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Cichero, le combat dans le sang

Par Alexandre Alain
Cichero, le combat dans le sang

En le voyant débarquer cet été, les supporters nantais ont sans doute cru qu'un psychopathe venait de signer chez eux. Mais s'il possède un passé mouvementé et marqué par les bastons dans les stades, Gabriel Cichero (28 ans) est surtout un très bon défenseur. Pas étranger aux excellents résultats des Canaris, il fait l'unanimité dans son nouveau club. Jusqu'à son prochain pétage de plomb ?

Une vingtaine de centimètres suffisent à résumer sa vie. Comme Rocco Siffredi, mais en un peu plus poétique. « A. Brothers for life. G » . Tatouée sur l’avant-bras de Gabriel Cichero, la formule permet de cerner le bonhomme et surtout la relation fusionnelle qu’il ( « G » pour Gabriel) entretient avec Alejandro ( « A » ), son frère aîné. Un lien de sang plus fort que tout, qui pousse les deux hommes à faire à peu près n’importe quoi lorsqu’il s’agit de défendre l’honneur du frangin. Dans la vie de tous les jours, mais aussi sur le terrain. Comme ce jour de septembre 2007, lors d’un math entre le Venezuela et le Panama qui n’avait d’amical que le nom.

Arrêts de jeu, les Vénézuéliens égalisent sur penalty. Gabriel s’empare du ballon et s’en va fêter gentiment le but. Pas du goût du gardien adverse, qui lui assène quelques patates. Lancé comme le premier 2e ligne élevé au cassoulet et aux valeurs de l’ovalie venu, Alejandro cogne alors violemment celui qui a osé toucher à son petit frère, déclenchant une bagarre générale dont Gabriel sortira inconscient. Un premier fait d’armes qui n’a apparemment pas effrayé les recruteurs du monde entier. Car c’est peu dire que Gabriel, auteur du but qui a envoyé le Venezuela en demi-finale de la Copa América 2011, a vu du pays. À 28 ans, le natif de Caracas a déjà joué dans sept championnats différents.

Spartacus, New York et Jean-Louis Garcia

Après un début de carrière en Uruguay, chez les Montevideo Wanderers, il est prêté à Lecce et devient le premier Vénézuélien à jouer en Serie A. Pas un franc succès puisqu’après quatre petits matchs joués en six mois, il repart déjà. Direction Sandanski, ville au Sud-Ouest de la Bulgarie au climat plutôt doux et qui serait surtout, selon la légende, la ville de naissance de Spartacus. L’aventure du gladiateur vénézuélien tourne court avec un seul petit match disputé. Cichero se dit alors qu’il est temps de revenir au pays, où il restera trois ans, entrecoupés d’une pige aux New York Red Bulls avec qui il attendra la finale de la MLS.

Ce retour au Venezuela le remet sur les rails et après un an en Argentine (Newell’s Old Boys), il décide de retenter l’aventure en Europe. Terminées la douceur de vivre bulgare ou les lumières de New York, le voilà à Lens. Et bizarrement, le globe-trotter trouve tout de suite ses marques dans le Nord de la France. Jean-Louis Garcia en fait rapidement un titulaire indiscutable de sa défense. Jusqu’à une nouvelle bagarre qui va faire connaître le nom de Cichero dans l’Hexagone. En octobre 2011, Bastia-Lens se termine en pugilat. Et autant dire que cela n’effraie pas la dernière recrue des Sang et Or.
« Je ne suis pas violent »

Expulsé en fin de match, Cichero donne un violent coup de pied dans le visage d’Alain Seghi, un dirigeant corse (triple fracture au visage et déplacement de la mâchoire), avant d’essayer de mettre un high kick à un stadier. Bilan : 10 mois de suspension (dont 5 avec sursis) par la LFP, 5 mois d’interdiction de stade, 5 mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende. Et donc un retour illico au pays. « Je suis fort mentalement mais c’était très difficile à vivre, confie-t-il à Ouest France en juin dernier. On a tous des problèmes. Lens m’a vraiment soutenu, mais j’ai éprouvé le besoin de rentrer chez moi, de retrouver ma famille. Ces évènements appartiennent au passé. C’est une leçon que je dois méditer. Je ne suis pas violent. »

Proche des siens, il se ressource puis retraverse l’Atlantique, cette fois pour rejoindre Nantes. Dans une Ligue 2 taillée pour ses qualités athlétiques et son aptitude au combat, il retrouve immédiatement ses marques. Et contribue à faire du FCN la meilleure défense de Ligue 2, avec 19 buts encaissés en 28 matchs. Michel Der Zakarian, qui sait ce que signifie être un défenseur rugueux, loue « ses qualités de défenseur, sa lecture du jeu et sa qualité de relance » . Deuxièmes à dix journées de la fin, les Canaris semblent promis à un retour parmi l’élite, quatre ans après l’avoir quittée. Et Cichero à des retrouvailles avec Bastia…

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