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- Manchester City-Real Madrid (4-3)
City-Real : entrez et frappez
Ce mardi soir, à l'Etihad Stadium de Manchester, la Ligue des champions a offert l’une de ses plus belles fêtes de la saison : un succès spectaculaire de City sur le Real Madrid (4-3), marqué par une gigantesque opération portes ouvertes des deux défenses.
On s’attendait à une partie tactique, à une opposition de style entre les stratèges Pep Guardiola et Carlo Ancelotti. Finalement, le football aura eu le droit à un match ouvert aux quatre vents, ponctué d’un festival de buts, résultante d’un niveau défensif épars au milieu duquel les deux organisations offensives se sont régalées dans les boulevards.
Les bluffeurs, bluffés
Kyle Walker et João Cancelo blessés, Pep Guardiola avait décidé de titulariser mardi soir John Stones, également incertain au coup d’envoi, pour assister Aymeric Laporte et le revenant Rúben Dias. Une tentative de poker menteur qui est rapidement revenue au visage de l’entraîneur catalan. Pressé par Karim Benzema et Vinícius Júnior, l’international anglais s’est en effet laissé submerger par l’intensité de Madrilènes alors menés de deux buts et en quête de révolte. Un scénario en passe de basculer, finalement remis à plat par l’entrée de Fernandinho, dans un étonnant (mais forcé) poste de latéral droit.
Et le Brésilien, s’il a préalablement profité des largesses signées Ferland Mendy pour adresser un magnifique ballon sur la tête de Phil Foden, n’a pas tardé à se montrer dépassé par ses 36 années, soufflées sur l’une des seules accélérations de Vinícius Júnior. Incapable de revenir à hauteur de son compatriote, l’habituel milieu récupérateur n’a également pas pu compter sur un Laporte trop court pour couper la trajectoire. Comme une loi des séries, le Basque s’est ainsi, à son tour, illustré d’une incompréhensible faute de main. Le condensé de 95 minutes peu réjouissantes pour la défense la plus chère du monde (188 millions d’euros).
Les charnières démembrées
De l’autre côté, guère mieux. Diminué, David Alaba a effectivement été titularisé par un Ancelotti vite refroidi. L’Autrichien, vacillant, a été le premier à lâcher prise, piégé par la malice (et la légère chance) de Gabriel Jesus. Remplacé par un Nacho plus consistant, venu monter d’un cran et couper le rythme sur plusieurs fautes intelligentes loin de ses buts, le vétéran a, dès lors, dû pallier les manquements de l’autre socle de cette charnière amoindrie : Éder Militão. Impliqué sur chacune des réalisations skyblue (pris notamment dans son dos sur les réalisations de Kevin De Bruyne et Foden), l’ancien du FC Porto s’est surtout fait piéger dans les duels. Des sorties manquées laissant le soin à Jesus de dribbler en pivot, à Riyad Mahrez de partir en face à face et même à Laporte de s’infiltrer dans la surface afin de solliciter Thibaut Courtois.
Pour les Merengues, ces signaux n’ont finalement pas grand-chose d’inhabituel. Si le duo Alaba-Militão a désormais prouvé sa complémentarité et sa solidité (le premier se projetant vers l’avant, le deuxième restant en couverture), les deux hommes se sont régulièrement fait remarquer par leurs errements en cours de match, à l’image du récent naufrage lors du Clásico (4-0). Une donnée d’autant plus accentuée ce mercredi par l’absence de Casemiro, que Federico Valverde, soldat souvent au rendez-vous, n’a su pallier.
Pas étonnant ainsi de voir Manchester City briller avec ses 63% de passes longues, ni les deux formations avoir tenté 23 frappes dans la surface (13 pour City, 10 pour le Real Madrid) et encore moins Ederson ne réaliser que deux parades (une seule pour Courtois). Des portiers délaissés, ce qui a été symbolisé par l’inaction des protégés de « Carletto » dans l’action amenant le missile de Bernardo Silva, et pour qui ces sept buts encaissés laisseront assurément une frustration énorme.
Les plans tactiques du coup d’envoi se sont donc perdus en cours de rencontre, balancés aux oubliettes par deux arrière-gardes au service du spectacle. Le football ne les en remerciera que plus infiniment, ses amoureux également, à commencer par maître Guardiola : « Trouvez-moi une seule personne dans le monde qui n’a pas pris de plaisir ce soir ! Sept buts, des occasions de partout : c’est le football ! » Santiago Bernabéu se tient déjà prêt.
Par Adel Bentaha