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Bradley Danger : « On était juste acteurs, on est devenus victimes »
Moins de cinq mois après un Bordeaux-Rodez qui avait fait couler beaucoup d’encre, les Aveyronnais s’apprêtent à retrouver le Matmut Atlantique, ce samedi (15h). Un rendez-vous que Bradley Danger, le capitaine du RAF, aborde avec un certain détachement.
Après onze journées de Ligue 2, Rodez compte déjà dix-huit points et se trouve à la sixième place du classement. Comment expliques-tu cette entame de championnat réussie ? Déjà, je pense qu’on travaille plus sereinement que l’an passé. Quand vous gagnez un match, puis deux, la confiance arrive instantanément. Il y a aussi la jeunesse du groupe. C’est un vrai plus, parce qu’on est insouciants, on joue avec de la fougue et beaucoup d’intensité. On est sur cette spirale en ce moment, la recette marche bien, donc on essaie de ne pas se relâcher.
D’accord, mais à peu de chose près, l’équipe est pourtant la même que celle qui s’était maintenue à l’arrache la saison dernière…
Pouvoir travailler dans la continuité, avec le même staff et quasiment le même groupe, c’est une force. Tout le monde sait comment l’autre joue. En plus, on se sert de ce qu’on a vécu la saison passée. Je ne parle pas que du match à Bordeaux, mais aussi de notre parcours en Coupe de France (jusqu’en quarts de finale, NDLR) et de notre grosse remontée sur la fin. Grâce à ça, on a plus d’expérience pour aborder les matchs. Quant aux nouveaux joueurs, ils se sont vite adaptés au système, à ce que voulait le coach, le club.
En fait, on a l’impression que vous surfez toujours sur la dynamique née juste après la claque reçue à Toulouse en Coupe, début mars (6-1). Partages-tu cette analyse ?
L’année dernière, il y a eu des hauts, et surtout beaucoup de bas. On était toujours derniers au soir de la 25e journée. Juste après avoir pris ce score à Toulouse, on a eu un déclic à Niort (victoire 2-3, NDLR). Il y a eu une prise de conscience, on a compris qu’on pouvait faire de belles choses ensemble. Ça nous a libérés mentalement. Donc oui, on est sur la continuité de l’année dernière.
Ce qui fait aussi la différence par rapport à la saison dernière, c’est que le RAF enchaîne les belles prestations à domicile, à l’image des victoires décrochées contre Angers (4-1) et Caen (5-3). Qu’est-ce qui a changé à Paul-Lignon ?
On sait que si on veut faire une bonne saison, ça passe surtout par des gros résultats à la maison. Les travaux du stade avancent bien (l’enceinte rénovée doit être livrée fin 2024, NDLR), les supporters sont encore plus présents grâce à notre finish en 2022-2023. La capacité est réduite, c’est vrai, mais mieux vaut avoir 3000 spectateurs dans un stade de 3000 places plutôt que dans un stade de 15 000. Ça nous pousse, on sait que les Aveyronnais aiment le combat, la hargne défensive. En plus, cette année, on a du potentiel pour marquer des buts, donc c’est très bien, même si on en prend un peu trop à mon goût.
Dans la situation actuelle, qu’est-ce que vous vous dites dans le vestiaire : que c’est cool d’avoir pratiquement fait la moitié du chemin vers le maintien ou que ce serait sympa de se mêler à la lutte pour le top 5 ?
Ni l’un, ni l’autre, pour être honnête. (Rires.) On se dit qu’il faut avancer, prendre le plus de points possible. Si on peut en prendre 60, on en prendra 60. Ce qui est sûr, c’est qu’on n’a pas envie de jouer le maintien. Donc si on peut être maintenus dès la 25e journée et s’éviter des frayeurs jusqu’au bout, ce sera avec plaisir ! Maintenant, on est un groupe jeune, donc dire qu’on vise le top 5, ce serait peut-être trop ambitieux. On est aussi conscients que ça peut vite redescendre. Bref, on verra déjà où on en est à la mi-saison.
