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Borja aime la Baston et l’Atléti

Par Robin Delorme
Borja aime la Baston et l’Atléti

Quatrième artilleur espagnol de Liga, la pointe d’Eibar explose enfin au plus haut niveau. Une arrivée au premier plan qui devrait lui permettre de retrouver l’Atlético de Madrid, son club formateur autant que de cœur, qu’il aime par-dessus tout. Mais qui ne l'a pas régalé.

Loin du tumulte du Bernabéu, des paillettes du Camp Nou ou encore de la ferveur de Mestalla, Ipurua s’éclate. Après un léger lifting estival, l’antre d’Eibar enchaîne une seconde saison dans l’élite avec une quiétude déconcertante. Huitièmes de Liga avec pas moins de douze points d’avance sur la zone rouge, les Armeros flirtent même avec la zone européenne. Une douce folie qui, loin d’enfler les têtes basques, leur permet de profiter et de tenter. Borja Baston, pointe du système Mendilibar, en est le parfait exemple. Avec déjà neuf pions au compteur – soit autant que Gareth Bale ou Antoine Griezmann -, il confirme enfin toutes les attentes placées en lui lors de sa formation au Cerro del Espino. L’Atlético de Madrid, auquel il appartient toujours, pourrait même le rapatrier a casa dès l’été prochain. « L’espoir de revenir à l’Atléti, il ne l’a jamais perdu, confirme son père, ancien portier de la réserve rojiblanca. Quand tu lui parles de l’équipe, il a les yeux qui brillent. » En attendant, Borja Baston s’apprête à titiller quelques nouvelles lucarnes de Liga, à l’instar de celle du Betis qu’il vient tout juste de martyriser.

Borja et son record de 50 pions

Colchonero, Borja Baston l’est depuis qu’il est né : « Les sentiments que me procure cette équipe, je les ai depuis le berceau » , confie-t-il même dans les colonnes d’El Mundo. Pour sûr, son paternel, ancien portier de la réserve du Vicente-Calderón, lui achète sa première licence dès son quatrième anniversaire. Rien d’étonnant, donc, à le voir enfiler les gants dès ses débuts. « Même s’il avait de bonnes prédispositions, il était instable dans les cages, car il était inquiet, rembobine ledit Miguel Gonzalez Baston. Je lui avais de toute façon expliqué qu’à ce poste, il allait beaucoup souffrir. » Son attrait pour le but s’inverse donc rapidement. De numéro un, il passe à celui de numéro neuf pour le plus grand bonheur de ses entraîneurs successifs. Machine à planter, il gagne même le surnom gênant de nouveau Niño, son héros de jeunesse et sa référence footballistique. Une comparaison justifiée par ses pas moins de 50 buts lors de sa saison de Cadet B, un total qui fait toujours office de record au sein de la cantera rojiblanca. Dans une génération où se trouvent également Koke, Cedric ou encore Pedro Obiang, il fait face à la concurrence d’un certain Álvaro Morata.

« Lors de cette saison, Morata est passé du plus petit à l’un des plus grands de l’effectif, comme Borja, se rappelle Armando de la Morena, alors formateur des Cadets B. Cette croissance a conduit Álvaro à passer de nombreux mois à l’infirmerie. Pendant ce temps, Borja inscrivait, lui, sa cinquantaine de buts. À l’été, nous avions donc décidé de faire sauter une catégorie à Alvaro, et deux à Borja. Ça n’a pas plu du tout à Alvaro, qui est alors parti pour Getafe. » Le départ de Morata vers le petit voisin du Sud de la capitale permet à Borja de réduire drastiquement la concurrence. Et de s’offrir quelques moments de gloire. Le señor de la Morena, toujours : « Lors du dernier match de la saison, nous jouions le titre à distance face au Real Madrid. Au coup d’envoi, nous étions au courant que le Real avait déjà gagné son match. À la 5e, on encaisse un but. Borja a alors pris le ballon et dit à ses coéquipiers : « Tranquille les mecs, nous allons remonter ça rapidement. » En dix minutes, il avait mis deux buts. » Cette réussite se traduit par des convocations à la pelle avec les sélections espagnoles de jeunes. En 2009, pour le Mondial U-17, il termine ainsi pichichi de la compétition.

« Parfois, tu dois aller voir ailleurs avant de triompher chez toi »

Étendard de la formation des Colchoneros, Borja Baston devient un membre à part entière de l’équipe première en 2010, à seulement 17 ans. Suite au sacre en Ligue Europa, et avant la finale de Coupe, Quique Sánchez Flores décide de lui offrir du temps de jeu pour la réception de Getafe. Une rupture des ligaments croisés plus tard, le rêve tourne au cauchemar. « C’est un Rojiblanco de toute la vie. Enfant, il allait à tous les matchs au Calderón. C’était un moment important dans sa vie, et cette blessure l’a marqué » , confirme, entre deux tressaillements, son paternel. Après six mois d’absence, il intègre la réserve avant de filer en prêt en Segunda. De Murcie à La Corogne en passant par Huesca, il atterrit finalement à Saragosse la saison passée. Un exercice de la confirmation, qu’il termine avec 23 pions, et qui lui ouvre les portes de la Liga. Aujourd’hui à Eibar, il régale les observateurs de par sa qualité physique, mais aussi technique. Le mental, lui, est toujours tourné vers un retour à l’Atlético qui, journée après journée, devient moins hypothétique. « Parfois, tu dois aller voir ailleurs avant de triompher chez toi » , philosophe son premier supporter de père. Non, pour certains, l’herbe ne sera jamais plus verte ailleurs.

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