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Camara, le douloureux tremplin monégasque

Par Kevin Charnay
Camara, le douloureux tremplin monégasque

Ce vendredi, le Montpelliérain Souleymane Camara retrouve son ancien club, l'AS Monaco, là où tout a commencé pour lui en Ligue 1. Et où tout n'a pas été rose.

C’est l’énorme coup dur pour Montpellier. Mardi, Casimir Ninga quitte l’entraînement en pleurs. Celui qui reste sur cinq buts lors des deux dernières rencontres de Ligue 1 contre Caen et Dijon vient de compromettre tout le reste de sa saison. En se blessant au pire des moments. Le lendemain, Montpellier confirme les dégâts dans un communiqué, c’est la rupture du ligament croisé antérieur du genou droit. Et comme d’habitude depuis de nombreuses saisons, le staff héraultais sait déjà sur qui il va devoir compter pour pallier cette absence de longue durée. Souleymane Camara, le supersub de la Ligue, va sûrement voir son temps de jeu considérablement augmenter pour tenter de remplir le vide. Un rôle de complément qu’il remplit parfaitement depuis neuf ans à Montpellier, mais qu’il a eu plus de mal à assumer à Monaco au début des années 2000. Flashback.

Hors forfait

Souleymane a seize ans lorsqu’il quitte Dakar pour rejoindre le centre de formation de l’AS Monaco. Le déracinement est violent, le changement de culture est total. À cette époque, Camara sort tout droit d’une école coranique du Sénégal et ne parle quasiment que le wolof. Arrivé en retard dans le club de la Principauté à cause d’un problème de visa, il n’y a plus de places au centre de formation. Toutes les chambres sont prises et Souley se retrouve esseulé dans un studio, en ville, mis à disposition par le club. D’abord en colocation avec un ami, il se retrouve vite tout seul dans son appartement. Il se lie rapidement d’amitié avec Jaroslav Plašil, son seul nouveau coéquipier qui fait office de voisin de palier. « Il est arrivé à Monaco depuis la Tchéquie en même temps que moi. Il ne parlait pas du tout français, et son anglais, disons que ça n’était pas trop ça. Sans trop se parler, on était toujours à deux et les gens ne comprenaient pas pourquoi. On regardait les matchs de Ligue des champions chez le concierge et c’est encore un ami » , confiait le Sénégalais dans les colonnes de Libération en 2014. Mais la présence du Tchèque n’empêche pas Camara de se sentir extrêmement seul. Il passe sa vie eu téléphone avec sa mère, sa future femme et tous les membres de sa famille restés au pays. Il pleure souvent, et est à deux doigts de rentrer. « Quand la première facture est tombée, c’était pas possible : 5 000 francs, soit 750 euros ! J’avais pris le téléphone qui était dans le studio, personne ne m’avait expliqué le système de cartes… »

Des grands frères pour tenir

Finalement, Camara finit par prendre sur lui et se résoudre à rester en France pour se « faire plaisir, certes, mais aussi pour ceux qui étaient restés au pays et qui comptaient sur moi financièrement » . Avec les jeunes, il joue le samedi à 15 heures et rentre au studio dès la fin de la rencontre. « Je n’en sortais plus jusqu’aux cours du lundi matin, même pas dix minutes. » Une vie d’ermite pas très drôle , jusqu’à ce qu’il sympathise enfin avec les Sénégalais de l’AS Monaco, Salif Diao, Moussa N’Diaye et Tony Sylva. « C’étaient mes grands frères, ils m’invitaient chez eux. Ça faisait du bien parce qu’au Sénégal, j’avais l’habitude d’avoir tout le temps du monde autour de moi, de boire le thé entre amis. En Afrique, on partage beaucoup, on fait les choses ensemble. Et là, je retrouvais ça. Ils m’ont beaucoup aidé » , racontait-il à So Foot il y a un an. Au bout de quelques mois, Camara progresse et n’a plus affaire ni à Mme Philips, la directrice du centre de formation, ni à Paul Pietri, qui encadre les jeunes, mais bel et bien à Didier Deschamps, l’entraîneur de l’équipe première. À seulement dix-huit ans, il voit DD lui donner sa chance. «  »C’est ton père », qu’on me disait dans le vestiaire en rigolant. » Les deux premières saisons professionnelles de Souleymane sont plutôt prometteuses pour un jeune joueur avec un peu plus de vingt matchs par saison, dont la moitié comme titulaire, et une Coupe du monde réussie avec le Sénégal en 2002.

Déjà remplaçant

Mais Camara est tellement docile et convaincant dans ce rôle de second couteau efficace qu’il ne parvient à s’en sortir. En 2003-2004, il est prêté au mois de janvier à Guingamp et manque la formidable épopée de Monaco en Ligue des champions. Et à son retour de prêt – même s’il a été plutôt concluant – Souleymane ne fait plus du tout partie des plans de Didier Deschamps, et son temps de jeu s’amenuise de plus en plus. Avec seulement dix matchs, dont seulement trois titularisations et un seul petit but, il voit sa saison 2004-2005 sonner comme la fin de son aventure monégasque. Le voilà qui quitte le Rocher avec l’étiquette de joueur de rotation sur le front. Une étiquette qu’il aura alors du mal à enlever. Mais tant pis, il en fera sa force.

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