𝟳 𝗯𝘂𝘁𝘀 𝗶𝗻𝘀𝗰𝗿𝗶𝘁𝘀 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹𝗲𝘀 𝟭𝟱 𝗱𝗲𝗿𝗻𝗶𝗲̀𝗿𝗲𝘀 𝗺𝗶𝗻𝘂𝘁𝗲𝘀 cette saison, forcément c'est un groupe qui a du caractère 💥
Tout donner : une valeur fondamentale de l'équipe 🔥
𝗘𝗻𝘀𝗲𝗺𝗯𝗹𝗲, 𝗰'𝗲𝘀𝘁 𝘁𝗼𝘂𝘁 ❤️💛 pic.twitter.com/u50grYdOqh
— Rodez Aveyron Football (@OfficielRAF) October 21, 2023
Comment le groupe aborde-t-il le match de ce samedi à Bordeaux, après les incidents survenus en juin dernier ?
J’ai l’impression qu’on l’aborde vraiment bien, et ce, d’autant plus qu’on est dans une bonne situation au classement. On sait très bien que ce sera particulier à cause de ce qu’il s’est passé la saison dernière. On ne doit surtout pas penser que c’est le match de l’année, mais le voir comme un match de Ligue 2, avec des points à prendre.
Vous serez forcément très attendus, par les joueurs adverses, mais aussi et surtout par leurs supporters. Est-ce qu’il y a de l’appréhension, de la peur par rapport à ça ?
Pourquoi avoir de l’appréhension ? Ce n’est qu’un match de foot ! Au pire, on perd et on rentre chez nous, voilà. Je parle pour moi, mais je vois les gars depuis le début de semaine et je n’ai pas l’impression qu’il y ait de l’appréhension par rapport à ce match.
Ce sera aussi un match à part pour Lucas Buades, s’il joue. Comment l’as-tu senti pendant la semaine ?
Il a l’air prêt à jouer. Il fait un bon début de saison, avec des buts et des passes dé, il est en confiance. Et puis, je rappelle que lui n’a rien fait de mal dans l’histoire. Il a envie de jouer au foot, tout simplement.
Tu étais titulaire et capitaine ce soir-là. Peux-tu nous raconter la manière dont tu as vécu tout ce qu’il s’est passé, de l’agression de ton coéquipier jusqu’à l’annonce de l’arrêt du match ?
Je m’apprête à célébrer un but avec Lucas et, d’un coup, je vois qu’il est par terre. Je remarque aussi qu’il y a un supporter sur le terrain, et je me dis : « Qu’est-ce qu’il fout là ? » Je comprends que Lucas n’est pas bien, je suis un peu choqué par ce qu’il se passe. On rentre tous aux vestiaires, et après, on ne décide de rien. On était juste acteurs, on est devenus victimes. C’est malheureux. Nous, on était juste venus pour jouer un match de foot.
Comment avez-vous vécu le tourbillon qui a suivi, avec Bordeaux d’un côté, Annecy de l’autre et des accusations de tricherie au milieu ? On imagine que ce devait être particulièrement pénible…
Pénible, c’est un petit mot. J’ai du mal à comprendre qu’on ait pu nous accuser d’avoir triché, d’avoir voulu manigancer des choses… Après, je ne suis personne pour débattre de tout ça, mais je trouve ça un peu triste que des clubs en viennent à se tirer dessus comme ça. Mais bon, c’est du passé. On a envie d’avancer, de faire une bonne saison, donc on n’y pense plus trop.
Pour revenir à l’aspect sportif, justement, il y a quand même un sacré coup à faire contre une équipe bordelaise en plein doute, non ?
Bien sûr. On sait qu’ils sont dans une spirale négative, avec des défaites et un récent changement de coach. On va essayer de continuer notre bonne série et de les laisser dans leur série négative.
Propos recueillis par Raphaël Brosse