- International
- Amical
- France-Chili
Chili con cramé ?
Dix ans après une Coupe du monde 2014 remarquée et suivie de deux sacres continentaux, le Chili ne fait plus peur à personne à l’heure d’affronter l’équipe de France, ce mardi. En mauvaise position durant les qualifications sud-américaines au prochain Mondial, La Roja a changé de sélectionneur et fait face à un sérieux creux générationnel.
Avant de se déplacer à Marseille pour affronter l’équipe de France ce mardi, la sélection chilienne a fait un crochet par l’Italie. À Parme, La Roja a giflé l’Albanie (0-3), vendredi, grâce, notamment, à l’ouverture du score d’Eduardo Vargas. Son nom sent bon les années 2010 et les nuits blanches à regarder ces hommes en rouge faire trembler, la bave aux lèvres, les plus grandes nations du continent sud-américain. L’Argentine de Lionel Messi s’est cassé les dents par deux fois en finale de Copa América lors de séances de tirs au but où Charles Aránguiz a prouvé qu’on pouvait avoir le sang chaud et froid en même temps, pendant que le Brésil de Neymar a dû s’employer pour écarter les hommes de Jorge Sampaoli en huitièmes du Mondial 2014. En égrenant ces matchs majeurs de la dernière décennie, battre l’Albanie n’a rien d’un exploit. En réalité, dix ans après, le Chili n’est plus vraiment le Chili.
La gueule de bois
La sélection a longtemps profité du travail colossal de Marcelo Bielsa dans l’étroite bande continentale et de sa génération dorée emmenée par Alexis Sánchez, Arturo Vidal et Claudio Bravo. La suite est moins rose, les sélectionneurs se succèdent, n’arrivent pas à faire mieux qu’une quatrième place de Copa América et, pire, échouent à qualifier le pays pour les Coupes du monde 2018 et 2022. Membre éminent du top 10 du classement FIFA entre août 2015 et juillet 2018, avec un pic à la 3e place en 2016, le Chili végète désormais au 42e rang, entre la Tunisie et l’Algérie. Un problème subsiste également : Bravo, malgré ses neuf matchs avec le Real Betis cette saison, a dû revenir prêter main-forte à ses compatriotes après un an d’absence et Sánchez, dont le temps de jeu a considérablement diminué à l’Inter, n’a toujours pas de concurrent fiable en sélection. « Ils devraient avoir un second rôle et ne plus être des joueurs sur qui l’on compte en premier. C’est un sujet récurrent au Chili parce que cette génération dorée n’a jamais eu de remplaçant à la hauteur », indique Samuel Ferreiro, journaliste de Las Últimas Noticias, journal local.
Parmi les nouvelles têtes de cette équipe, les projecteurs sont désormais tournés vers Ben Brereton (une fois ses soucis d’espagnol réglés), Marcelino Núñez, David Osorio ou le Toulousain Gabriel Suazo, qui font moins rêver que leurs aînés. « Aucun n’a atteint le niveau montré par Alexis et Vidal auparavant, mais nous ne perdons pas espoir », veut positiver le journaliste chilien. L’attaquant interiste n’est plus servi par les passes délicieuses de Jorge Valdivia ou Matías Fernandez, alors que ses anciens fidèles lieutenants Gary Medel ou Jean Beausejour lui rendraient de fiers services dans cet effectif assez pauvre. « S’il y a un joueur plus âgé et qu’il est dans une bonne période, et que nous pensons qu’il apporte sa contribution, nous n’hésiterons pas », a noté Ricardo Gareca, sélectionneur, en conférence de presse après avoir relancé Igor Lichnovsky, 30 ans au compteur et dont la dernière sélection remontait à 2019.
Le remède Gareca
Huitième (sur dix) du groupe de qualifications au Mondial 2026, La Roja a vu Gareca remplacer au pied levé Eduardo Berizzo, démissionnaire en novembre dernier. Le baptême du feu d’El Tigre, vendredi, a été crânement réussi. « La victoire contre l’Albanie est probablement la meilleure prestation de notre équipe au cours des deux dernières années, savoure Samuel Ferreiro. C’est la première fois depuis longtemps que le pays s’est montré enthousiaste à propos du style de jeu de l’équipe. » L’entraîneur argentin roule sa bosse sur les bancs d’Amérique du Sud depuis la fin du siècle dernier avec, comme récent point d’orgue, la qualification pour la Coupe du monde 2018 et la finale de Copa América l’année suivante à la tête du Pérou. « C’est un pays ressemblant beaucoup au Chili du point de vue du football, avec des ressources limitées, notamment au niveau de l’effectif », analyse Samuel Ferreiro, qui rêve de voir l’histoire se répéter avec la sélection chilienne.
<iframe loading="lazy" title="Albania vs Chile 0-3 Extended Highlights | International Friendly 2024" width="500" height="281" src="https://www.youtube.com/embed/D6bAhV-MoUQ?feature=oembed" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture; web-share" allowfullscreen></iframe>
Surnommé El Profe, le sélectionneur a déjà laissé entrevoir ses ambitions offensives lors de la victoire contre l’Albanie, alternant entre la possession en première période, puis davantage de transitions dans le second acte pour enfoncer le clou avec deux buts dans les dernières minutes. « Il n’y a pas de plan anti-Mbappé », a-t-il assuré en conférence de presse avant la rencontre face à l’équipe de France. Les montées continuelles de Mauricio Isla et Gabriel Suazo aperçues vendredi devraient toutefois être plus rares à Marseille si le Parisien venait à profiter des trous béants dans leur dos. De son côté, Samuel Ferreiro note que « la défense est le gros point faible de cette équipe », notamment avec une paire de centraux qui varie sans cesse. Les hommes de Didier Deschamps devront, en plus, se racheter après le revers subi contre l’Allemagne (0-2). Alexis Sánchez, lui, va refouler la pelouse du Vélodrome. Sans aucun doute ovationné par les supporters phocéens, l’attaquant qui a brillé sous les couleurs de l’OM se souviendra sûrement de la dernière confrontation dans son jardin face à Kylian Mbappé : 0-3 pour Paris avec un doublé du Français.
Par Enzo Leanni
Propos de Samuel Ferreiro recueillis par EL.