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C’était la Tchécoslovaquie

Par Nicolas Jucha // Propos de Vladi Smicer recueillis par NJ
C’était la Tchécoslovaquie

La Slovaquie et la République tchèque s'affrontent en amical ce mardi à Žilina. L'occasion de revenir sur l'histoire commune des deux pays entre 1920 et 1993, marquée par deux finales de Coupe du monde et une victoire en championnat d'Europe.

En 73 ans d’histoire, 67 si l’on exclut la parenthèse de la Seconde Guerre mondiale qui a vu la sélection mise en sourdine, l’équipe nationale de Tchécoslovaquie a écrit quelques pages glorieuses. Et un palmarès que plus d’un pays à l’histoire plus pérenne pourraient lui envier. Pour sa première compétition officielle en 1920, les Jeux olympiques d’Anvers, l’équipe de Tchécoslovaquie atteint brillamment la finale sous l’impulsion de l’attaquant du Slavia Prague, Jan Vanik. 7-0 contre la Yougoslavie, 4-0 contre la Norvège, puis 4-1 contre la France en demi-finale. Rien ne semble alors en mesure d’arrêter l’équipe d’Europe centrale, si ce n’est l’arbitre de la finale contre la Belgique, l’Anglais John Lewis.

Hockey et Panenka

Un penalty « généreusement » accordé, une expulsion sévère et un second but litigieux selon leur point de vue incitent les Tchécoslovaques à quitter le terrain à la 43e minute, en guise de protestation. Résultat, la plus belle équipe du tournoi est disqualifiée et repart à la maison sans la moindre breloque. Consolation pour le capitaine Karel Pešek, il remporte le bronze avec l’équipe tchécoslovaque… de hockey sur glace. Cette première compétition internationale profile bien le côté perdant magnifique qui sied si bien à cette sélection d’Europe centrale : deux finales de Mondial perdues, contre l’Italie en 1934, contre le Brésil en 1962, cette dernière faisant suite à une 3e place à l’Euro 60. Durant son âge d’or, la Tchécoslovaquie parvient néanmoins à décrocher le Graal, à l’Euro 1976 d’abord – où Antonín Panenka a immortalisé sa technique de tir des penalties en finale contre la RFA – et aux Jeux olympiques de Moscou 1980. Une période faste et éphémère, le dernier coup d’éclat de la sélection tchécoslovaque étant son quart de finale du Mondial 90, éliminée par un penalty du cruel Lothar Matthäus.

Les joueurs : Masopust, Nehoda, Panenka et Moravčík

Star du Dukla Prague dans les années 50 et 60, Josef Masopust apparaît comme le plus grand joueur que la Tchécoslovaquie ait enfanté pour la simple et bonne raison qu’il est le seul à avoir remporté un Ballon d’or, en 1962. L’année même où ce milieu de terrain complet a emmené son équipe nationale en finale de la Coupe du monde, pour un match perdu contre le Brésil, malgré son ouverture du score au quart d’heure de jeu. Finaliste du Mondial 1934, Antonín Puč restera quant à lui l’éternel meilleur buteur de l’équipe nationale avec 34 perles en 60 sélections. Son coéquipier de l’époque en attaque, Oldřich Nejedlý, aura été un peu moins prolifique en sélection (29 buts), mais a gagné son droit à la postérité en terminant meilleur buteur de la Coupe du monde italienne (5 buts).

Quant à la génération dorée championne d’Europe 1976, son meilleur ambassadeur restera Zdeněk Nehoda, recordman des sélections en équipe de Tchécoslovaquie et accessoirement joueur de Grenoble de 1984 à 1986. À cette liste non exhaustive, on pourra ajouter Antonín Panenka, sûrement le nom le plus connu du football tchécoslovaque pour son geste fou en finale de l’Euro 1976, ou encore Ľubomír Moravčík, acteur de la dernière grande épopée du football tchécoslovaque durant la Coupe du monde 1990, et symbole de ces footballeurs slovaques qui évoluent désormais sous d’autres couleurs.

République tchèque et Slovaquie depuis 1994, what’s up ?

Depuis la partition de la Tchécoslovaquie, les équipes nationales tchèque et slovaque ont partagé des fortunes diverses. La première, sorte de continuité historique, a vu l’émergence de la génération de Pavel Nedvěd lors de l’Euro 1996, avec une finale perdue sur un but en or de l’Allemand Bierhoff. Mais ces bonnes dispositions européennes – demi-finale 2004, quart de finale 2012 – n’ont jamais trouvé d’écho en Coupe du monde, avec une seule qualification en 2006, pour un fiasco dès le premier tour des hommes de Karel Brückner. Des résultats mitigés quand on sait que la République tchèque a vu sortir quelques cadors comme Petr Čech, Pavel Nedvěd, Karel Poborský, Vladimír Šmicer ou encore Tomáš Rosický.

Côté slovaque, la partition a mis du temps avant d’accoucher d’une équipe compétitive. Encore jamais qualifiée pour l’Euro, la Repre a dû attendre 2010 pour disputer sa première grande compétition et valider ses progrès. Lors du Mondial sud-africain, la bande à Marek Hamšík – le meilleur joueur de l’histoire slovaque à ce jour – a même décroché un ticket pour les huitièmes de finale à la faveur d’une victoire d’anthologie contre l’Italie (3-2) au premier tour. Désormais en tête de son groupe de qualification à l’Euro tout comme son voisin tchèque, l’équipe de Jan Kozák compte sur ses piliers tels Martin Škrtel et Ján Ďurica pour disputer le prochain Euro en France.

Le témoignage de l’ancien : Vladimír Šmicer (une sélection avec la Tchécoslovaquie, 80 sélections, 27 buts avec la République tchèque)

« Je me sens tchécoslovaque, car pour moi, nos différences étaient infimes. Après la Révolution de velours, les Slovaques ont voulu partir, et les Tchèques ont accepté. Je considère toujours les Slovaques comme mes amis, mes frères. À Bratislava, je suis chez moi. La séparation en deux équipes nationales n’a pas changé grand-chose pour nous les joueurs, à la différence que les matchs contre la Slovaquie sont désormais des derbys qu’il faut gagner. Ces matchs sont tendus entre supporters plus que sur le terrain, car nous, on aurait préféré rester ensemble, on aurait été plus compétitifs. Aujourd’hui, la sélection de la République tchèque est la continuité de la Tchécoslovaquie, car la séparation vient du peuple slovaque. Mais sans cette séparation, on aurait eu une superbe équipe, car on n’avait pas les mêmes profils de joueurs. Avec les Slovaques, on a fait de belles choses, ils nous manquent. Je pense notamment, qu’avec eux, on aurait gagné l’Euro 1996. Notre situation ressemble à ce qu’il s’est passé pour les pays de l’ex-Yougoslavie. Toutes ces sélections étaient meilleures quand elles étaient réunies… »

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