Bonjour Carlos ! Comment allez-vous ?
Ça va merci, je ne suis pas sur Buenos Aires en ce moment, je profite de la vie !
Ce samedi, il y a Reims-PSG, forcément un match spécial pour vous.
Oui, c’est sûr. Mon cœur balance plus pour Reims que pour le Paris Saint-Germain, parce que j’y ai passé plus de temps. Pour voir Reims gagner, il faudra un match parfait : solide défensivement, et créatifs en attaque. Après, ce sont les deux équipes les plus en forme du championnat, donc c’est un choix difficile (rires) ! Ce sera un match serré…
Vous débarquez à Reims en 1973 en provenance de Vélez Sársfield. Quels souvenirs gardez-vous de votre passage là-bas ?
C’était une très belle période de ma vie. J’arrivais une grosse dizaine d’années après Raymond Kopa et les finales européennes du club. Le public demandait beaucoup à cette époque, car il voulait retrouver le haut niveau. Sportivement, nos moyens économiques nous faisaient passer derrière Saint-Étienne, Nantes, Paris… Des clubs avec plus d’argent. On ne pouvait pas finir plus haut que la cinquième place. Mais d’un point de vue personnel, c’était fantastique. La seule fois où je ne finis pas meilleur buteur, c’est à cause d’une fracture au tibia-péroné ! Donc quand on fait le bilan, il est très positif. Et puis Reims, c’est aussi mes débuts comme entraîneur…
Comment le Stade de Reims avait-il pris contact avec vous pour vous faire venir en France ?
Le transfert s’est fait par le biais de Rafael Santos, un ancien joueur de football passé par le FC Nantes et l’AS Cannes, devenu entrepreneur. Il s’est occupé de différents transferts en France, comme Vargas ou Burruchaga à Nantes. C’était la personne chargée de ramener les meilleurs éléments d’Argentine en France.
Quels étaient les autres clubs qui souhaitaient vous faire signer à ce moment ?
J’aurais pu signer au Real Madrid ou au FC Barcelone, parce qu’ils me voulaient aussi. Le problème, c’est que certaines frontières étaient fermées : l’Italie d’abord, puis l’Espagne sous Franco. Les frontières espagnoles se sont ouvertes en 1973, après mes discussions avec le Stade de Reims. Comme j’avais donné ma parole au club, j’ai souhaité la respecter.
Vous aviez envie de découvrir la France aussi, non ?
Pour nous, les Argentins, la réalité fait que nous sommes plus proches des Espagnols ou des Italiens. La France, cela reste un pays avec une culture et une histoire extraordinaires. Je tenais compte du pays dans lequel j’allais arriver, mais je tenais surtout compte de la parole que j’avais donnée.
Après Reims, vous signez donc au PSG. Nous sommes en 1977. Un an plus tard, vous remportez le Soulier d’argent. La meilleure période de votre carrière ?
Sincèrement, non, la période au Stade de Reims était meilleure. À vrai dire, je vois mon passage au Paris Saint-Germain comme un gâchis : nous avions de bons joueurs, mais nous manquions de continuité dans les résultats. Sur mes deux saisons là-bas, nous finissons onzièmes puis treizièmes… Et pourtant, j’arrive encore à terminer deux fois meilleur buteur !
Pourquoi cette irrégularité ?
Selon moi, le club manquait de professionnalisme. Daniel Hechter par exemple, c’était un monsieur. La façon dont il s’est fait virer du club… Ce n’était pas normal. Cette personne aimait le football, et sans lui, le Paris Saint-Germain n’existerait pas. Quand je vais au Parc des Princes, j’ai l’occasion de le voir… Je peux vous dire qu’il passe comme monsieur tout le monde ! Il est petit et ne cherche pas à se faire remarquer. Il est humble. En cela, c’est quelqu’un que j’estime beaucoup.
Même si votre palmarès au PSG est vierge, vous demeurez l’un des grands attaquants du club. Quelle en est la raison, d’après vous ?
Je crois que j’ai quand même mis beaucoup de buts en deux saisons (71 en 80 matchs, ndlr)… Les gens de 20-30 ans ne peuvent pas s’en rappeler, mais ceux de 60-70, ça leur parle plus ! Et puis bon, il y a aussi le fait d’entrer dans la légende du club de la capitale… Dans 40 ans, on parlera des attaquants parisiens actuels comme cela aussi.
Justement, l’arrivée de nombreux joueurs argentins au PSG (Lavezzi, Pastore, Di María) vous fait-elle suivre encore plus leurs résultats ?
Je suis toujours le championnat de France et les matchs du PSG. L’an dernier, j’étais au Parc pour voir le quart de finale aller contre le Barça, puis j’ai aussi vu la rencontre suivante contre Saint-Étienne. D’ici quinze jours, je serai de retour là-bas. Mais malheureusement, Paris jouera en Ukraine, à Donetsk ! Pastore, Lavezzi ou Di María, c’est toujours une grande joie de les voir sous ce maillot.
Aujourd’hui encore, votre cote de popularité en France est excellente. Comment l’expliquez-vous ?
Les fans du football sud-américain me reconnaissent. S’ils me voient, ils se rappellent que j’ai remporté quatre fois comme entraîneur la Copa Libertadores, avec Vélez, puis Boca. Pour l’instant, je suis le seul « Français » vainqueur de cette compétition… C’est à travers ce football-là qu’ils me repèrent.
Entraîner en France, c’est quelque chose que vous aimeriez ?
Aujourd’hui, je veux profiter de mon temps. Le football, c’est un milieu où l’on vous demande trop. La vérité, c’est que je ne sais pas encore ce que je ferai demain.