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Centonze : « Je le referais cent fois »

Propos recueillis par Julien Duez
Centonze : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je le referais cent fois<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Ce samedi, le RC Lens inaugurait sa tribune debout à l’occasion du match contre Sochaux. Une victoire 2-0 des Sang et Or sous le regard de Fabien Centonze, qui a pour l’occasion troqué le siège VIP contre la chaleur du kop Marek.

Vous êtes arrivé cet été à Lens, en provenance de Clermont Foot. Sans manquer de respect aux Auvergnats, la ferveur là-bas, elle est plutôt au rugby, non ?C’est vrai qu’à Gabriel Montpied, les matchs ne sont pas forcément réputés pour leur ambiance. Mais les supporters qui venaient étaient toujours les mêmes, des amoureux du club, toujours là pour nous. Le nombre, ce n’est pas très important, on avait malgré tout envie de se battre pour eux.

On imagine que le projet sportif a pesé dans votre décision, mais est-ce que débarquer dans un club où la réputation du public n’est plus à prouver a influencé votre choix ?Même s’ils sont passés à travers la saison dernière, le Racing reste une équipe qui joue les premiers rôles, avec des infrastructures de Ligue 1.

Je me suis toujours dit qu’il faudrait que j’aille vivre l’expérience du kop au moins une fois.

Et puis, jouer devant un public mythique, dans un stade qui rassemble 30 000 personnes par match, en Ligue 2, ce n’est pas donné à tout le monde. C’est un détail qui a forcément son importance. Lorsqu’ils m’ont appelé, je n’ai pas hésité une seconde.

C’est vrai que vous n’aviez jamais assisté à un match dans un kop auparavant ?Oui ! Plus jeune, quand j’allais au stade avec ma famille, c’était tranquille, assis, et je ne me levais pour crier que lorsqu’il y avait un but.

J’y serais allé dans tous les cas.

Mais je me suis toujours dit qu’il faudrait que j’aille vivre l’expérience du kop au moins une fois, dès que l’opportunité se présenterait.

Lors du déplacement à Metz, vous écopez d’un carton rouge. La commission de discipline vous inflige alors un match de suspension.La décision a été publiée sur les réseaux sociaux et beaucoup de supporters sont venus me trouver pour me dire qu’ils trouvaient cela injuste. C’est alors qu’on a commencé à me proposer d’aller voir le match contre Sochaux en tribune Marek, avec les ultras.

Vous mettez combien de temps avant de dire oui ?J’en ai d’abord parlé à ma copine, et elle était super emballée ! J’ai alors eu l’idée de tester la popularité de cette idée en demandant un certain nombre de retweets sur Twitter, et l’objectif a été atteint en deux heures.

Je suis arrivé par le terrain, et tout le kop s’est mis à chanter mon nom. C’est la première fois que ça m’arrivait et ça m’a pris au cœur.

Bon après, pour être honnête, j’y serais allé dans tous les cas. D’autant plus que c’était l’occasion de transformer ce carton rouge en quelque chose de positif et de ne pas me lamenter sur mon sort.

Il y a eu un peu d’étude avant le jour J ? On vous a donné une liste de chants à apprendre par cœur ?Non, je suis allé me renseigner quelques jours avant sur les airs les plus connus, mais je n’arrivais pas à les retenir ! Du coup, pendant le match, j’écoutais attentivement et je chantais ensuite avec les autres. L’avantage, c’est que ça se répète longtemps, donc c’est plus facile pour les enregistrer.

Comment se passe votre arrivée en Marek ? Vous entrez par les coursives comme tout le monde ?Je suis arrivé par le terrain, et tout le kop s’est mis à chanter mon nom. C’est la première fois que ça m’arrivait et ça m’a pris au cœur. Avoir la chance de vivre ça, c’est une émotion unique. Ma copine était super contente elle aussi. D’ordinaire, elle est en tribune VIP avec les familles des joueurs. C’est beaucoup plus calme et en plus, on voit vraiment le match.

