- Ligue 1
- J3
- PSG-Toulouse (4-0)
Choupo-Moting, l’arbre qui cache une forêt défrichée
Envoyé au front à la place de Cavani, blessé à la hanche, Éric Choupo-Moting a parfaitement rempli sa mission du soir. Mais puisque l'opposition était somme toute relative, que Kylian Mbappé s'est à son tour pété, que Draxler l'est aussi et que Neymar est toujours en salle s'attente, voir l'attaque parisienne déplumée de la sorte a de quoi inquiéter, alors que le mercato touche tout doucement à son terme et que la C1 approche à grands pas. La saison dernière, déjà, le manque de profondeur du secteur offensif avait de quoi interpeller. Et s'il était temps de remédier à ce problème ?
Une provocation balle au pied pour fixer la charnière toulousaine dans les seize mètres, et puis l’éclair : une roulette lui permettant de se faufiler entre Steven Moreira et Kelvin Amian, avant de trouver enfin la faille en force, du gauche et avec l’aide du poteau. Non, ce superbe enchaînement n’a pas été offert au Parc des Princes par Kylian Mbappé, pourtant entreprenant et sans doute désireux de marquer le coup, pour sa centième apparition en Ligue 1. Ni par Neymar, certes apte à jouer d’après son coach, mais écarté par ce dernier tant que son avenir n’est pas tranché. L’auteur de cette action tout en maîtrise et en puissance est en fait l’homme que l’on attendait sans doute le moins, ce soir : Eric Maxim Choupo-Moting, entré dès la quatorzième minute pour suppléer Edinson Cavani, touché à la hanche.
Choupo, coup d’un soir
Lorsque, à la onzième minute de ce PSG-Toulouse encore nul et vierge, l’Uruguayen a envoyé une chandelle du gauche en tribune Boulogne, le public parisien avait de quoi enrager. Pas en raison du manque de réalisme de son numéro 9, signalé hors jeu sur l’action. Mais parce que dans sa continuité, Edi a esquissé une grimace puis un bref mouvement de la main sans équivoque, pour demander le changement. Sans lui, c’est donc à Eric Choupo-Moting qu’est revenue la tâche ingrate de bouger la défense centrale à trois éléments du Téfécé. Et c’est sur un type auteur de seulement trois buts en trente matchs sous le maillot parisien la saison dernière, et par ailleurs poussé en vain vers la sortie par Leonardo cet été, qu’a reposé la finition des actions parisiennes. Bien sûr, l’international camerounais n’était pas seul : autour de ses grands compas gravitaient Mbappé, Di María et Sarabia. Mais c’est lui, après trente premières minutes compliquées sur le plan personnel, qui a débloqué une situation de plus en plus frustrante pour Thomas Tuchel et ses hommes.
C’est aussi lui que cherchait Ángel Di María, sur ce centre finalement repris par Sarabia et poussé au fond de ses filets par Gonçalves pour le 2-0. C’est lui, enfin, qui a profité d’un service en retrait de Bernat pour inscrire son premier doublé en Ligue 1, son premier depuis près de deux ans et un succès surprise avec Stoke City face à Manchester United en Premier League. Est-ce à dire que le PSG s’est contre toute attente découvert un atout offensif de plus ? Le temps d’une soirée, et face à une charnière aussi inexpérimentée (un peu plus de 19 ans de moyenne d’âge) que celle alignée par Alain Casanova, oui. Peut-être même que le numéro 17 parisien fera encore l’affaire, vendredi prochain à Metz, fraîchement promu dans l’élite et tout juste corrigé par Angers (3-0). Il n’empêche que Choupo ait constitué ce soir la première alternative au quatuor d’attaque lancé par Thomas Tuchel témoigne surtout du manque actuel de profondeur du secteur offensif parisien, qui plus est quand le technicien allemand décide de démarrer une rencontre avec quatre éléments aux avant-postes.
Au complet, vraiment ?
Car outre Cavani, Tuchel était aussi privé ce soir de Julian Draxler, touché à la voûte plantaire et au moins absent jusqu’au terme de la trêve internationale. Pas une grosse perte, au regard des dernières sorties de l’Allemand ? Peut-être, mais problématique quand même, si l’on doit aussi se passer de Neymar, dont l’avenir est encore l’objet de discussions entre Paris, le Barça, le Real et, dit-on, la Juve. De préoccupant, l’état des lieux de l’attaque parisienne a viré à alarmant quand, peu après l’heure de jeu, Kylian Mbappé s’est appuyé contre un panneau publicitaire et s’est tenu l’arrière de la cuisse, avant d’être remplacé par Arthur Zagre. Le Paris Saint-Germain n’a alors pas seulement perdu son facteur X, mais le dernier représentant valide de la MCN, ce trio d’attaque supposé permettre au club de passer un cap en C1.
Peut-être les blessures de Cavani et Mbappé se révèleront-elles sans gravité. Toujours est-il que ce soir, le club de la capitale s’est souvenu que, contrairement à ce que semblent indiquer Leonardo, Tuchel et l’inaction parisienne sur le marché des transferts, le secteur offensif du PSG est incomplet, quand bien même la MCN vivrait au-delà du 2 septembre. C’était déjà vrai la saison dernière où, en l’absence prolongée de Neymar et avec le replacement dans l’entrejeu de Draxler, les solutions de repli se nommaient Diaby, Choupo-Moting et Nkunku. Malgré l’arrivée cet été de Sarabia, ça l’est encore plus aujourd’hui, dans la mesure où Neymar n’est pas encore assuré de rester, ni de revenir à son meilleur niveau, où Draxler tarde sérieusement à retrouver son coup de rein, et où Cavani approche les 33 ans, comme son corps l’a rappelé ce soir. Dans l’esprit de Tuchel, le recrutement d’un élément offensif deviendra obligatoire si le Ney quitte le navire. Sauf à considérer Jesé comme une solution crédible, il semblerait qu’il y ait déjà urgence.
Par Simon Butel