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Burnley contre le reste du monde

Par Maxime Brigand
Burnley contre le reste du monde

Sixièmes de Premier League après 17 journées de Premier League, les Clarets confirment les promesses de la saison dernière, tout en continuant d'avancer dans l'ombre. Parfait, c'est ce qu'ils veulent.

Drôle d’impression que, certainement plus que nulle part ailleurs, le succès, à Burnley, dérange : piqués dans leur orgueil, les dirigeants du magazine Vogue ont décidé d’attaquer le 22 novembre dernier la boîte de nuit la plus populaire de l’ancienne ville référence mondiale de la production de tissu de coton. « Ces gens font leur argent, ils devraient laisser tranquille une entreprise qui essaye simplement de faire quelque chose à Burnley » , s’est alors élevé Jason McQuoid, l’un des co-gérants du Vogue, discothèque phare du coin. Trois semaines plus tard, l’histoire se répète, du côté de Turf Moor : mercredi soir, Burnley, vainqueur au mental face à Stoke (1-0) grâce à une sacoche envoyée dans les dernières minutes par Ashley Barnes, a temporairement glissé sa tête dans le top 4 du Royaume, soit le plus haut classement de l’histoire du club depuis 42 ans et une étiquette de dauphin de la vieille First Division scotchée sur le front en mars 1975.

Cravate marine à pois serrée, la chemise impeccable, Sean Dyche, boss des Clarets depuis octobre 2012, en profite alors pour glisser un énième crochet à un monde qui refuse de comprendre : « Moi, je suis fier de ce qu’on fait ici. Je suis même probablement l’homme le plus fier de Fierville. Le foot est une histoire de réalités, mais aussi de rêves. C’est difficile pour nous de remporter des matchs à ce niveau, mais Leicester a fait sauter le toit des rêves dans le foot en remportant le titre – et ne voyez pas d’audace de ma part quand je dis ça. Nous avons simplement conscience de ce que l’on peut accomplir cette saison. » Vendredi dernier, soit la veille de retrouver le club qui l’a définitivement fait décoller dans l’élite, Andre Gray, qui a quitté Burnley pour Watford l’été dernier, avait également tiré dans ce sens, estimant que « le classement ne ment pas. On ne parle pas d’une équipe qui fait un bon début de saison, mais d’une équipe qui fait une grande saison, qui est cohérente. Ces gars ont tous conscience de ce qu’ils sont capables de faire. Mais les dirigeants ne parleront jamais de tout ça avant la fin de la saison. C’est mieux pour l’équipe si les joueurs restent sous les radars. »

Monopole et rigueur

Être sous les radars, voilà ce qu’a toujours recherché Sean Dyche, sorte de fracture dans le paysage des entraîneurs anglais qui n’a jamais cherché à « vendre » ce qu’il fait à l’heure des grandes sorties philosophiques. « J’essaye simplement d’être bon dans mon domaine. Je ne suis pas là pour impressionner les gens » , pousse même le plus souvent un homme qui a toujours placé au-dessus de tout son envie de travailler avec des joueurs « bien éduqués » , héritage de ses années passées à Nottingham sous les ordres de Brian Clough. Chez les Clarets, le joueur est un ouvrier au service du projet global, un type qui épouse une identité fondée autour de la rigueur et du courage. Il existe la tentation de regarder l’excellente saison de Burnley comme une surprise, et rien d’autre.

Contre-argument : aujourd’hui, tout le monde regarde Dyche avec respect, et Everton avait même fait du bonhomme une cible prioritaire pour remplacer Ronald Koeman, éjecté le 23 octobre dernier du banc des Toffees. Mais, pourquoi partir ? Pourquoi quitter en cours de saison la barre d’un club où Sean Dyche a tout reconstruit, où son monopole est total, où son statut lui autorise désormais de se couler des pintes gratuitement en ville ? Impossible, surtout lorsque après avoir réussi à maintenir les Clarets en Premier League la saison dernière, ce qu’il n’avait pas réussi à faire au bout de la saison 2014-2015, et après avoir réussi à s’exporter (la saison dernière, Burnley avait dû attendre le 29 avril pour gratter sa première victoire à l’extérieur, ndlr). Et un peu plus que ça : une victoire à Stamford Bridge (3-2), un nul à Tottenham (1-1), à Liverpool (1-1), un autre succès à Everton (1-0), au milieu de quatre petites défaites en 17 journées. Musclé.

« Il faut construire l’avenir »

La clé est la suivante : à Burnley, Sean Dyche n’a pas construit une équipe, mais un club tout entier. Il n’y a qu’à regarder comment la promotion de l’été 2016 a été gérée, un promu se voyant désormais couvert d’or façon Jamel Debbouze au pied de Monica Bellucci. Partant, certains ont dépensé sans réfléchir (Hull City, Middlesbrough) et sont tombés ; Burnley, de son côté, a gardé l’argent pour moderniser l’ensemble. Dyche, qui devrait logiquement partir prochainement : « Il faut faire quelque chose avec l’argent, il faut construire l’avenir. Cela ne peut pas juste être aligner une équipe sur le terrain et espérer qu’elle va s’imposer. On veut s’assurer que le futur sera bon à Burnley. C’est le sens des réalités qu’on a engagé avec les dirigeants. » Cet été, l’effectif a ainsi vu partir deux de ses meilleurs éléments (Gray, Keane), et n’a investi que sur un buteur (Chris Wood, meilleur buteur de Championship avec Leeds la saison dernière) et l’expérience de Nahki Wells, constament blessé depuis son arrivée. Pour remplacer Keane, Dyche a alors misé sur James Tarkowski, placé aux côtés du toujours excellent Ben Mee, remplacé mardi soir par Kevin Long, qui a parfaitement tenu Peter Crouch. Le reste est une question d’expérience accumulée, de rigueur tactique – à noter l’importance de l’exceptionnel Jeff Hendrick – renforcée façon vieille école, là où le réalisme pêche encore par moments. Détail : ça fonctionne, encore. Sous les radars, pour le moment, et c’est très bien comme ça.

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