Pourquoi ? Vous n’avez pas vu le match samedi ?Pratiquement pas !

L’image que je retiens, c’est que le public lensois est un public qui encourage. Même quand il y avait des choses mal faites sur le terrain.

Si on arrive à en apercevoir 15-20 minutes, c’est déjà un miracle. Le reste du temps, on est occupé avec les Corons, le tifo, les drapeaux, les chants et notamment ceux pour lesquels on se retourne… Bref, tous ces petits éléments qui rendent ce rituel mythique au club. On ne regarde pas vraiment ce qui se passe sur la pelouse, en fait.

Est-ce que le capo vous a demandé de lancer un chant, de jouer du tambour ou de monter sur le perchoir ?Certains supporters m’ont demandé de le faire, mais j’ai dit non. Je suis quelqu’un de simple, discret et qui n’aime vraiment pas se mettre en avant. Mettre l’ambiance, c’est le rôle des capos, pas le mien.

Parfois, on entend des insultes à l’encontre des joueurs sur le terrain, et pas seulement des adversaires. Vous appréhendiez le fait qu’on puisse potentiellement avoir de vilains mots envers vos coéquipiers ?Ce n’est pas quelque chose que j’ai connu jusqu’à présent et depuis mon arrivée, je constate que les supporters s’entendent bien avec tous les joueurs. L’image que je retiens, c’est que le public lensois est un public qui encourage. Même quand il y avait des choses mal faites sur le terrain, je n’ai pas entendu de paroles déplacées.

Si c’était à refaire, j’aimerais que ce soit ici, pas ailleurs. J’ai le sentiment de jouer pour l’un des meilleurs publics de France.

Seulement des encouragements. De toute façon, on l’a vu la saison dernière : ça n’allait pas bien et pourtant, il y avait 25 000 supporters au stade pour encourager l’équipe à chaque match. Et ça, c’est super beau.

Globalement, qu’est-ce que vous retenez de cette expérience ?Déjà, on ne réalise pas tout de suite. Je n’avais pas idée des proportions que mon tweet prendrait, notamment au vu de toutes les sollicitations médiatiques que j’ai reçues. J’avais vraiment envie de voir comment les ultras vivent le match et ça n’a rien à voir avec la tribune basique. Sans hésiter, je le referais dix fois, cent fois même !

C’était votre premier match debout. Le premier de tous les ultras de la tribune Marek, d’ailleurs.Je suis rentré chez moi épuisé ! C’est super fatiguant d’être pendant 90 minutes avec les bras levés. On chante, on saute, on est serrés, il fait super chaud… En fait, ce n’est pas si simple d’être dans le kop ! Quant au fait que la Marek soit debout, ça avait l’air de faire plaisir à pas mal de monde, c’est le principal.

Est-ce que cette expérience vous a donné envie d’aller voir dans le kop une équipe en particulier ?Pas spécialement.

En faisant de bonnes performances, le public nous apprécie. Et quand c’est le cas, ce n’est que du bonheur.

Si c’était à refaire, j’aimerais que ce soit ici, pas ailleurs. J’ai le sentiment de jouer pour l’un des meilleurs publics de France. À la télé, j’ai pu voir que dans d’autres clubs, c’est plus dispersé, plus vindicatif à l’encontre des supporters adverses… À Lens, je n’ai pas l’impression que ce soit le cas : les gens viennent pour encourager l’équipe et passer un bon après-midi. Pas pour chambrer l’adversaire ou entrer dans la provocation.

Vous avez le sentiment d’être pleinement intégré dans la famille lensoise à présent ?J’essaye en tout cas. Mais le plus important, c’est de toujours tout donner sur le terrain, c’est la base. En faisant de bonnes performances, le public nous apprécie. Et quand c’est le cas, ce n’est que du bonheur.

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