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Canet-en-Roussillon, un truc de Fouzari

Par Alexandre Delfau
Canet-en-Roussillon, un truc de Fouzari

Pour la première fois dans l'histoire de la Coupe de France, cinq équipes de quatrième division seront à l'affiche des huitièmes de finale. En tête de gondole de ce quintet amateur : Canet-en-Roussillon, auteur d'un exploit retentissant au tour précédent face à l'Olympique de Marseille (2-1). À la baguette de l'exploit : Farid Fouzari, 53 ans, « le Mourinho des Ardennes », comme l'a surnommé au lendemain de la qualification le quotidien local L'Indépendant. Portrait d'un homme qui n'est pas à son coup d'essai et dont la vie est depuis toujours rythmée par de belles épopées.

« Ce sont des moments et des émotions qui se vivent, mais ne s’expliquent pas. » Plusieurs semaines après l’exploit de Canet-en-Roussillon face à l’Olympique de Marseille, l’euphorie de l’exploit est retombée, mais la magie de la Coupe, elle, est toujours là. Farid Fouzari sait qu’il a écrit la plus belle page de l’histoire du petit club des Pyrénées-Orientales. Dans l’antre du rugby à XIII qu’est le stade Gilbert-Brutus de Perpignan, les Canétois sont alors devenus les premiers Catalans à atteindre ce stade de la doyenne des compétitions. Mais ce succès est loin d’être le fruit du hasard ou de la chance de David contre Goliath. « Pendant deux semaines (après le 32e de finale face à Poitiers, 1-1, 4-2 t.a.b, NDLR), on avait travaillé des systèmes de jeu. Le maître-mot était de ne pas perdre de ballons dans les 30-35 derniers mètres, aller dans la verticalité, la récupération, les transitions, puis de jouer surtout, rembobine le technicien du CRFC. Parce que ne pas jouer contre une Ligue 1 et rester timoré, ça peut vite devenir compliqué. J’ai demandé aux joueurs de s’exprimer. » Après avoir passé une bonne partie de sa vie dans la grisaille du 08, « le Mourinho des Ardennes » est aujourd’hui dans la lumière, sans en avoir oublié ses convictions..

Olympique de Charleville > Olympique de Marseille

Natif de Charleville-Mézières, Farid Fouzari a grandi dans une fratrie de neuf enfants avec « Platini et Tigana » en poster. « Il a toujours été courageux. Il partait en stop à l’entraînement quand il avait 16-17 ans, se souvient Brahim, son petit frère de 45 ans. Je partageais ma chambre avec lui, on avait les lits superposés et je le voyais faire ses devoirs après être rentré tard de l’entraînement. » Milieu de terrain relayeur « avec une grosse VMA », l’Ardennais n’a pas quitté son département de toute sa carrière de joueur et n’a porté les maillots que du CS Sedan Ardennes, son club de cœur, et de l’Olympique de Charleville. Deux bateaux avec lesquels il a navigué entre la deuxième et la troisième divisions, mais qui l’ont, déjà à l’époque, embarqué dans de belles épopées.

Ses croisières inoubliables : un quart de finale de Gambardella dans les années 1980 face au FC Nantes de Deschamps et Desailly, et un huitième de finale de Coupe de France en 1994 avec Charleville face au RC Lens de Roger Boli et Pierre Laigle. « C’était un joueur qui ne lâchait rien, quelqu’un de rude. Sa plus grande qualité, c’était le mental. Peu importe si l’adversaire était plus fort, c’était un guerrier, se souvient Patrick Regnault, son ancien coéquipier à l’Olympique de Charleville. Il a huit ans de plus que moi, donc ça me rassurait énormément qu’il soit là. Farid, ce n’est jamais un mot plus haut que l’autre, et il est toujours encourageant. » D’abord portier du club de la capitale des Ardennes, Patrick Regnault l’a ensuite été à Sedan, où il a à nouveau côtoyé Farid, lorsque ce dernier s’est reconverti en tant qu’entraîneur-adjoint après avoir raccroché les crampons en 1998. « On a le même tempérament, c’est-à-dire que c’est tout noir ou tout blanc, et il n’y pas d’entre-deux en fait et, malheureusement, c’est quelque chose qui se perd aujourd’hui, présente le portier fan de tuning.Farid, lui, sait d’où il vient et il a des vraies valeurs. »

