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Ce qu’il faut retenir de la dernière journée de la zone AmSud

Par Adrien Candau
Ce qu’il faut retenir de la dernière journée de la zone AmSud

Seulement quatre places pour accompagner le Brésil en Russie, six candidats, et une série de sentences irrévocables pour cette dernière journée de qualifs de la zone Amérique du Sud. Une conclusion dingue, où on a vu Messi faire léviter l'Argentine, Ospina se fendre d'une cagade qui condamne le Chili à manquer le prochain Mondial et Omar da Fonseca s'offrir un sacré moment de télévision.

Les qualifiés

Brésil Uruguay Argentine Colombie

Barragiste : Pérou

L’équipe de la journée : Pérou

L’ascenseur émotionnel de la soirée. Sevrés par des Colombiens supérieurs dans le jeu, los Incas morflent d’abord pour se procurer la moindre ébauche d’occasion. À la mi-temps, le Pérou tout entier se bouffe les ongles, alors que la Blanquirroja est virtuellement éliminée : dans le même temps, l’Argentine mène en Équateur, et le Chili tient en échec le Brésil. L’Estadio Nacional s’éteint même soudainement quand la Colombie ouvre le score par James Rodríguez en début de seconde mi-temps.

Sauf qu’en parallèle, le Brésil de Neymar commence à dévorer le Chili. Le Pérou reprend alors espoir, même si les hommes de Ricardo Gareca bafouillent toujours à l’heure de conclure. Heureusement, leur petit miracle va prendre la forme d’un homme : David Ospina. Paolo Guerrero envoie un coup franc complètement naze vers le but des Cafeteros et David, qui pensait certainement à son prochain match de Ligue Europa avec Arsenal, laisse gentiment passer le cuir. Le Pérou tient alors un nul salvateur, qui condamne le Chili à rester à la maison en 2018. Barragistes, Los Incas vont devoir maintenant battre la Nouvelle-Zélande, s’ils veulent définitivement envoyer de bons baisers de Russie à leurs supporters l’année prochaine.

Le joueur de la journée : Lionel Messi

Voilà un peu plus de six mois que Lionel Messi n’avait plus marqué en sélection. Seulement, mardi soir, l’Argentine, sixième de son groupe de qualification, était dans le dur et avait besoin d’une victoire face à l’Équateur pour voir la Russie. Alors, Lionel a pris ses responsabilités. Alors que l’Albiceleste est rapidement menée au score, la Pulga égalise seul face au but après une passe de Di María. Puis profite d’une bavure d’un défenseur de La Tri pour envoyer une praline dans la lulu. Avant de faire tomber le rideau en envoyant une frappe lobée dans les filets adverses. Hésitante collectivement, incapable de trouver un semblant de régularité lors de cette phase de qualification, l’Argentine sera quand même au Mondial. Messi beaucoup, Leo.

La chevauchée fantastique de la journée : Rómulo Otero

D’ores et déjà éliminée, la Vinotintoavait quand même à cœur de démontrer que le football vénézuélien ne se résumait pas à Tomás Rincón. Alors elle a enterré les espoirs du Paraguay, qui conservait une micro chance de se qualifier en cas de succès, au terme d’un match d’une intensité folle. C’est le numéro 10 vénézuélien Rómulo Otero qui a le mieux symbolisé la rage de vaincre des siens, en s’offrant un raid solitaire tout en puissance sur le côté droit, effaçant deux joueurs avant d’offrir un caviar à son partenaire, Yangel Herrera.

La question de la journée : Le Brésil serait-il en fait une nation de chics types ?

Il paraît qu’ils se détestent. Qu’ils ne souhaitent respectivement que le malheur de l’autre. Déjà qualifié pour le Mondial, le Brésil aurait pu tenter de complexifier les affaires de l’ennemi argentin en ne jouant pas le jeu face au Chili et en laissant la Roja s’imposer à São Paulo. Mais il a préféré laisser derrière lui plus de 70 ans d’antagonisme footballistique pour offrir une soirée chaloupée à ses supporters. Un but de crevard de Paulinho, deux pions de Gabriel Jesus, et l’affaire est dans le sac. Dur, très dur pour le Chili, double tenant du titre de la Copa América, qui ne verra pas le Mondial. Mais on a peut-être définitivement retrouvé le Brésil qu’on aime : celui qui ne calcule pas et envoie du jeu coûte que coûte. Joga bonito is on.

