- Portugal
- Bilan
C’était 2015, en Liga Nos
Jesus en Judas, Benfica qui signe son premier bicampeonato du XXIe siècle, le Sporting qui remporte trois Classicos en quatre mois, Porto meilleur second de l’histoire de la Liga portugaise, le Coréen Suk et sa praline estivale et enfin le bal des droits TV… Il s’en est passé des choses, à l’ouest de la péninsule.
L’équipe : Benfica
En 2015, les Encarnados auront fait le doublé Liga Nos-Coupe de la Ligue, vu leur entraîneur filer au Sporting, vu leur vice-capitaine Maxi Pereira filer à Porto, nommé un coach aussi charismatique que François Hollande, battu l’Atlético Madrid à Calderón et perdu trois fois en quatre mois contre le Sporting de Jesus. Pas de doute, Benfica est bien l’équipe qui incarne le mieux le bordel incroyable qu’aura été 2015 en Lusitanie.
Les (gros) bides : Osvaldo et Taarabt
– Entre l’Italo-Argentin qui organise un churrasco géant avec ses nouveaux coéquipiers à son arrivée à Porto et les problèmes de poids récurrents d’Adel Taarabt, difficile de savoir lequel a le plus gros bide ou ferait le plus gros flop dans une piscine remplie à ras bord. Osvaldo est lent comme un tracteur de Farming Simulator, tandis que Taarabt a fait l’objet d’un suivi quasi quotidien des journaux sportifs nationaux qui cherchaient tant bien que mal à savoir où en était la recrue marocaine dans son régime drastique. L’ancien de QPR a par ailleurs eu la merveilleuse idée de rater lamentablement un penalty à 0-0 lors du Classico des « B » en D2 contre le FC Porto, qui finira évidemment par remporter le match. Osvaldo, lui, ne tire pas les penaltys. Il ne tire pas tout court d’ailleurs. Il a mieux à faire. Comme griller de la viande dans une demeure volontairement choisie pour son éloignement du centre-ville et des paparazzis afin de pouvoir manger et boire comme un footballeur du dimanche. Grâce à lui, le surdoué André Silva aura sans doute sa chance en pointe en 2016.
Les révélations : Renato Sanches et André André
– La jeunesse portugaise est fleurissante. Passée tout près du sacre européen chez les espoirs, elle vient d’accoucher d’un nouveau prodige, un peu plus d’un an après l’imprévisible éclosion de Ruben Neves. Lui, c’est Renato Sanches (pas Sánchez, Sanches !), plus jeune de cinq mois que son rival portista. S’il n’a pas réussi à planter pour sa première en championnat comme Neves, le banlieusard lisboète a rectifié le tir en balançant une cacahuète dans la lulu pour sa première titularisation à la Luz. Mais Renato brille surtout dans le jeu de par son rayon d’activité et sa capacité à remonter le ballon. Des aptitudes qu’il partage avec un autre Portista, André André. Moins jeune (26 ans), l’ancien de Guimarães, que peu de gens voyaient s’imposer chez les Dragons, est en grande partie responsable de la catastrophe portugaise qu’est en train de traverser Giannelli Imbula. International portugais depuis peu, ce fervent supporter du FCP a pris soin d’inscrire le but victorieux lors de la victoire (1-0) des siens devant Benfica. Pour donner une idée du niveau du bonhomme, il se situe entre Matuidi et Moutinho.
Le twist : Jesus rejoint le rival sportinguista
S’il fallait résumer Jésus en deux mots, ce serait sûrement miracle et trahison. Dans un souci d’originalité, l’homonyme du natif de Nazareth a décidé de trahir plutôt que d’attendre que quelqu’un le fasse à sa place. Après avoir remporté sa troisième Liga avec Benfica, le technicien portugais a donc décidé de faire ses valises pour les reposer 500 mètres plus loin, à Alvalade, en échange d’un salaire à plusieurs millions et de quelques insultes de son ancienne famille rouge. En trahissant le SLB, Jesus a surtout accompli la promesse faite il y a plusieurs années au paternel, celle de coacher le club pour lequel vit la famille. Toujours vivant mais débile (au sens médical du terme), papa Jesus ne pourra malheureusement jamais profiter du noble cadeau que lui a fait son fiston.
Le but : Suk contre l’Académica
Contrairement à ce que pourrait indiquer son nom, Suk ne favorise pas la digestion des défenseurs qui ont affaire à lui. Pour ceux de l’Académica, c’est carrément tout le contraire. Il faut dire que le Sud-Coréen n’y est pas allé de main morte en ce soir d’août. Après avoir remonté le terrain balle au pied sur l’aile gauche et enrhumé un vis-à-vis un peu laxiste, l’attaquant à la mode au Portugal a balancé un missile sol-air à en rendre jaloux Kim Jong-un.
La polémique : les droits TV
Élu président de la Ligue portugaise, le jeune arbitre retraité Pedro Proença avait fait de la centralisation des droits télévisés du championnat national son cheval de bataille. Comme Proença a toujours voulu être un bon politique et qu’un politique ne tient pas ses promesses, il n’a rien fait ou pu faire pour empêcher que Benfica et Porto signent des contrats millionnaires (avec PT et donc Altice) pour la retransmission de leurs matchs au cours des dix prochaines années. Résultats, certains présidents de clubs demandent la démission pure et simple de l’ex-arbitre, qui, à défaut d’avoir gardé son costume jaune, ne s’est pas séparé des insultes qui vont avec son ancienne profession. Pour ce qui est du championnat portugais, il risque de voir le fossé s’agrandir entre les trois grands et le reste de l’écurie. Le rêve d’un championnat équitable est parti en fumée en ce mois de décembre 2015.
Ce qui va se passer en 2016
– Porto et le Sporting vont croiser le fer dès le deuxième jour de l’année.
– Benfica va terminer le championnat avec la meilleure attaque, mais ne sera que quatrième.
– Le Sporting va remporter la Liga Nos avec 87 points devant Porto (86). Lopetegui bat son propre record de meilleur second de l’histoire, mais se fait virer.
– Pinto da Costa sort le chéquier pour faire venir son vieil ami Jorge Jesus qui accepte et devient officiellement la personne la plus détestée du Portugal.
– Bruno de Carvalho va porter réclamation devant la FIFA pour un hors-jeu non signalé à la 67e minute d’un match contre Arouca.
– Benfica va vendre plein de jeunes issus de l’Academia 15 millions d’euros à l’AS Monaco.
Par William Pereira