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Ça, c’est le pied !

Par Tanguy Le Séviller
Ça, c’est le pied !

Enfermé dans une chaussure, chahuté par les adversaires, le pied des footballeurs est souvent mis à rude épreuve. L’occasion de prendre de ses nouvelles et de constater qu’il faut vraiment en prendre soin.

Vingt-six os, seize articulations, vingt muscles et cent sept ligaments. Autant le dire tout de suite, le pied est une machine de guerre. Qui n’est pas forcément bien protégée. Plus que pour n’importe qui, chez les footeux, le pied est un outil de travail. Les professionnels du ballon rond n’ont pourtant pas l’air d’en prendre autant soin que de leurs genoux ou leurs coupes de cheveux. « Ce que je vois, explique Baptiste Grodenic, un podologue membre de l’Association nationale des podologues du sport et qui travaille régulièrement avec les pieds du Red Star, c’est que ce sont souvent des pieds hyper traumatisés, très abîmés. » Même constat au Camp des Loges pour Cédric Dupuis, le kinésithérapeute de la CFA du Paris Saint-Germain et de l’équipe de Youth League. « Généralement, les joueurs que je regarde ont entre quinze et vingt ans et ça fait déjà dix ans qu’ils jouent au foot, ils ont forcément les pieds en mauvais état. »

Gratter les peaux mortes

Afin d’anticiper tous les bobos, le podologue Steven Julien Saint-Amand vient tous les mardi au centre d’entraînement parisien. Pour couper les ongles, gratter les peaux mortes ou même faire des semelles orthopédiques. Baptiste Grodenic, « en alternance avec Bruno » , se rend toutes les deux ou trois semaines à Saint-Ouen, pour surveiller les joueurs du Red. Mais que ce soit en Ligue 1 ou en Ligue 2, les problèmes sont identiques. « Sur le pied, il faut faire très attention aux entorses de l’avant-pied, les luxations du gros orteil, comme quand tu tapes dans le sable, précise Cédric Dupuis. Il y a également les sésamoïdites, sous l’articulation du gros pouce, qui peuvent être dues à un crampon mal placé sous la chaussure. J’ai des bouts de caoutchouc pour matelasser tout ça en dessous. On peut également penser aux aponévrosites plantaires, aux contusions, aux entorses, aux ampoules évidemment même si ça, c’est surtout en début de saison. » Il y en a pour tous les goûts.

La grand-mère et la vaseline

Pour soigner ce dernier bobo, les ampoules, le kiné a son remède de grand-mère. « Il faut couper un citron en deux et étaler sur le pied. Sinon, on peut toujours utiliser du spray, de la vaseline ou de la crème anti-frottement. » Autre problème récurrent chez les footeux, l’apparition des ongles noirs. Miam. Un phénomène que de nombreux joueurs, même amateurs, connaissent. Le noir résulte en fait d’une hémorragie inguinale. Du sang, pour faire court. « Ça arrive souvent quand les joueurs se font écraser les pieds par les crampons. C’est assez chiant comme souci. Il faut percer rapidement l’ongle. » La meilleure méthode consiste ainsi à chauffer un trombone, percer petit à petit l’ongle et le sang finira par s’échapper. Ça peut même gicler dans certains cas. Thomas Mangani, qui évolue en Ligue 1 à Angers, y a ainsi déjà eu droit cette saison. « Ça m’est arrivé une fois cette année, c’était pendant la préparation. Vu qu’on a des crampons avec du cuir assez fin, on sent de suite quand il y a un souci. Mais la nature fait bien les choses et l’ongle repousse. » La nature travaille bien, certes, mais elle met parfois du temps. Pour l’ongle noir qui redevient normal, comptez plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Pour une fracture d’un cinquième métatarse, c’est également en mois qu’il faut parler.

Chez Nike et Adidas, un nouveau modèle tous les deux ans

Un pied, ça se soigne, ça se protège, ça se bichonne. Les marques l’ont bien compris et accordent de plus en plus d’importance aux chaussures depuis maintenant plusieurs saisons. Que ce soit chez Adidas ou Nike, un nouveau modèle sort tous les deux ans. Les coloris, eux, sont repensés tous les deux mois ! D’où une prolifération de selfies de joueurs avec leur nouvelle paire, mais aussi de cartons dans les centres d’entraînement.

Nouvelles shoes 🔥🔥🔥 Impatient de les tester sur le terrain ! #Messi16 Space Dust #FirstNeverFollows

Une photo publiée par Augustin Jean Kevin (@augustin_29) le 14 Oct. 2016 à 9h03 PDT

Merci, grazie @adidas @adidasfootball nouvelles chaussures reçues ce matin 👍

Une photo publiée par Thomas Mangani (@thomasmangani) le 19 Nov. 2014 à 10h22 PST

« La nouvelle génération est très portée sur le style, assure Frédéric Yang, rédacteur en chef de Footpack, un site d’actualité sur les équipements de football. Il y a un fossé avec les anciens. Aujourd’hui, les chaussures changent, sont plus stylées. Par exemple, les modèles qui montent jusqu’à la cheville, c’est la nouvelle tendance. Pourtant, ça ne te protège pas plus, contrairement à ce qu’on pourrait penser. C’est confortable, mais ce n’est pas une grosse révolution. En fait, les marques veulent créer un prolongement naturel au pied. C’est vachement marketing. » Toujours plus flashy, plus innovant. Mais toutes les nouveautés ne sont pas bonnes à prendre. Les crampons avec lamelles sont ainsi à bannir, d’après les professionnels, car à l’origine de beaucoup de blessures, notamment sur terrain synthétique.

Les chaussures avec lamelles sont à bannir !

« Avec ça, les pieds restent bloqués, il peut y avoir des croisés plus facilement, peste Cédric Dupuis. On a un droit de regard sur leurs chaussures. On donne notre avis, mais c’est tout. Les lamelles, on essaye de les interdire à nos jeunes. » Joris Delle, aujourd’hui au NEC Nimègue aux Pays-Bas, confirme : « Je n’en porte plus depuis mes croisés ! » Son choix s’est désormais arrêté sur des Nike Tiempo. « Avec des crampons ronds » , enfonce-t-il. Il est vrai que le crampon rond remporte tous les suffrages auprès des spécialistes. « C’est ce qu’il faut, abonde le podologue Baptiste Grodenic. Je conseille les Kaiser 5 ou les Copa Mundial, surtout. » Un footballeur professionnel consomme ainsi une dizaine de paires par an, en comptant les moulées et les vissées. Et les Copa Mundial sont certes un peu ternes, mais elles protègent mieux. En Ligue 1, difficile toutefois de trouver trace de joueurs qui en portent. Jusqu’à l’an passé, Jérémy Toulalan, un vieux de la vieille, ne jurait que par ça. Mais il est passé chez l’ennemi et arbore désormais la célèbre virgule. Mais avec un modèle tout aussi simple. Comme quoi, c’est souvent dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs jus de chaussettes.

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Par Tanguy Le Séviller

Tanguy LE SEVILLER, @tang_foot, un ongle noir au pied.

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