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« Claude Puel était un entraîneur très dur »

Propos recueillis par Ronan Boscher et Émilien Hofman
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Avant de devenir « directeur du football » du PSG cet été, Patrick Kluivert s'est confié en profondeur sur son parcours. Épisode 3 : arrivée à Milan, relève familiale et LOSC.

Est-ce vrai que vous avez passé un accord personnel avec l’AC Milan dès 1996 ?Non, ils sont venus à la fin de l’année 96 (sic).

Vous vous souvenez de votre accueil sur place ?Milanello. Ils m’ont amené directement de l’aéroport au centre quotidien d’entraînement.

Quelle était la raison principale qui vous a mené à l’AC Milan et pas ailleurs ?Davids jouait là-bas, Seedorf aussi, et j’ai parlé avec eux. Après quelques années passées dans mon club formateur, je voyais d’un bon œil le fait de rejouer avec eux de nouveau…

Arrigo Sacchi me voulait, mais probablement pas Capello.

Vous connaissiez Fabio Capello avant d’arriver en Italie ?C’est Arrigo Sacchi, l’entraîneur de l’époque, qui me voulait à l’AC. Mais avant même le début de la compétition, il a été limogé. C’était une situation bizarre et difficile à la fois… Arrigo Sacchi me voulait, mais probablement pas Capello.

Comment décrivez-vous votre relation avec lui ?Notre relation était plutôt bonne. Il me faisait jouer devant avec George Weah de manière très défensive, mais ce 4-4-2 n’était pas vraiment mon système préféré, moi qui étais habitué à jouer en 4-3-3. Mon année à Milan a été assez difficile, mais j’ai énormément appris.

À quel niveau, surtout le caractère ?J’ai appris de tous les joueurs qui étaient à ce moment-là dans mon équipe : les expérimentés, les talentueux… J’avais seulement vingt ans, donc je ne pouvais que retirer des conseils de tous mes coéquipiers.

Malgré tout, vous vivez une saison individuelle compliquée en Lombardie. Comment ça se passait avec les supporters ?Les supporters étaient vraiment bons, et puis j’ai marqué dès le premier match en Berlusconi Cup face à la Juventus. Pendant l’année, j’ai marqué. Pas beaucoup, mais j’ai marqué. Mais les fans italiens restent très difficiles. Pour moi, c’était ma première expérience à l’étranger, qui plus est dans un championnat compliqué d’un pays à la culture différente… Ce n’était donc pas évident, mais ça a fait partie d’un processus d’apprentissage que j’avais à suivre.

À la fin de votre saison italienne, vous avez réalisé qu’il était préférable de changer de championnat ?Ouais. Louis van Gaal m’a contacté à la toute fin du mercato alors que j’étais en voiture. Il m’a dit : « Est-ce que tu veux jouer pour Barcelone ? » J’ai répondu « Yeees ! » (avec des grands yeux émerveillés).

Vous aviez eu des liens avec Manchester United aussi ?Bien sûr qu’il y avait des liens : je devais choisir entre Man U et le Barça, deux grands clubs. J’ai choisi le deuxième, principalement à cause de Louis van Gaal : il connaissait mes qualités et je le connaissais, lui.

En Espagne, vous tombez au milieu de stars dans tous les sens, ça devait être le paradis en tant que joueur…C’était fantastique : tu as Figo sur ta droite, Rivaldo sur ta gauche et en plus tu joues en 4-3-3 ! J’ai vite senti que je retrouvais toute ma confiance, donc j’ai inscrit beaucoup de buts en jouant dans le système que je préférais.

C’était important pour vous de vous retrouver avec d’autres Néerlandais ?Si c’était important ? Oui, parce que tu as déjà confiance en eux vu que tu les connais, mais « important » est un grand mot : Barcelone était rempli de grands joueurs avec énormément de qualités. Donc important… on va dire que c’était agréable de les côtoyer. Mais d’un autre côté, si les choses ne tournaient pas bien, les Néerlandais prenaient toutes les critiques sur eux. C’est donc une bonne chose… quand tout va bien.

