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  • Euro 2020

Comment je suis tombé amoureux de… (épisode 16)

Par Adel Bentaha, Tom Binet et Hugo Bouville
Comment je suis tombé amoureux de… (épisode 16)

Parfois, il suffit d'une action pour tomber amoureux d'un joueur. En voilà trois qui nous ont tapé dans l'œil lors de cette troisième journée de l'Euro 2020.

Joško Gvardiol (Croatie)

L’action qui nous a fait succomber : On joue la 50e minute quand Joško Gvardiol (19 ans) s’empare du cuir au milieu de terrain et élimine deux Écossais complètement largués. Joško continue sa folle chevauchée et trouve un relais avec Nikola Vlašić qui lui donne un amour de ballon en retour. Il se présente alors seul face à David Marshall, mais foire complètement son contrôle avant de goûter aux tibias du portier écossais. Si la fin est tout sauf romantique, l’action dans sa globalité témoigne du formidable joueur qu’est Gvardiol et de sa fougue plus dévastatrice qu’une tempête dans les Highlands.

Pourquoi il est si excitant ? Parce qu’avec lui, il ne faut pas se fier aux apparences. Oui, c’est un défenseur central croate d’un mètre quatre-vingt-cinq qui s’appelle Joško. Bien que ce profil nous invite à penser que c’est le genre de brute qui se contente d’envoyer valdinguer l’attaquant adverse derrière les panneaux publicitaires, ne vous y trompez pas : il vaut bien plus que ça. Gvardiol est tout sauf un empoté, à l’aise avec le ballon (86% de passes réussies contre l’Écosse), il est le prototype du défenseur moderne polyvalent. Capable d’apporter du danger dans la surface adverse, tout en assurant ses arrières. Mais cet Euro n’est qu’un avant-goût pour le grand public, puisque Gvardiol découvrira les joies de la Ligue des champions avec le RB Leipzig. Les Allemands ont déboursé dix-huit millions d’euros pour en faire le digne successeur de Dayot Upamecano.

D’où vient-il ? Natif de Zagreb, Joško Gvardiol, qu’on surnomme Guardiola en référence à la prononciation de son patronyme (Gouardiol), chausse ses premiers crampons dans le club au doux nom de NK Trešnjevka avant de rejoindre la grosse cylindrée : le Dinamo Zagreb. Il plante dès son deuxième match chez les pros contre l’Inter Zaprešić et devient le sixième plus jeune buteur du Dinamo, alors qu’il n’a pas encore l’âge d’avoir le permis. D’ailleurs, c’est en tramway que « Pep Gvardiol » se rend aux entraînements et aux matchs à Zagreb. Jojo est néanmoins plus pressé que le tram, puisque après seulement deux saisons dans la capitale croate et 52 matchs, il s’apprête donc à sauter dans le grand bain de la Bundesliga.

László Kleinheisler (Hongrie)

L’action qui nous a fait succomber : Un simple pressing permet de créer des ouvertures multiples pour ses coéquipiers. En exercer plusieurs relève alors de l’exploit. C’est pourtant ce qu’a su faire László Kleinheisler tout au long de son match face à l’Allemagne. Harcelant les milieux de Joachim Löw par ses courses à haute intensité, le Hongrois a réalisé une nouvelle prestation aboutie lors de cet Euro. Déjà entreprenant face à l’équipe de France, László a su réitérer l’exploit contre l’ogre germanique (2-2), en dépit de l’élimination des siens.

Pourquoi il est si excitant ? Kleinheisler est une valeur sûre. Petit (1,73 m) et trapu (70 kilos), le relayeur se démène entre défense et attaque pour amener le danger là où il peut. Titulaire lors des trois rencontres magyares, son numéro 15 a toujours sonné comme une évidence. Preuve en est, le surnom de « Scholes » donné par ses coéquipiers en sélection. Au-delà de la ressemblance capillaire avec l’ancien joueur de Manchester United, le milieu relayeur est en effet réputé pour son tempérament de feu, sur et en dehors du terrain. Une force non négligeable, qui lui a assuré un statut d’indiscutable lors de cet Euro, au point de devenir l’un des chouchous de Marco Rossi.

Et il vient d’où ? László Kleinheisler a bourlingué durant une grande partie de sa carrière. À 27 ans, il aura déjà écumé sept clubs, dans quatre pays différents. Formé à Videoton, il fait ses débuts à la Puskás Akadémia en 2012. Une seule saison avant de revenir dans son club formateur. Des performances correctes qui lui permettent d’attirer les faveurs du Werder Brême au mois de janvier 2016. L’expérience est cependant un échec, et László enchaîne les prêts : Darmstadt, Ferencváros et enfin Astana qui lui permet de se relancer. Depuis 2019, le milieu de terrain a enfin posé ses valises, du côté d’Osijek en Croatie.

Alex Král (Tchéquie)

L’action qui nous a fait succomber : Il n’est jamais trop tard pour se distinguer dans un match, et Alex Král semble l’avoir parfaitement compris. Entré en jeu une demi-heure plus tôt pour densifier le milieu de terrain, l’international tchèque se sent soudainement pousser des ailes et se verrait bien endosser le costume du héros dans le temps additionnel d’un Tchéquie-Angleterre jusqu’alors soporifique. Un énième pressing dans les pieds anglais, le cuir qui échappe à Kyle Walker et voilà notre grand dadais lancé à grandes enjambées dans le camp des Three Lions. Le moment idéal pour régaler un partenaire d’un caviar bien senti ? Non, le bonhomme n’a cure du romantisme et envoie une bonne praline des 30 mètres… directement dans les tribunes de Wembley. Au moins un qui a le sens des priorités, préférant terminer deuxième du groupe pour ferrailler avec les Pays-Bas en huitièmes plutôt que l’Allemagne.

Pourquoi il est si excitant ? Parce qu’un combo entre David Luiz et Burak Yılmaz, c’est forcément excitant. Du Brésilien la coiffure et la dégaine, du Turc le patronyme, même si avec seulement 2 buts en 21 sélections, on est loin des standards du buteur du LOSC. Mais qu’importe, puisque l’infatigable milieu (ou défenseur central) du Spartak Moscou se distingue surtout par son abattage dans l’entre-jeu et son engagement physique. D’ailleurs, West Ham ne s’y trompe pas, les Hammers suivant de près l’évolution du joueur. Un tandem Souček-Král dans l’ouest de Londres, c’est oui.

Et il vient d’où ? De Košice, précisément. Soit la deuxième ville de Slovaquie, où celui qui deviendra plus tard international chez le voisin tchèque a vu le jour, en mai 1998. Côté terrain, Král fait ses début du côté du FK Teplice avant de rejoindre très vite les équipes jeunes du Slavia Prague. Mais déjà, c’est sur la scène internationale que l’intéressé décide d’écrire son histoire. Championnat d’Europe U19, année 2017. La Tchéquie se faufile jusque dans le dernier carré, avant de céder face à l’Angleterre. Král, lui, est élu dans l’équipe type du tournoi. Parti dans le grand nord russe, c’est désormais sous les couleurs du Spartak Moscou que le garçon d’1,85 m fait parler son talent tous les week-ends. En attendant d’aller voir plus haut ?

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