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Ciryl Gane : avant le MMA, il y a eu le football

Par Steven Oliveira
Ciryl Gane : avant le MMA, il y a eu le football

Avant de combattre dans une cage contre Francis Ngannou pour le titre de champion du monde des lourds en UFC - dans la nuit de samedi à dimanche du côté d'Anaheim en Californie -, Ciryl Gane faisait sa loi sur le rectangle vert. Du côté de La Roche-sur-Yon, tout le monde se rappelle ce footballeur surdoué dont la trajectoire aurait pu être tout autre s'il n'avait jamais rangé ses crampons.

La Russie, l’Élysée et maintenant la Californie. Hymne de l’équipe de France de football, le titre « Ramenez la coupe à la maison » de Vegedream a connu un nouveau coup de projecteur plus de trois ans après sa sortie. Cette fois-ci, pas de Paul Pogba au micro, mais Ciryl Gane. En conférence de presse, le Français a annoncé que le tube de Vegedream était la musique la plus adaptée à son combat tant attendu face à Francis Ngannou pour le titre de champion du monde des lourds en UFC. Quelques secondes auparavant, le Vendéen évoquait ses idoles de jeunesse qui ne sont pas des pratiquants de MMA, ni des boxeurs, mais bien Thierry Henry et Zinédine Zidane. Autant d’éléments qui rappellent qu’avant de s’installer à Paris pour passer son BTS Management unité commerciale et de s’essayer par hasard au muay-thaï, le premier amour de celui qui est invaincu à l’UFC (7 victoires en 7 combats) est bien le football. Un sport qu’il a pratiqué pendant 10 ans à la Roche-sur-Yon, d’abord à Jean-Yole puis à l’Étoile sportive ornaysienne Football (ESOF) de 1999 à 2006. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il était aussi doué avec un ballon que dans une cage, comme il a pu le prouver lors du Match des héros au stade Vélodrome en octobre dernier, quand bien même le violent crochet reçu par Benoît Cheyrou raconte une autre histoire.

Des crampons taille 42 à 7 ans

Au MMA, il est coutume de donner un surnom à chaque combattant en fonction de ses caractéristiques et de son caractère. Il y a ainsi Conor McGregor « The Notorious », Khabib Nurmagomedov « The Eagle », Francis Ngannou « The Predator ». Pour Ciryl Gane, ce sera « Bon Gamin » , qui est un hommage au collectif de musique du même nom dont il est proche depuis son enfance. Mais c’est surtout un surnom qui colle parfaitement au comportement du bonhomme, qui est un ovni parmi les poids lourds en étant toujours de bonne humeur, souriant et respectueux. Et à écouter Thibaud Paquereau qui a joué avec lui à l’ESOF, Ciryl Gane a toujours été un bon gamin : « Il amenait de la joie de vivre dans le vestiaire. Il était chambreur, toujours de bonne humeur. Vraiment un bon gars. Sur le terrain, il était calme, tranquille, ne s’embrouillait jamais avec l’adversaire. Bon en même temps, personne n’osait venir le chercher vu qu’il faisait au moins une taille de plus que tout le monde. » Mesuré aujourd’hui à 195 centimètres, Ciryl Gane a connu une puberté plus précoce que ses coéquipiers. Son ancien coach à l’ESOF, Bruno Barbarit, se rappelle très bien sa première rencontre avec le Golgoth : « Quand il est arrivé dans le vestiaire à 7 ans, il chaussait déjà du 42 alors que les autres faisaient du 34. C’était hyper impressionnant. »

Ciryl Gagne

Plus grand, plus athlétique, Ciryl Gane s’impose rapidement comme le maillon fort de l’équipe. D’abord en tant qu’attaquant où il enchaînait les pions grâce à sa vitesse et son sens du but. « Techniquement, il n’était pas mauvais, il avait des qualités, se rappelle Thibaud. Je me souviens de quelques buts qu’il avait marqué, notamment un retourné. » Puis, par la suite, en défense centrale où il faisait parler son physique et sa relance – « Ce n’était pas un grand dribbleur, mais il était très fort dans la vision de jeu et les passes », d’après Bruno Barbarit -, tout en continuant d’inscrire son nom sur la liste des buteurs : « Quand il y avait des corners, bah je faisais monter Ciryl et il marquait de la tête, se marre son ancien coach. La tactique était assez simple sur corner. » Résultat, Ciryl Gane se fait un nom dans toute la région et est même appelé par la sélection vendéenne pour jouer le Mondial de Montaigu. Un rêve pour tout gamin du coin. Pas pour l’actuel champion du monde poids lourds par intérim de l’UFC dont la motivation pour le ballon rond était à géométrie variable à écouter Bruno Barbarit : « C’était quelqu’un de nonchalant. Il fallait le pousser et l’engueuler un peu en lui disant :« Tu as des capacités énormes, mets-les en avant. »Quand il voulait, il était très fort. Et quand il ne voulait pas, c’était un joueur normal. Finalement, c’était quand on le chatouillait un peu qu’il s’imposait. C’est dans l’adversité qu’il pouvait montrer du caractère et être agressif dans le bon sens du terme. » Un discours que le principal intéressé valide puisqu’il a eu peu ou prou le même en 2019 au micro de Stad’Afric : « J’étais très prometteur. Malheureusement, je n’étais pas assez acharné. Je ne savais pas encore ce que je voulais. Mes parents n’ont jamais voulu me forcer à faire les choses. Je leur ai d’ailleurs dit il n’y a pas longtemps :« Aujourd’hui, on serait millionnaires. » Parce que j’avais vraiment un bel avenir. »

Avant d’en rajouter une couche quelques années plus tard pour RMC Sport : « Je suis unfast learner. Un genre de surdoué du sport, peut-être. J’ai toujours eu des aptitudes en sport, toujours été le premier de la classe dans cette discipline. Quand il y avait des compétitions dans la région, c’était toujours moi, j’étais la bête noire de tout le monde. Mais je n’avais jamais poussé la machine jusqu’au bout, en tout cas au niveau du mental, et je n’avais pas cette optique de me dire que je pouvais en faire mon métier. » Ciryl Gane aurait-il pu devenir champion du monde, non pas au MMA, mais au football ? C’est une question qui ne trouvera jamais de réponse puisqu’en 2006, à 15 ans, le Bon Gamin décide de ranger ses crampons sur un coup de tête : « Je n’étais pas assez mature pour commencer une nouvelle aventure. Et malheureusement, par manque d’implication et d’envie, je ne suis pas allé jusqu’au bout. Mes parents m’ont laissé quitter le football, comme ça, du jour au lendemain, par fréquentation et par envie. » C’est d’abord le basket – que pratiquait son frère David et sa sœur Julie – qui récupère le joyau qui claque des dunks et se fait très vite remarquer par les cadets élite et même l’équipe de France. Mais là encore, l’aventure s’arrêtera avant son apogée lors de son arrivée à Paris. Pas vraiment de quoi donner des regrets à celui « qui a gardé sa petite voix douce » d’après Bruno Barbarit et qui est à une victoire de changer totalement de dimension. Et de ramener définitivement la ceinture à la maison.

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Tous propos recueillis par SO sauf mentions.

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