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Camavinga, l’ascension par le plaisir

Par Clément Gavard
Camavinga, l’ascension par le plaisir

Eduardo Camavinga n'a pas fini de faire parler de lui. Dimanche à Lyon, le milieu de terrain rennais a signé le premier but de sa carrière chez les professionnels, offrant la victoire à son équipe dans les derniers instants de la partie. À tout juste 17 ans, l'international Espoirs français a franchi une nouvelle étape dans sa progression. En attendant la suite.

À une époque où les records de précocité sont tous avalés par Kylian Mbappé, il va probablement falloir faire un peu de place à Eduardo Camavinga. Le milieu de terrain avait déjà annoncé la couleur le 1er mai dernier, devenant contre Monaco le premier joueur né en 2002 à commencer un match dans les cinq grands championnats européens. Ce dimanche, sept mois après ses premières foulées en Ligue 1, il est passé à la vitesse supérieure. À 17 ans et 35 jours, il est devenu le plus jeune joueur à marquer avec Rennes dans l’élite depuis l’après-guerre. Et quel but ! 89e minute : Camavinga s’infiltre dans la surface lyonnaise après avoir effacé Andersen d’un crochet intérieur délicieux, puis déclenche une frappe du droit plein de sang-froid pour tromper Lopes et offrir un succès précieux à son équipe (1-0). Une étape de plus dans sa progression et la preuve que le gamin ne se fixe absolument aucune limite. Bluffant.

Le pied droit du bonheur

La grande force de Camavinga, c’est sûrement de réussir à surprendre les gens qui le connaissent depuis longtemps. Le mois dernier, trois de ses anciens éducateurs étaient catégoriques pour dire que son pied droit avait toujours été son point faible, de ses années à l’AGL Drapeau-Fougères à sa formation au Stade rennais. « C’est vraiment son petit défaut, il l’utilise très peu, nous confirmait Pierre-Antoine Rolland, son entraîneur en U14 à Rennes. Je pense qu’il peut encore le travailler un peu plus. » Autant dire que son ancien coach ne s’attendait pas à voir le gaucher faire trembler les filets pour la première fois de sa carrière professionnelle d’une frappe de son pied faible. « Quelle prise de risque ! s’enflamme-t-il quelques heures après le pion de son ancien protégé. Il est fantastique ce but. L’insouciance qu’il a pour aller fixer la défense lyonnaise… Le génie ! » Le mot est fort, mais Camavinga va devoir s’habituer aux compliments et aux superlatifs.

Ceux qui l’ont façonné suivent tous de près son éclosion avec enthousiasme. À commencer par Landry Chauvin, ancien pilier de la formation rennaise et directeur du centre de février 2015 à juin 2019, qui attendait avec impatience le premier but de Camavinga chez les grands : « Aujourd’hui encore, il faut qu’Eduardo parvienne à se projeter dans la surface. Je reste persuadé qu’il va marquer facilement sept ou huit buts par an une fois qu’il aura corrigé ça. » Le joueur naturalisé français début novembre a pris son temps, il aura fallu attendre sa vingt-huitième apparition pour le voir élargir sa panoplie. Un but attendu par tout le monde à Rennes. Pendant que les Lyonnais s’inquiétaient pour Jeff Reine-Adélaïde et Memphis Depay, les dirigeants du club breton affichaient leur soulagement et leur plaisir d’avoir pu assister à la grande première de Camavinga. « Ça faisait un petit moment qu’il tournait autour, il l’attendait. Ça va lui faire du bien » , s’est réjoui son entraîneur Julien Stéphan. Même refrain chez le président Olivier Létang : « On titille Eduardo depuis plusieurs semaines en lui demandant quand est-ce que ce premier but allait arriver. Et c’est vrai que ce soit un but du droit, à Lyon et celui de la victoire à la 89e minute, c’est toute une symbolique. » Et c’est bien ce qu’est devenu Camavinga en l’espace de quelques mois à Rennes : un symbole.

Le plaisir comme moteur

Il faut dire qu’au-delà de son but, le natif du Cabinda, en Angola, rayonne sur le terrain depuis la fin de saison dernière. Face à Lyon, il est monté en puissance après un début de match délicat, marqué par des passes ratées et du retard dans ses interventions. Au bout du compte, il est le joueur rennais à avoir touché le plus de ballons (72, à égalité avec Hamari Traoré), ce qui lui a permis de dicter le tempo des visiteurs dans l’entrejeu. Les chiffres ne traduisent d’ailleurs pas vraiment ses difficultés apparentes : 90% de passes réussies et seulement cinq duels perdus sur dix-huit. Une constante chez le milieu, même si Stéphan admettait après la rencontre que son joueur « avait affiché un peu de fatigue » ces derniers temps. Tout sauf une surprise, vu que le technicien rennais ne s’attendait pas à voir Camavinga s’imposer comme un titulaire indiscutable avant le début de l’année 2020. Aujourd’hui, le gamin a déjà changé de dimension et Olivier Létang ne s’est pas caché au moment d’évoquer l’importance du jeune joueur, qu’il considère comme « l’étendard » du centre de formation – orphelin d’un directeur depuis le départ récent d’Éric Assadourian -, l’ADN du club breton depuis de nombreuses années.

Face à Lyon, Eduardo Camavinga a couvert une grande partie du milieu de terrain et s’est distingué comme le joueur rennais à avoir touché le plus de ballons (72) – Whoscored.

Couvé par le Stade rennais – il n’est pour l’instant pas autorisé à s’arrêter devant la presse -, il a aussi la chance de connaître le staff depuis plusieurs années. Stéphan l’avait lancé en réserve à l’âge de 15 ans, alors que son adjoint Mathieu Le Scornet est celui qui l’avait repéré au tournoi de Ploumagoar cinq ans plus tôt. « Chez les jeunes, Eduardo était doublement surclassé. Et aujourd’hui, qu’il puisse bosser avec Stéphan et Le Scornet, ce sont des repères top pour un jeune comme lui, développe Chauvin. Et il y a une chose très importante chez lui : il aime le football. Je peux vous dire que j’ai passé vingt ans à Rennes et il fait partie de mon podium des jeunes joueurs les plus impressionnants aux côtés de Yoann Gourcuff et Ousmane Dembélé. » Reste à savoir si la tête suivra, car c’est souvent l’élément déterminant pour qu’une pépite ne flanche pas après les torrents de compliments. « Il joue et ça lui passe au-dessus, cette nouvelle notoriété, balaye Nicolas Martinais, l’un de ses premiers éducateurs à Fougères et désormais ami de la famille. Je reste persuadé que si demain, on lui dit de descendre jouer en CFA, il irait. Même avec ses copains en U17 ou U19, il irait. Il faut qu’il joue. Tant qu’il joue, il n’y a pas de souci. » Personne ne viendra le contredire.

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Par Clément Gavard

Tous propos recueillis par CG et SO, sauf mentions

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