Que ce soit à Barcelone ou en équipe nationale, vous avez cependant vécu la même situation : beaucoup de talent, mais peu de titres…Quel dommage ! Quand vous additionnez toutes les qualités individuelles des deux côtés, vous dites : « Waaw, ils vont être champions d’Europe et du monde. » Avec les Pays-Bas, on est vraiment passés tout proches du titre en 98 : si on bat le Brésil aux tirs au but, je pense qu’on peut battre la France en finale. Mais ça fait beaucoup de « si » …

L’équipe nationale actuelle a-t-elle moins de talent qu’auparavant ?Il y a vraiment beaucoup de talent aux Pays-Bas, mais il y en a également dans les autres pays, désormais. Quand l’Islande vient gagner deux fois contre les Oranje en qualification pour l’Euro, c’est ridicule. Soyons honnête : je respecte l’Islande, mais du point de vue néerlandais, on ne peut pas perdre les deux matchs, c’est impossible. Mais c’est arrivé, ce qui prouve que l’amélioration des autres pays est très importante. Nous devons nous y habituer et être prêts à lancer des jeunes joueurs pour surprendre le monde.

Mon fils est un très bon gars qui a les idées très claires concernant son envie de devenir footballeur professionnel. Au point de laisser de côté les choses que les jeunes de son âge font.

Votre fils fait partie des grands espoirs de votre pays. À quel point intervenez-vous dans sa carrière ?Pour le moment, les choses vont bien. Je lui répète de rester les pieds sur terre, d’être soi-même, de profiter du jeu et de ne pas se laisser distraire par des managers qui pourraient lui faire miroiter des offres hors Pays-Bas. Je lui ai dit que si tout se passait bien, il allait jouer en équipe première à l’Ajax, et que s’il était prêt par la suite, il rejoindrait un autre pays. Il a seize ans, il ne reste donc que deux années avant qu’il ne devienne adulte et qu’il fasse ses propres choix (sourire), mais je me dois de l’avertir sur la probable suite des événements. Là, il vit avec sa mère, mais j’ai un très bon contact avec lui, c’est un très bon gars qui a les idées très claires concernant son envie de devenir footballeur professionnel. Au point de laisser de côté les choses que les jeunes de son âge font.

Vous avez rencontré José Mourinho au Barça. Il était déjà comme il est maintenant ?Il était assistant, mais aussi le traducteur pour les joueurs qui ne parlaient qu’espagnol. Il est arrivé dès la première année de Louis van Gaal. On voyait déjà qu’il avait un caractère fort, mais toujours dans le sens positif. Il aimait vraiment son poste à Barcelone et il possédait déjà pas mal de connaissances footballistiques. Je pense que cette période a été très importante pour la suite de sa carrière.

Vous l’auriez imaginé reprendre le poste d’entraîneur principal ?Non, parce qu’il était encore jeune et que de toute façon, c’était Van Gaal qui était en poste. Et puis il lui fallait encore engranger de l’expérience avant de saisir à deux mains l’opportunité portugaise.

Ça ne fait pas bizarre pour vous de voir son style au Real ou à Chelsea après avoir suivi la formation catalane ?Quand tu es assistant, tu te dois de suivre les instructions de ton coach et il a appris de cette expérience. Il n’avait peut-être déjà pas la même vision du football que le Barça, mais il a quand même pu s’en inspirer. Et puis il a eu la réussite avec lui. (Rires)

Question spéciale : pensez-vous ressembler à Zinédine Zidane pour votre côté silencieux sur le terrain ?Je ne suis pas silencieux, j’essaie d’aider les autres joueurs en ayant une bonne communication. Et puis Zidane ne doit certainement pas être calme à l’heure actuelle. (Rires) Mais je ne me voyais pas comme quelqu’un de calme…

  »Ne hurle pas, laisse tes pieds parler », c’est exactement comme ça que j’étais. 