Vous avez loupé Uruguay-Bolivie (4-2) et vous n’auriez pas dû

Six pions au sein d’un match ou il y en avait décidément pour tous les goûts. Les amateurs de comique apprécieront le csc grotesque du défenseur de la Céleste Gastón Silva, victime d’un dégagement hasardeux de Godín qui lui rebondit sur la jambe, avant de tromper son propre portier. Les voleurs de poules préféreront le but de l’égalisation de Martín Cáceres, qui dévie l’air de rien une frappe à cinq mètres du but. Les fans de Top Gun et de combat aérien ont pu s’en mettre plein les mirettes grâce à Cavani, qui plante une tête en suspension du plus bel effet. Et les obsédés de l’extérieur du pied ont pu se régaler sur le premier but de Luis Suárez, par ailleurs auteur d’un doublé, qui a ainsi assuré la qualification des siens. Et bon appétit bien sûr.

La stat de la soirée : 21

Comme le nombre de buts que Lionel Messi et Luis Suárez ont chacun marqué depuis le début de leur carrière en phase de qualification pour la Coupe du monde. Un record historique. La Pulga et El Pistolero devancent Hernán Crespo et Marcelo Salas, qui ont chacun planté 19 et 18 banderilles en matchs de qualif. Costaud, mais, en un sens, Edinson Cavani a fait encore plus impressionnant : El Matador a inscrit 10 pions sur la seule campagne de qualifications pour la Coupe du monde 2018. Vorace.

La décla’ de la journée : « Vous avez déjà le pyjama, maintenant vous pouvez le reboutonner ! »

Du grand Omar da Fonseca hier soir. Même passé deux heures du matin, l’Argentin a balancé de la punchline à gogo pour accompagner la performance stratosphérique de Lionel Messi face à l’Équateur. D’abord en improvisant un remix personnalisé d’Un garçon pas comme les autres de Starmania pour célébrer le second pion du numéro 10 de l’Albiceleste : « Messi, il s’appelle Messi. C’est un garçon pas comme les autres, mais je l’aime, c’est pas ma faute. » Avant de s’égosiller sur le dernier pion de la Pulga, en balançant un déjà mythique : « Bien sûr, vous avez déjà le pyjama, maintenant vous pouvez le reboutonner! » Alors, en deux mots : Omar, merci.

Et sinon ?

– Alors que la Colombie et le Pérou se quittent sur un nul 1-1 qui arrange tout le monde, puisqu’il garantit une qualification directe pour le Mondial pour l’un, le droit de disputer un match de barrages pour l’autre, James Rodríguez scelle le pacte de l’amitié entre les deux nations : « Le Pérou mérite d’aller au Mondial. » Le Chili appréciera.

– Jorge Sampaoli continue d’être en admiration béate devant Lionel Messi : « C’est le meilleur joueur de l’histoire. Je suis ému d’être dans un groupe à ses côtés. » Quand ton entraîneur est aussi ta groupie, ce n’est généralement pas bon signe.

– Pour s’assurer de voir la Russie l’été prochain, l’Argentine ne comptait pas que sur Messi. Mais aussi sur un mystique, le « Sorcier Manuel » , un type ventripotent qui a plus la dégaine d’un pilier de bar PMU que de Merlin l’enchanteur. Mais les impressions sont trompeuses : ce dernier a été conseillé à la délégation argentine par Juan Sebastián Verón. Un type qu’on surnommait dans le temps la brujita. Et qui touche donc forcément sa bille en sorcellerie.

– Juan Antonio Pizzi n’est plus le sélectionneur du Chili. Son contrat expirait à la fin des qualifications de la zone Amérique du Sud et, étant donné l’échec des siens, ne sera pas renouvelé. Une conclusion un peu triste pour un mec qui a quand même permis à la Roja d’enquiller une seconde Copa América de rang en 2016.

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