ?Luis Advíncula est clairement ce qu’on peut appeler un baroudeur, ce qui est plutôt logique vu le nombre de kilomètres qu’il avale à chaque match. Né à Chincha Alta au Pérou, le meilleur latéral droit de ce Mondial a d’abord fait ses gammes au pays, au Juan Aurich et au Sporting Cristal, avant de s’envoler en Europe. Un eldorado ? Pas vraiment puisqu’il ne dispute pas la moindre rencontre avec le club ukrainien de Tavria Simferopol, avant d’en jouer seulement deux avec Hoffenheim. La suite ? Des prêts au Brésil, au Portugal, un transfert à Bursaspor, un prêt en Argentine, un transfert aux Tigres d’André-Pierre Gignac et un nouveau prêt aux Lobos BUAP. Résultat, dix clubs et huit pays différents en neuf ans. Solide. Mais ceci importe peu puisque Luis Advíncula n’a jamais déçu lors de ses 69 sélections avec le Pérou. Chiffre plaisir, évidemment.


Ludwig Augustinsson

L’action qui nous a fait succomber :La ville d’Ekaterinbourg a été baptisée ainsi par son fondateur Pierre le Grand en l’honneur de sa femme Catherine. S’y rendre, c’est donc s’attendre à trouver l’amour, comme lors de ce Mexique-Suède du 27 juin. À la cinquantième minute, la Suède assiège la surface de la Tri, mais ne trouve pas la faille, 0-0. Larsson décale Berg sur le côté droit. Ce dernier centre à ras de terre, mais Forsberg est trop court, et Claesson ne peut que dévier le ballon en défiant les lois de la physique : la sphère s’envole, suit une trajectoire aléatoire. Ce qui ne doit rien au hasard, c’est la présence d’Augustinsson à son point de chute. Flanqué de son numéro 6, l’arrière gauche suédois se retrouve en position d’ailier gauche. Dans les six mètres, il arme sa reprise de volée. Le temps s’arrête. La balle finit par atterrir sur le pied gauche de Ludwig Augustinsson. À peine le temps de le câliner, qu’elle roule déjà dans les filets d’un Ochoa crucifié.

Pourquoi il est si excitant : Parce qu’il est le prototype du blond suédois, à qui tout réussit, entre innocence, culot et fermeté. Innocence, comme lorsqu’il court vers le banc de touche après son but, ne sachant pas trop comment célébrer un tel évènement. Finalement, il enlace Ola Toivonen, en lequel on s’est tous reconnus. Culot, comme quand deux minutes après sa volée, il avale son couloir gauche, élimine Álvarez d’une « CR » – ou « Didier Drogba » – derrière la jambe d’appui et enroule juste au-dessus de la lucarne gauche. Fermeté, parce qu’avant de se projeter sur son aile, il verrouille surtout son côté gauche et éteint son adversaire, comme Layún en ce 27 juin. Et enfin, parce que grâce à sa solidité défensive, il permet à son ailier, Emil Forsberg, de dézoner sans culpabiliser, pour créer. Finalement, le véritable héritier de Zlatan, c’est lui.

Et il vient d’où ?Comme un Suédois sur dix, Hans Carl Ludwig Augustinsson vient de Stockholm, où il est né le 21 avril 1994. Soit 2 747 ans après la fondation de Rome – selon la tradition romaine –, dont les empereurs portaient le titre d’ « Auguste » . Déjà, le bambin s’inscrit dans un destin impérial. C’est aussi la date de création du FC Nantes, 51 ans plus tôt : encore un signe qui prédestine Ludwig à briller en jaune. Après des premiers pas à l’IF Brommapojkarna, il débarque à l’IFK Göteborg en 2013-2014, où il reste une saison le temps de gagner une Coupe de Suède. Comme ses ancêtres Vikings, il entreprend de partir à la conquête de l’Europe : première étape, le voisin danois et le FC Copenhague. De sa signature en janvier 2015, à son départ pour le Werder Brême l’été dernier, il s’offre trois Coupes du Danemark et deux championnats, finissant même meilleur passeur de l’édition 2014-2015. Pas mal pour un latéral gauche. Suffisant pour poursuivre sa migration plus au sud, au Werder Brême. S’il continue sur sa lancée à ce Mondial, il pourrait bien reprendre son périple dès cet été.


Cho Hyun-woo

L’action qui nous a fait succomber :Le moment où il est sorti de chez le coiffeur. En passant d’une tignasse brune quelconque à une crête orange, Cho Hyun-woo est entré dans une toute nouvelle dimension. Il a gagné du charisme, de l’assurance et un nouveau surnom : Dae-hair. Du coup, c’est un nouvel homme qui s’est présenté au Mondial, du haut de ses (seulement) cinq petites apparitions en équipe nationale. Celui qui a délogé le titulaire habituel s’est affirmé dès le première match de poule contre la Suède, et ce, malgré la défaite 1-0 (but sur penalty). Face au Mexique, il a sauvé les meubles à plusieurs reprises, mais c’est surtout face à l’Allemagne qu’il a réalisé son chef-d’œuvre. Des parades incroyables, sur sa ligne, dans les airs, et toujours cette crête orange qui semblait faire la nique aux champions du monde. Il restera l’un des vrais points positifs de la Corée du Sud à ce Mondial, un point fort sur lequel s’appuyer pour l’avenir.

Pourquoi il est si excitant : Parce que, d’une, il a l’air fort sympathique. Et mine de rien, dans le football, ça compte la sympathie. On a envie d’être son pote, d’aller boire un coup avec lui dans un bar branché de Séoul. Mais surtout, parce qu’il semble tout droit sorti d’un groupe de K-Pop (abréviation de Korean Pop). Il pourrait en être le guitariste, voire même le chanteur vedette. Et mine de rien, dans le football, ça compte d’avoir un élément qui peut déclencher les hurlements et les pleurs des jeunes filles. Ou des jeunes garçons, même.

Et il vient d’où ?De Daegu. Qui pourrait être le nom d’une planète dans Star Wars, mais qui n’est en fait que le club de la ville de Taegu, en Corée du Sud. Originaire de la capitale Séoul, il a débuté en première division avec son club formateur du FC Daegu en 2013, à l’âge de 21 ans. Il n’a plus jamais quitté les bois (malgré une relégation puis une remontée) et a fini par intégrer la sélection nationale en novembre 2017, après que la Corée du Sud avait déjà validé son ticket pour la Russie. Lors des matchs amicaux, il impressionne son sélectionneur, qui décide finalement de le préférer à Kim Seung-gyu. Choix gagnant : Cho Hyun-woo réalise des performances incroyables même si celles-ci ne permettront pas à la Corée d’aller plus loin. À 26 ans, lui est en tout cas prêt pour un nouveau challenge, comme par exemple débarquer en Europe. Ou sortir un premier album, au choix.


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