« Il faut être à 100% avec Farid »

Au CSSA, Fourazi goûte à deux finales de Coupe de France en 1999 et 2005 en tant qu’adjoint et s’enrichit aux côtés d’Alex Dupont et Dominique Bathenay. Le Carolomacérien retrouve son club de cœur en 2012, cette fois-ci en tant qu’entraîneur principal, et fait renaître de leurs cendres les Sangliers avec deux montées successives jusqu’en National. Malgré ça, Sedan l’éjecte après « un début de saison moyen ». « La vie continue, moi j’avance. Ce sont les aléas du monde du foot », philosophe Fouzari, qui rebondit à une vingtaine de kilomètres de là, à l’AS Prix-lès-Mézières. À nouveau, la magie de la Coupe opère avec, à la clé, le premier 16e de finale de l’histoire du club en 2017. « Farid est un rigoureux. Il fallait arriver à l’heure à l’entraînement, et tout le monde devait partir en même temps. S’il manque un ballon, personne ne s’en va tant que le ballon n’est pas retrouvé, remarque Daniel Copit, intendant de Prix. Il faut être à 100% avec Farid. Il n’hésite pas à mettre un titulaire sur la touche s’il ne fait pas les efforts. C’est un Ardennais, il aime le jeu à la sedanaise, avec des gars vaillants. Même si on est moins forts, on peut arriver à compenser. » Une rigueur et une discipline qu’il s’évertue à imprimer, avec notamment des heures de travail vidéo, même dans les limbes du football amateur et semi-professionnel. « Quand j’étais adjoint à Sedan, on travaillait beaucoup avec la vidéo et c’est resté, note l’intéressé. J’aime avoir le maximum de renseignements sur l’adversaire parce que c’est une base de travail. Je peux passer une demi-journée à regarder et analyser des matchs. »

Athlético Marseille in, Marseille out

Avant d’éliminer l’Olympique de Marseille avec Canet-en-Roussillon, Farid Fouzari a entraîné la saison dernière une autre équipe de la cité phocéenne : l’Athlético. Une saison parfaite jusqu’à l’arrivée du virus, et le passage de la FFF sur les comptes du club, qui a empêché la montée en National 2. Mais entre-temps, le Double F a eu à nouveau l’occasion de vivre un beau parcours en Coupe de France. Une élimination contre le Stade rennais en 16es de finale, après une belle victoire au tour précédent contre Rodez (2-1). « Il nous avait dit que c’était toujours une chance pour une N3 de jouer une Ligue 2 et qu’il fallait prendre du plaisir, que c’était du bonus, se remémore Pape Ibnou Bâ, meilleur buteur de l’histoire de l’Athlético Marseille avec 49 buts et aujourd’hui troisième buteur de Ligue 2 avec Niort. Quand j’étais à Marseille, ça ne se passait pas toujours bien. Comme d’autres joueurs, je voulais partir, et le club ne voulait pas. Farid m’a poussé à continuer à travailler, il a été là pour moi. Ce n’était pas une simple relation de coach à joueur, c’était comme un grand frère qui me conseillait. »

Une chose est sûre : le technicien ardennais fait l’unanimité sur son savoir-faire. « C’est un gars qui mérite d’entraîner au-dessus, sans problème. Il doit être dans le milieu professionnel parce que c’est vraiment son truc », rend compte Jerry Succari, président de l’AS Prix-lès-Mézières. Fouzari a maintenant l’US Boulogne, lanterne rouge de National, dans le viseur pour atteindre les quarts de finale avec le CRFC. « Malgré le fait qu’on ait battu l’OM, il ne faut pas se voir plus beau que la beauté », freine l’entraîneur au bouc. Surtout dans une saison où la Coupe reste le seul objectif, du fait de l’arrêt du National 2 par le gouvernement en raison de la crise sanitaire : « La Coupe de France est une bouffée d’oxygène. Perdre, c’est s’entraîner sans but jusqu’à la fin de l’année, donc c’est compliqué. Mais le foot passe après la santé. » À voir si un nouvel exploit permettrait à Canet-en-Roussillon de s’en refaire une.

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Par Alexandre Delfau

Tout propos recueillis par AD

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