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Chute et décadence de la présidence Villar

Par Robin Delorme
Chute et décadence de la présidence Villar

L’Espagne du football s’est réveillée avec la gueule de bois. Et pour cause, le président de la Fédération, José Maria Villar, est en garde à vue et mis en examen pour sa gestion frauduleuse de l’institution. Les grands du ballon rond espagnol peuvent trembler, leur impunité est terminée.

Le soleil vient tout juste de se lever au-dessus de la banlieue de Madrid que des policiers cagoulés et sur-armés prennent possession de la maison d’Ángel María Villar. Quelques kilomètres plus loin, la même scène joue les doublons : Gorka Villar, fils de, et Juan Padron, second de, sortent de leurs bicoques menottes aux poignets et prennent la direction des installations de Las Rozas. Au Clairefontaine espagnol, siège de la Roja et de ses catégories inférieures, les y attendent une légion de journalistes et, surtout, les enquêteurs chargés d’écrouer le président de la RFEF et ses acolytes ainsi que de récolter des preuves matérielles. En cause, une enquête diligentée par l’Unité centrale opérative, une branche de la police anti-corruption, qui lève le voile sur les méthodes frauduleuses de management de celui qui occupe la présidence de la Fédération espagnole depuis 29 ans. L’image, dramatique outre-Pyrénées, ne surprend pourtant personne tant le sieur Villar, dans l’œil du cyclone judiciaire depuis 2015, a fait de son impunité son identité. Irrémédiable, sa chute marque la fin d’une ère pour le ballon rond espagnol.

Du rêve européen au palais de justice espagnol

Justement, cette ère s’entame en 1988, une année charnière dans l’histoire du football espagnol. Ce n’est pas tant que le Real Madrid décroche une nouvelle timbale dorée en Liga, ni même que le FC Barcelone se rassasie avec une énième Copa del Rey. Non, en cette période post-franquisme, l’Espagne se trouve un nouveau roi de son football. C’est que depuis son élection en cette année, José Maria Villar, ancien international et membre de l’Athletic Bilbao, ne quitte plus jamais son poste de président de la Royale Fédération espagnole de football et entame un règne sans partage, jusqu’à aujourd’hui, et sans anicroche, jusqu’en 2015. À cette date, le bureau du juge de l’Audience nationale Santiago Pedraz commence à recevoir de nombreuses dénonciations de la part de la police concernant les agissements du principal mandataire de la RFEF et de ses sbires, son fils Gorka et son vice-président Juan Padron. Depuis 10 mois, l’étau ne cesse de se resserrer, à tel point que son placement en garde à vue et sa mise en examen n’étaient plus qu’une question de semaines. En soi, rien de surprenant tant l’entourage de Villar baigne dans de nombreux scandales à l’échelle mondiale.

Pour démêler le vrai du faux, les enquêteurs se sont tout d’abord concentrés sur les relations du président de la RFEF avec les dirigeants de la CONMEBOL, dont la plupart sont aujourd’hui sous les barreaux ou attendent leur jugement à la suite du scandale du FIFAgate. Au fur et à mesure de leurs investigations, ils découvrent même la boîte de Pandore de Villar et sa clique, entre achat de votes pour des élections, enrichissement personnel sur des contrats de la Fédération ou encore détournement d’argent sur la vente de droits télé. Bref, une légion de chefs d’accusation qui compose un dossier épais comme un annuaire et qui pourrait bien emmener José Maria Villar derrière les barreaux. La chute ne s’annonce que plus dure pour celui qui, il y a peu, s’imaginait encore un avenir doré. Un temps président intérimaire de l’UEFA, à la suite de l’affaire Platini, il se retrouve aujourd’hui sans le moindre soutien à l’échelon européen. Pis, c’est tout le système de la RFEF, articulé autour des puissants chefs des fédérations régionales en place depuis aussi longtemps que leur supérieur, qui risque de s’écrouler comme un château de cartes.

Un football espagnol gangrené

Car si José Maria Villar a connu, durant son mandat, les plus belles heures du ballon rond espagnol – deux Euro, un Mondial et une litanie de titres dans les catégories de jeunes –, il a également émaillé sa gestion présidentielle de la RFEF de nombreuses zones obscures. En soi, ce n’est là qu’un exemple parmi d’autres dans un football espagnol gangrené par les scandales et la corruption. Même Javier Tebas, président de la LFP et ennemi intime de Villar, ne veut « rien dire » sur la mise en garde à vue de son homologue de la Fédération. Entre les soubresauts de l’affaire Neymar qui a conduit Sandro Rosell, ancien président blaugrana, derrière les barreaux, la multitude de joueurs sous le joug du fisc local ou encore les sanctions de la FIFA à l’encontre du Barça, du Real et de l’Atlético, le football espagnol va mal. Ou plutôt, le pouvoir judiciaire s’est enfin décidé à mettre un gros coup de pied dans la fourmilière et à tordre l’impunité dont les principaux acteurs du ballon rond outre-Pyrénées ont longtemps joui. La fin de l’ère Villar siffle bien la fin des passe-droits pour le football espagnol.

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