Mais vous préfériez laisser parler votre talent plutôt que votre bouche, sur le terrain, comme le Français…Oh ok, là je comprends l’idée. « Ne hurle pas, laisse tes pieds parler » , c’est exactement comme ça que j’étais.

On va parler de Lille, évidemment…Lille ! Vous savez que les Flamands de Belgique disent Rijsel ? Mais moi, j’ai toujours dit Lille. C’était à la fin de ma carrière, Claude Puel était un entraîneur très dur, mais très bon pour les jeunes joueurs.

Pas de regrets d’y avoir signé ?Pas de regrets, non. J’ai de nouveau joué avec beaucoup de jeunes joueurs talentueux et comme j’étais le plus expérimenté, j’essayais de les « éduquer » pour les plus grosses écuries. Et si vous regardez où jouent les gars qui étaient avec moi à l’époque… Ce n’est pas ma responsabilité, mais c’est vraiment beau de voir ces jeunes devenir des grands joueurs. Eden Hazard…

Votre ancien coéquipier Chris Makiese a dit qu’à l’époque où vous jouiez avec Hazard, il avait l’impression de voir deux amis qui s’amusaient dans un autre monde…Eden était encore jeune, mais déjà très bon. Si Makiese a dit ça, ça me fait plaisir parce que c’est ce qu’on avait à faire, on faisait juste notre job en donnant notre maximum pour devenir meilleur. C’est positif comme commentaire, c’est ça que j’aime !

Est-ce à Lille que vous avez commencé à vous intéresser à l’encadrement des joueurs ?En fait, c’est la saison précédente au PSV que j’ai eu ce sentiment pour la première fois. J’arrivais de Valence et c’était vraiment chouette de se retrouver avec des jeunes tels qu’Ibrahim Afellay. Alors quand, en plus, je sentais un feedback de leur part avec cette volonté de s’améliorer, je me disais vraiment que j’avais envie de devenir coach. Je commençais aussi à me demander ce que j’allais faire après ma carrière, et j’avais très envie de rester impliqué dans le football. Mais je me suis seulement lancé dans les cours une fois ma saison à Lille achevée.

Il y a une histoire qui circule sur l’Euro 2000 et qui met en scène un Clarence Seedorf énervé par votre chaîne et qui vous demande de l’enlever avant le match contre la Yougoslavie…Non, je l’ai toujours portée, que ce soit à Barcelone ou en équipe nationale. Mais je l’attachais pour ne pas qu’elle ait trop de liberté, là ça aurait vraiment été dangereux. D’ailleurs, si c’était encore permis par les règles, je les porterais encore en match…

Durant ce tournoi, les Néerlandais ont développé un terrible jeu… malgré tout critiqué par Johan Cruyff. Comment vit-on avec l’ombre du n°14 constamment au-dessus de soi ?Johan Cruyff est le roi du football, que ce soit ici ou même dans le monde. Et quand il dit quelque chose, on le croit directement. Je ne pense pas que ce soit bien de dire ce genre de choses quand l’équipe nationale est occupée par un tournoi, mais il a sa voix, son avis et il a le droit de le donner. Mais ce n’était pas très agréable pour les joueurs et pour le coach. À ce moment-là, on n’y faisait pas trop attention non plus, c’était « T’as vu ? » – « Oh ok… (Il mime le fait de jeter un journal à la poubelle) Now, fish and chips ! »

Votre père et celui de Frank Rijkaard étaient amis ?Oui, je le connaissais de là, mais également parce que j’étais la mascotte de l’Ajax Amsterdam quand j’étais gamin. Il y a même une photo où l’on me voit aux côtés de Rijkaard… avec ma coupe afro (rires) – ça, je ne la referais plus. On n’était pas vraiment amis, on avait un autre type de relation, mais on est encore parfois en contact…

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