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C’est la tournée des patronnes

Par Julien Duez, au Parc des Princes
C’est la tournée des patronnes

Un doublé de Wendie Renard, un pion d’Eugénie Le Sommer et un dernier d’Amandine Henry ont permis de sceller royalement l’entrée en matière de l’équipe de France dans son Mondial, vendredi au Parc des Princes. Une victoire dans laquelle l’expérience s’est révélée essentielle.

Pas facile de passer, en l’espace d’une semaine, des 10 000 spectateurs de Créteil aux 45 000 d’un Parc des Princes à guichets fermés. Dans ces cas-là, mieux vaut avoir les nerfs solides, surtout quand on s’appelle Équipe de France féminine de football et qu’on a davantage l’habitude d’entendre les mouches voler plutôt qu’un public en feu au moment où résonne la Marseillaise. « À ce moment-là, je pleurais de l’intérieur, j’aurais voulu mettre ce moment sur pause pour en profiter encore plus longtemps » , confiait, émue, Gaëtane Thiney (157 sélections) après la rencontre. « On savait qu’on allait prendre une bouffée d’émotions. Quand on a plus de 45 000 personnes derrière nous, on ne peut qu’être transcendées. On s’est servi de tout ce beau public pour faire une bonne entame » , avouait pour sa part Wendie Renard (109 sélections), auteure d’un doublé et logiquement élue joueuse du match.

Renard de la guerre

L’entame, elle a été excellente. La suite, parfaitement maîtrisée. Il faut dire qu’en dépit de l’absence surprise de Valérie Gauvin, laissée sur le banc par Corinne Diacre au coup d’envoi, les Bleues n’ont eu aucun mal à se lancer dans leur tournoi, cernant rapidement les nombreuses faiblesses de leurs adversaires du soir. À commencer par la taille moyenne de la ligne défensive coréenne : 1,65 mètre. Autant dire que chaque corner est une occasion franche, et Gaëtane Thiney multiplie les tentatives avant de trouver la bonne : au second poteau pour la tignasse de Wendie Renard qui, du haut de son mètre 87, dispose d’un avantage naturel que la Martiniquaise ne se prive pas d’exploiter à deux reprises : « C’est très rare, je n’avais jamais marqué en Coupe du monde. Cela fait du bien sur le plan personnel, et collectivement, ce sont des buts très importants pour la confiance » , se réjouissait l’intéressée après avoir marqué ses 21e et 22e pions en bleu.

Vieilles marmites et jeunes pousses

De la confiance, il fallait en emmagasiner rapidement. Surtout lorsque Kadidiatou Diani, repositionnée dans l’axe, ne parvenait pas à débloquer son compteur personnel et que Griedge Mbock se voyait refuser sa reprise de volée magistrale pour un hors-jeu saisi au millimètre près par la VAR. Le but d’Eugénie Le Sommer (son 75e en EDF, ce qui lui permet de revenir à six longueurs du record de Marinette Pichon) a certes fait du bien à la Lyonnaise, officiellement remise de sa légère blessure au muscle fessier, mais ne reflétait pas assez bien l’écrasante domination bleue dans la moitié de terrain coréenne. Heureusement pour le spectacle, Amandine Henry (84 sélections) s’est chargée d’égayer la fin du second acte avec une magnifique frappe enroulée à vingt mètres. Le douzième but de sa carrière internationale et surtout, le premier depuis mars 2018.

Était-ce la pression du tournoi qui pesait trop lourd sur les épaules de cette équipe particulièrement rajeunie depuis l’arrivée de Corinne Diacre en août 2018 ? Impossible de l’affirmer, mais en attendant, un chiffre se montre particulièrement explicite : cette victoire, l’équipe de France l’a obtenue grâce à trois buteuses qui, en plus de jouer dans le même club (Lyon) cumulent 353 sélections (557 en ajoutant celles de Thiney et Majri, passeuses décisives) et autant d’expérience à mettre au service du collectif. « C’est sûr que ce soir, le scénario du match parle en faveur de l’expérience : Wendie met un doublé, moi je lui livre une passe dé, Amandine marque aussi, Eugénie se rapproche du record de Marinette Pichon… » énumérait Gaëtane Thiney en zone mixte, avant d’ajouter : « Malgré tout, je garde en tête que nous fonctionnons d’abord comme un groupe de 23 joueuses qui bossent ensemble depuis un an et demi. Et c’est cette complémentarité générationnelle qui fait notre force. »

Une complémentarité qui n’a pas échappé à Valérie Gauvin, entrée en jeu pour les vingt dernières minutes : « Les Lyonnaises apportent leur grande expérience des compétitions européennes. Ce sont des cadres que l’on arrive à suivre grâce aux automatismes qui se sont développés depuis que l’on travaille ensemble. Cette victoire, on l’a obtenue à l’expérience, mais aussi avec la fougue de la jeunesse. On s’entend super bien et c’est ça qui fait la beauté de notre jeu. On a démarré fort, mais on va continuer de monter en puissance » , promettait la Montpelliéraine du haut de ses vingt capes. Nul doute que Diani, Torrent, Périsset, Cascarino et Geyoro auront à cœur de décorer de leur nom les prochains tableaux d’affichage.

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